Soutien et écoute, le leitmotiv des laboratoires

Réservé aux abonnés
Publié le 4 juillet 2020
Par Yves Rivoal
Mettre en favori

Pendant le confinement, les laboratoires pharmaceutiques et dermocosmétiques ont multiplié les initiatives visant à soulager le quotidien des médecins, infirmières, pharmaciens et autres vétérinaires en première ligne face à la pandémie.

C’est ce qu’on appelle joindre le geste à la parole. Au plus fort de la crise sanitaire du covid-19, msd santé animale a permis à ses médecins et vétérinaires salariés, mais aussi à ses personnels non soignants, de rejoindre la réserve sanitaire et/ou civique à raison de trois jours par semaine. « Au total, une cinquantaine de nos collaborateurs en france se sont portés volontaires pour renforcer les équipes des hôpitaux et des ehpad », confie david lussot, directeur engagement client et développement de msd santé animale. Une cinquantaine d’entreprises de l’industrie cosmétique n’ont, elles, pas hésité à se lancer dans la production de gels hydroalcooliques, afin de pallier la pénurie.

Production de gel : la cosmétique bouscule ses lignes

Pierre Fabre a ainsi reconverti une ligne de production de shampooing dans son usine de Soual, dans le Tarn, pour fabriquer 1,5 million de flacons, entre avril et juin 2020, dont une partie importante a été donnée aux hôpitaux, aux Ehpad et centres Covid-19, le reste étant destiné aux usages internes dans les pharmacies et à la vente.

« Cette reconversion a été un véritable tour de force, car nous ne produisions pas ce type de solution, assure Marc Alias, le directeur de la communication du groupe. En l’espace de deux semaines, nous avons dû transformer une ligne de production, sécuriser l’approvisionnement en matières premières dans un contexte qui était alors très compliqué, et reconvertir les packagings habituellement utilisés pour nos shampoings. » Chez Naos France, qui détient les marques Bioderma, Institut Esthederm et Etat Pur, les lignes de production de l’usine d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) ont été modifiées (130 000 solutions hydroalcooliques ont été distribuées dans les établissements hospitaliers), dans le respect de la philosophie du groupe axée sur l’écobiologie (ou l’art de préserver l’écosystème de la peau en renforçant ses mécanismes naturels, NdlR). « Il n’était pas question de vendre un produit qui détruise la barrière cutanée et qui altère la peau en cas d’usage intensif, comme cela a été le cas pour les personnels soignants pendant la pandémie », affirme le directeur général, Philippe Perruchet.

En solidarité aux soignants, les dons affluent

Pour soulager les lésions cutanées des médecins et des infirmières, Naos France a associé 250 000 crèmes mains réparatrices Atoderm à la distribution des solutions hydroalcooliques. « Nous avons donné gratuitement des kits incluant des gels lavants et des crèmes hydratantes à 65 000 médecins généralistes et dermatologues, sous couvert de la fondation Human Care Jean-Noël Thorel », ajoute Philippe Perruchet. En partenariat avec Birchbox, une société qui envoie chaque mois à ses 4 millions d’abonnées une box avec cinq miniatures beauté à tester, Naos France a également proposé à 10 000 infirmières libérales 20 000 kits, incluant cette fois des solutions lavantes, hydratantes et réparatrices. Quant à Topicrem, la marque dermatologique des laboratoires Mayoly Spindler, elle a offert 15 000 flacons de gel nettoyant à la Croix-Rouge, qui ont ensuite été distribués dans les centres hospitaliers et de gériatrie. « Nous avons également donné à 40 hôpitaux de la région parisienne du lait hydratant corps et mains, afin de soulager les œdèmes de la peau causés par le port des gants et des masques et l’usage du gel hydroalcoolique », ajoute Philippe Charrier, directeur général. Toujours pour soutenir les personnels soignants, mayoly spindler a joué la carte de la proximité avec son siège et ses usines basés à Chatou (Yvelines) et Dammarie-lès-Lys (Seine-et-Marne), en délivrant gratuitement des dizaines de milliers de masques chirurgicaux et FFP2, ainsi que des blouses aux centres hospitaliers de Melun (Seine-et-Marne), à la maison d’accueil spécialisée de longueville (Seine-et-Marne) et à la caserne de pompiers de Chatou. Depuis le début de la crise sanitaire, les pharmaciens, aussi, sont sur le pont. Pour les protéger de la propagation du virus, biogaran a donné aux équipes officinales plus de 191 000 flacons de gel hydroalcoolique, les usines de l’Oréal Cosmétique Active et La Roche-Posay plus de 60 000, auxquels sont venus s’ajouter 120 000 flacons sans étiquettes pour se lancer dans la fabrication et la vente de solutés. Naos france a, lui, apporté son soutien aux pharmacies en leur transmettant un pack de communication et d’éducation aux gestes barrières et au port du masque. 40 000 visières et 40 000 kits de PLV au sol ont également été livrés à 8 000 pharmacies. « Enfin, en partenariat avec la société Digitecpharma, nous avons proposé gratuitement un abonnement de trois mois à un service de scan d’ordonnances », ajoute Philippe Perruchet.

La santé animale en renfort

Les laboratoires de médicaments vétérinaires se sont, eux aussi, montrés solidaires pendant la pandémie. « Nous avons offert notre stock de combinaisons de protection jetables, que nous utilisons habituellement pour la biosécurité en élevage, à des centres de détection Covid-19, des hôpitaux et des Ehpad », précise Vanessa Dablin, la directrice des affaires réglementaires et publiques de Zoetis, le leader mondial de la santé animale. Chez Elanco, c’est toute l’entreprise qui s’est mobilisée. « Spontanément, les 90 employés d’Elanco France ont mis à disposition des hôpitaux et des Ehpad 2 500 masques, souligne Juan Pascual, le P-dg. Dans notre usine de production située près de la frontière suisse, les collaborateurs se sont carrément lancés dans la fabrication de masques, qui ont été distribués dans les établissements hospitaliers et les maisons de retraite. » De manière plus officielle, l’usine a fait don de 250 masques, 1 000 surblouses, 500 surchaussures, 2 000 paires de gants et 50 paires de lunettes de protection.

Publicité

Penser “le monde d’après”

Pour Philippe Perruchet, « il y aura un avant et un après Covid. Cette crise va nous obliger à nous réinventer, car tout ce que nous avions prévu s’est arrêté brusquement. Nous allons devoir imaginer une nouvelle vision stratégique basée sur l’intelligence du cœur et sur l’humain, plutôt que sur une notion de profit pur, comme cela pouvait être le cas dans beaucoup d’entreprises. Nous allons donc devoir emprunter de nouveaux chemins. Est-ce qu’ils seront les bons ? Je l’espère vivement… » Philippe Charrier est sur la même longueur d’ondes. « Cette crise sanitaire va probablement créer des tas d’opportunités pour nos affaires et nous impose de tout faire, à notre échelle, pour accélérer la reprise économique. Elle va aussi renforcer les valeurs qui constituent l’ADN de notre groupe, la bienveillance, le pragmatisme et la responsabilité. Sur ce dernier point, cette pandémie devrait d’ailleurs nous inciter à internaliser encore un peu plus la production de nos médicaments en France. » Marc Alias, le directeur de la communication de Pierre Fabre est, lui, persuadé que cette crise va accélérer la digitalisation des process. « Les professionnels de santé ont exprimé pendant cette pandémie de fortes attentes en matière d’écoute et de soutien, que nous devrons entendre en imaginant un modèle de relationnel équilibré entre présentiel et digital. » Signe des temps, pendant le confinement, Pierre Fabre a poursuivi le lancement européen d’un nouveau produit en oncologie exclusivement à travers la visite médicale à distance.

La relocalisation en toile de fond

La solidarité affichée par les acteurs de l’industrie du médicament pendant cette crise sanitaire semble aussi s’appliquer aux projets du gouvernement de relocaliser la production des médicaments essentiels en France. Sans attendre la publication du plan d’actions du Comité stratégique de filière (CSF) qui recensera les projets industriels susceptibles d’être relocalisés sur le sol français, Olivier Véran et Agnès Pannier-Runacher, le ministre des Solidarités et de la Santé et la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Economie et des Finances, ont annoncé que Seqens, Upsa et Sanofi allaient collaborer pour que, d’ici trois ans, la France soit en mesure de contrôler sur son territoire, l’ensemble de la chaîne de production du paracétamol.

A tous les soignants, merci !

En écho aux applaudissements de 20 heures pour soutenir le personnel soignant, EG Labo dit “merci” aux pharmaciens et à leurs équipes pour s’être mobilisés pendant le confi nement, dans sa dernière campagne de presse. « Cette opération est une marque de soutien à un engagement qui ne nous semble pas reconnu à sa juste valeur, explique Florence Masson, la responsable marketing de ce laboratoire de médicaments génériques. Il s’agit aussi de les inviter à continuer le combat, car les patients ont plus que jamais besoin d’eux. » Une vidéo a également été diffusée sur les réseaux sociaux.

750 000 $ (665 572,50 €)

c’est le montant du don effectué par la fondation Elanco auprès de la fédération européenne des banques alimentaires et de diverses ONG aux Etats-Unis, pour faire face à l’insécurité alimentaire.

Le boom de la télémédecine

Pendant le confinement, la télémédecine a littéralement explosé. L’Assurance maladie a enregistré 650 000 téléconsultations en mars 2020, contre 40 000 le mois précédent. Si bien que la télémédecine étend petit-à-petit son champ d’action à la santé animale, qui vient tout juste d’être autorisée. MSD Santé Animale a signé un partenariat avec Linkyvet, pour que les vétérinaires puissent tester gratuitement cette plateforme de téléconsultations, pendant deux mois. Au total, plus de 100 cliniques participent à ce test.