Les ressources des génériques sont loin d’être épuisées

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Publié le 24 septembre 2019 | modifié le 9 septembre 2025
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Si après 20 ans de substitution le générique est rentré précocement dans l’âge de raison, il ne demande qu’à en sortir tout aussi vite. Son potentiel de développement permet au marché de rester un atout pour les officines. D’autant que les biosimilaires pourraient bien, à leur tour, donner de la vigueur à l’économie de l’officine.

L’économie du générique est à la fois un motif d’espoir et d’inquiétude. Un motif d’espoir car tous les gisements de ce marché sont encore loin d’avoir été exploités. Sur le segment historique des molécules « chimiques », Pascal Brière, président de Biogaran et vice-président des affaires économiques du Gemme (l’association des génériqueurs), s’inscrit en faux contre la présumée fin de cycle des génériques, celle d’une époque marquée par l’empreinte des blockbusters tombant dans le domaine public. «   Le marché ne manque pas de dynamisme, il y a encore chaque année 300 à 400   M€ de princeps qui entrent au Répertoire des génériques. Ajoutons à cela l’élargissement du Répertoire aux médicaments dits «   hybrides   », les marges de progression et d’économies liées à l’incitation des médecins à prescrire davantage dans le Répertoire. Si toutes ces conditions sont réunies, le marché pourrait croître de 10   % par an au lieu de 1   % actuellement   », maintient-il. Car, c’est un fait, le marché a basculé prématurément en récession. «   Il a progressé de 1   % en valeur et de 1,6   % en volume en 2018, une croissance portée exclusivement par les 80 nouveautés entrées au Répertoire l’an dernier , signale Jean Loaec, directeur de la stratégie chez Mylan. A périmètre constant (Répertoire figé au 31   décembre 2017), le marché baisse respectivement de – 0,7   % en volume et de – 3,5   % en valeur.   »

Pour permettre à la France de rattraper son retard par rapport à ses voisins européens, la solution n’est pas dans les baisses de prix qui époumonent les génériqueurs mais dans l’augmentation des volumes. Selon lui, l’élargissement du Répertoire des génériques est compliqué. «   Nous sommes le seul pays au monde à avoir un Répertoire, pourquoi ne pas aller, à l’instar des pays où le générique s’est développé, vers une liste administrative de médicaments substituables ?   », suggère-t-il.

Le Gemme avance d’autres propositions comme majorer de 1 € à 1,50 € la consultation des médecins impliqués ou créer un honoraire spécifique sur l’objectif de prescription pour les médecins et de substitution pour les pharmaciens concernant les spécialités complexes. «   Car les futures échéances de brevet concernent des spécialités extrêmement complexes, à prix élevé et à petit volume, beaucoup plus difficiles à substituer   », ajoute Pascal Brière. Enfin, côté patients, le Gemme propose d’instaurer une franchise plus faible pour les médicaments inscrits au Répertoire et pour les génériques.

S’affranchir économiquement du générique

Cette « récession » peut légitimement inquiéter les pharmaciens. Car si le marché ne se relance pas, le choc risque d’être rude, la rémunération sur le générique restant prépondérante dans les ressources de l’officine.

Toutefois, les pharmaciens ne peuvent pas dépendre éternellement d’un seul segment du marché. Ils sont donc confrontés à faire évoluer leur modèle économique, en phase avec les évolutions de leur métier, établies sur les services et les nouvelles missions.

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L’avenir, tout le monde le dit, c’est le biosimilaire. Un levier de croissance qui nécessite toutefois des évolutions réglementaires. Lesquelles ne sont pas au rendez-vous pour l’instant. Mais sur le plan économique, l’histoire ne se répétera pas. «   L’Etat considère que les contrats génériques ont été très favorables aux pharmaciens d’officine , met en garde le professeur Claude Le Pen, économiste de la santé. Aussi, il ne reproduira pas sur les médicaments biosimilaires les mêmes conditions de rémunération.   »