Panne sèche
Face à la torride concurrence de la grande distribution, la pharmacie se donne des atouts pour rester en piste, voire gagner des parts de marché. Ils passent par la haute sécurité, les prix et, chez certains, par une érotisation ludique.
En 2008, le marché de la contraception (préservatifs, spermicides, dispositifs intra-utérins) a régressé de 1,3 point en volume (32,2 millions d’unités), selon IMS Health, et de 6,2 points en valeur pour un CA de 22 millions d’euros. Les préservatifs représentent 86,3 % des ventes en volume et 99,3 % en valeur. Quant aux spermicides, ils ne représentent que 0,6 % de parts du marché de la contraception en volume (en régression de 7,8 points) et 8,4 % en valeur (en régression de 7,4 points pour un CA de 1,8 MEuro(s)). Le segment des DIU hors ordonnance régresse de 47,7 points en volume (42 000 unités vendues) et de 46,9 % en valeur (1,17 MEuro(s) de CA).
Le marché des préservatifs seuls, tel qu’IMS Health les comptabilise, pèse 19 MEuro(s) (en régression de 1,6 point) et 31,2 millions d’unités vendues en 2008 (en léger recul de 1,2 %). Chez Manix (laboratoires Ansell), on explique ces résultats par l’éternelle concurrence des grandes surfaces mais aussi par la nécessité de travailler avec une meilleure connaissance de l’environnement social. Les bas prix, selon Jean-Marc Bloch, responsable marketing, sont une solution qui s’est souvent révélée toute provisoire. « Seule l’innovation nous permet de nous développer. Si 70 % du marché reste assuré par les préservatifs classiques, les 30 % restants sont des produits stimulants. »
Tout pour le plaisir
A l’image des sex toys, l’idée est de débarrasser le préservatif, qui reste avant tout protecteur, de son aspect contraignant pour le faire évoluer vers un objet de plaisir. Chez Manix, les lancements de Happy Hour aux goûts grenadine, milk-shake ou chocolat frappé et l’arrivée prochaine de gels de massage témoignent de cette tendance. Autre nouveauté ciblée pharmacie : Manix Suprême, sans latex. Pour ce fabricant, qui avait déjà proposé il y a deux ans un anneau vibrant Pleasure Vibes, le développement des produits « plaisir » reste un axe prioritaire.
La démarche de Durex est analogue. La marque a déjà consacré toute une gamme à l’aspect plaisir. Les derniers-nés en 2008 sont, dans la ligne Sensations, des préservatifs parfumés et colorés, d’autres à effet frissons ou encore de taille XS. Ici aussi l’anneau vibrant Pleasuremax Vibrations ou les références à microperles ou à surface texturée témoignent de la volonté de donner au préservatif classique une plus grande attractivité. Message bien reçu puisque ce segment, autour de la gamme Sensations, poursuit sa progression. La Durex MagiBox est l’une des dernières nouveautés 2009 de la marque. Première boîte distributrice, elle contient 18 préservatifs « à sensations ».
Chez Radiatex, troisième acteur du marché en valeur, la gamme Protex est devenue plus ludique : les classiques côtoient les colorées, de forme anatomique ou à surface texturée.
Sur le podium des meilleures ventes, on retrouve des références classiques : Manix Super suivi de Durex Jeans Easy-On.
Polidis repart en campagne
Chez Polidis (3,1 millions d’unités vendues), implanté uniquement en officine contrairement à Durex (12,3 millions) et à Manix (11,2 millions), on constate plutôt une baisse du marché. Pour dynamiser les ventes, le laboratoire (en association avec Eurodep, le réseau d’affichage Insert, Croix verte et Ruban rouge, le groupement PHR et TF1 et Christophe Dechavanne) a relancé la campagne « Sortez couverts » depuis le 20 juin. Des boîtes de 12 préservatifs à 2Euro(s) sont proposées (10 centimes sont reversés à l’association Croix verte et Ruban rouge qui offrira des distributeurs de préservatifs aux cent premiers collèges qui en feront la demande).
Petite anecdote : le groupement PHR, partenaire de la campagne 2009, avait joué il y a quelques années la carte de l’humour en plagiant sur ses packagings les slogans des paquets de cigarettes : « Arrêter de faire l’amour réduit le bonheur » ou « Vous êtes à un paquet par jour, bravo ! ».
Quoi qu’il en soit, Patrick Pisa, directeur commercial de Polidis, estime que les politiques multicircuits affaiblissent le marché officinal, qu’il faut relancer.
– 6,4 %
En 2008, les ventes officinales de produits de contraception* ont représenté un chiffre d’affaires de 22 millions d’euros (- 6,4 % par rapport à 2007), correspondant à 32,2 millions d’unités écoulées (- 1,3 %).
* Comprenant les préservatifs (hors gros conditionnements, soit plus de 100), spermicides et DIU.
LES MEILLEURES VENTES
Préservatifs*
1 Manix Super (4)
2 Durex Jeans Easy-On (12)
3 Durex Jeans Easy-On (3)
* Les préservatifs sont comptabilisés en unités et non en nombre de boîtes
Spermicides
1 Pharmatex unidoses (6)
2 Pharmatex tampons (6)
3 Pharmatex ovules (6)
DIU
1 Gynelle 375
2 Multiload 375
3 Multiload 375 SL
La concurrence
De quoi être jaloux
Si la GMS est le concurrent le plus redoutable, les parapharmacies peuvent s’enorgueillir de bons scores en 2008 comparativement à la pharmacie, même si, en valeur absolue, leurs parts de marché restent modestes : + 2,7 % en valeur (533 000 euros de CA) et + 1,1 % (755 000 unités vendues).
- Pharma espagnole : 9 milliards d’investissements et une réforme en vue
- Réforme de la facture électronique, mode d’emploi
- Mon espace santé : un guide pour maîtriser l’accès et la consultation
- Fraude à la e-CPS : l’alerte discrète mais ferme de l’Agence du numérique en santé
- Pharmacie de Trémuson : une officine bretonne pionnière en RSE et qualité
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis
