MarchÉ : Les produits diététiques tournent à plein régime
17 millions d’adultes en France sont obèses ou en surpoids. Un formidable potentiel dont ne savent pas toujours tirer profit les officines. Paroles de distributeurs.
A l’instar des Etats-Unis, la France doit faire face au problème de l’obésité devenu un enjeu de santé publique. 70 % des Français déclaraient ainsi en 2001 « se préoccuper de leur poids » et entreprendre quelque chose en ce sens (1). Autant dire que le marché de la minceur, tous circuits confondus, à de l’avenir. Et contrairement aux idées reçues, l’officine s’y défend bien. Même si la GMS représente 63 % des ventes et les parapharmacies 15 % du marché, c’est en pharmacie qu’il fait preuve du plus fort dynamisme selon les chiffres de 2001 (1).
Avec 22 % des ventes de produits minceur en 2001, l’officine enregistre un boom de + 46 % de son chiffre d’affaires, soit 22 millions d’euros. L’année 2002 s’annonce également plutôt porteuse puisque, selon les chiffres du panel ACNielsen arrêtés à juillet, le marché des aliments minceur à l’officine pèserait près de 28 millions d’euros. Un dynamisme pourtant irrégulièrement réparti entre les différents types de produits. « Le marché stabilise sa croissance à court terme autour de + 12 % en valeur et ce sont les compléments de régime (barres, biscuits, etc.) qui se montrent les plus dynamiques : avec une croissance de 27 %, ils représentent 23 % du chiffre d’affaires, note Carmelita Rodriguez, chef de produits Nesvital, alors que les poudres, qui représentent deux tiers du chiffre d’affaires des produits minceur en officine, connaissent un ralentissement de 9 %. Enfin, les substituts de repas sont en net recul (- 14 %) et représentent seulement 11 % du chiffre d’affaires total. »
Un marché peu lisible. La progression de ce marché à fort potentiel s’explique par l’évolution des acteurs en présence, comme l’explique Jean-Philippe Jacob, chef de produit de l’un des poids lourds du marché, Milical : « C’est un marché difficile à appréhender au niveau national car il existe depuis quatre, cinq ans une multitude de laboratoires ou de distributeurs locaux. Aucun panel ne peut donc être réellement représentatif. On estime toutefois que quelques grandes marques font 80 % du chiffre d’affaires et une dizaine d’autres se partagent les 20 % restants. » Si les substituts de repas n’ont plus la cote, le retrait de Slim-Fast en 1996 n’y est sans doute pas étranger, les diètes hyperprotéinées tiennent le haut du pavé et l’appellation devient réellement vendeuse. « Du coup, bon nombre de marques entretiennent une communication confuse et surfent sur la vague de la diète protéinée alors que ce sont en fait des substituts de repas enrichis », regrette Thierry Arquet, P-DG de Protidiet, société spécialisée dans les produits de diète protéinée.
Le manque de lisibilité du marché vaut aussi pour le client qui a bien du mal à s’y retrouver. « Le marché de la minceur nécessite des conseils éclairés et c’est au pharmacien d’expliquer les différences entre les substituts de repas – régis par la directive européenne de 1996 et un arrêté de 1998 -, qui remplacent dans le cadre d’un régime hypocalorique un ou plusieurs repas, et contiennent jusqu’à 55 % de glucides, 15 à 18 % de lipides et 25 % de protides, et les encas qui sont hypocaloriques, hypolipidiques et hyperprotéinées », explique Réginald Allouch, P-DG de Kot, qui se refuse à parler de diète protéinée, qui, elle, doit s’effectuer sous contrôle médical. Une définition légèrement remise en cause par Jean-Philippe Jacob, qui estime qu’« il existe trois sortes de produits : les substituts de repas, les seuls qui remplacent entièrement un repas, qui représentent 200 à 250 kilocalories par sachet, les hyperprotéinés, utilisés dans le cadre d’une diète protéinée instaurée impérativement par un médecin et qui comptent entre 150 et 170 kilocalories par unité, et enfin les encas qui, pour 75 kilocalories, sont très riches en protéines et ne contiennent quasiment pas de vitamines ou de minéraux. »
Manger « gastro-médical ». Le choix des fournisseurs, la formation et une communication claire vis-à-vis de la clientèle s’avèrent donc indispensables pour faire décoller ce marché prometteur. « C’est un marché potentiellement rémunérateur pour le pharmacien et sur lequel il peut fidéliser sa clientèle. Quand un patient obtient des résultats en achetant une ou deux boîtes par semaine, à un prix public de 14 euros et une marge entre 7 et 8 euros pour l’officine, le marché est rémunérateur », conclut le P-DG de Kot. D’autant que l’ensemble des marques se montrent plutôt dynamiques quant à la sortie de nouveaux produits ou saveurs pour satisfaire la demande des consommateurs.
Nesvital a lancé en 2002 diverses nouvelles recettes dans l’ensemble de ces gammes et Milical annonce des nouveautés dans la gamme pour 2003. Quant à Protidiet, la marque propose des sachets de préparation originale riche en protéines comme « chile con carne » « spaghettis bolonaises » ou « hachis parmentier ». Chez Kot, PME de 30 personnes, trois chercheurs travaillent à temps plein sur la création de nouveaux produits. Dernière trouvaille de la marque … des surgelés !
(1) Source : Nesvital. Panel Distributeurs juin 2001.
Un rayon « surgelés » à l’officine
A la pharmacie des Trois Cailloux à Amiens, on croit dur comme fer au développement du marché diététique. « La demande va croissant, notamment dans l’hyperprotéiné, explique Jérôme Vrel. Nous avons développé ce rayon depuis cinq ans, il représente 2 % du chiffre d’affaires total. Quand les premiers surgelés Kot sont apparus, nous n’avons pas hésité. L’investissement se résume à l’achat d’un congélateur et c’est une façon originale de montrer que nous sommes spécialisés. Il y a cinq ans, les clients demandaient les produits à forte notoriété, aujourd’hui ils cherchent plutôt des conseils. »
A retenir
70 % des Français sont soucieux de leur poids.
+ 46 % : progression du CA officinal pour 2001.
28 MEuro(s) : valeur du marché en officine pour 2002.
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