Le plein de globules

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Publié le 29 juin 2002
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Alors que le marché de la médication familiale continue à s’étioler, le secteur de l’homéopathie affiche, au contraire, une belle mine. Quatre sous-marchés sont particulièrement dynamiques : les « produits sédatifs et modificateurs de l’humeur », la dermatologie, les voies digestives et les antinauséeux.

Globalement, le segment des produits conseil et grand public homéopathiques progresse en volume de 2,4 %, le nombre de boîtes vendues passant de 18,73 millions en 2000 à 19,18 millions en 2001.

En comparaison, le CA a progressé presque deux fois moins vite en 2001 (+ 1,3 %), se rapprochant doucement des 100 MEuro(s) (96,5 millions en 2000, 97,8 millions en 2001).

Les cinq premières classes thérapeutiques s’adjugent à elles seules 81,3 % de parts de marché (PDM) en volume et 84,4 % en valeur. La famille la plus importante, les voies respiratoires (36,5 % de PDM en volume, 41,7 % en valeur), est cependant à l’image du marché de la médication familiale : les ventes ont chuté l’an passé de 3,8 % en volume et de 6,7 % en valeur, en raison d’une faible pathologie hivernale. Dans le peloton de tête, ce n’est pas la seule à connaître cette situation : les « toniques et autres stimulants » (4,3 % de PDM en volume, 4,8 % en valeur) ont vu leurs ventes chuter de 4 % et leur CA de 1,7 %.

En revanche, la croissance est au rendez-vous pour la deuxième famille de ce marché, les « produits sédatifs et modificateurs de l’humeur » (19,1 % de PDM en volume et 18,6 % en valeur), en progression de 11,4 % en unités et de 13,4 % en CA. Ce résultat traduit clairement une évolution des comportements des Français en faveur de produits d’automédication sans effet secondaire. Au palmarès des bons résultats, citons également les produits de dermatologie (16,8 % de PDM en volume, 14,3 % en valeur) et les antinauséeux (4,6 % de PDM en volume, 5 % en valeur) qui, avec des progressions respectives de 4,2 % et 9,3 % en volume, confortent en 2001 leur troisième et quatrième places du marché.

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Sur le segment des produits homéopathiques sans AMM, l’indicateur des volumes est également bien orienté (+ 4,9 %). Cependant les bons résultats ne suivent pas en valeur (- 11,9 %) car au sein de ce marché de 1,08 MEuro(s) en 2001, les évolutions de chacune de ses composantes sont très chaotiques par rapport à 2000. Ce paradoxe des chiffres est facile à comprendre. Les marchés qui pèsent relativement peu en CA mais qui représentent des volumes importants ont progressé en 2001. Exemples : les produits soulageant les douleurs (avec une croissance de 75 % des unités vendues, cette famille réalise la moitié des volumes mais détient seulement un peu plus d’un tiers de parts de marché en valeur), les antinauséeux (+ 134 % en unités) et les produits de dermatologie (+ 105 %). A l’inverse, des produits plus chers comme les préparations antiobésité, deuxième marché en valeur (30,8 % en 2001) mais seulement troisième en volume (12,3 %), ont chuté lourdement de 44,6 % à 334 milliers d’euros l’an passé, tirant du même coup vers le bas CA global du marché.

UNE ANNÉE RICHE EN LANCEMENTS

Côté laboratoires, c’est la satisfaction. Pour répondre à la demande des pharmaciens, Lehning a lancé au début de l’année 2002 onze présentations « comprimé » de ses complexes – une forme ambulatoire jugée plus pratique à conseiller – dans des indications fortes en automédication (la fatigue, les gastralgies, la perte de poids…), promues à la fois auprès des médecins et des pharmaciens.

Chez Arkopharma, même si l’homéopathie ne pèse que 3 % du CA, le laboratoire met un point d’honneur à revêtir chaque représentant de sa gamme conseil d’une AMM, au rythme de trois produits par an en moyenne. Noctium a obtenu la sienne courant 2001. Autre chantier s’inscrivant dans la durée, le « reloage » des 45 formules de l’Abbé Chaupitre.

Dolisos joue pleinement son rôle de challenger. Le numéro deux de l’homéopathie en France (environ 30 % de parts de marché) n’était pas présent sur le terrain des médicaments grand public. C’est chose faite depuis l’année dernière avec le lancement en trois phases d’une nouvelle gamme avec AMM composée de neuf références. Jean Couvreux, directeur marketing, signale que « Dolisos est le premier laboratoire homéopathique à avoir déposé un dossier et obtenu une AMM répondant aux nouvelles exigences de la réglementation » – alors que, pour partie, les spécialités de ses concurrents, ne jouissant que d’un ancien visa, vont devoir subir l’examen de passage de la validation.

Chez Boiron, les bons résultats de 2001 s’inscrivent dans la tendance de fond observée depuis plusieurs années sur ce marché, notamment avec une clientèle de plus en plus masculine. Pour ce laboratoire, l’année 2001 aura été marquée par le lancement réussi de Rhinallergy (plus de 350 000 unités vendues sur douze mois), un médicament spécifique des rhinites allergiques sans effet de somnolence. Parallèlement, le développement de nouvelles AMM s’est poursuivi en 2001 au sein de la gamme de médication familiale, avec Arnigel, Quiétude, Homéoaftyl, Homéoptic… « Rhinallergy a répondu à une attente non satisfaite des consommateurs qui ont pris conscience, notamment au travers de l’épisode de la phénylpropanolamine avec les anti-rhumes, qu’un médicament n’est pas un produit anodin », fait remarquer Marc Bouchu, directeur marketing de la division médication familiale.

+1,3 %

L’homéopathie conseil (avec AMM) pesait, en 2001, 97,8 millions d’euros (+ 1,3 % par rapport à 2000) et 19 millions d’unités vendues (+ 2,4 % par rapport à 2000). Source IMS Health.

PAROLES DE CLIENTS…

Brigitte, 43 ans, mère de trois enfants : « Jusqu’ici, l’homéopathie ne m’a pas convaincue mais je suis prête à tenter une nouvelle expérience. Avant de me soigner seule par cette thérapeutique, il faudrait d’abord que les résultats soient concluants au niveau de la prescription. Peut-être ne suis-je pas allée voir le bon homéopathe ? Donnée en traitement de fond, l’homéopathie peut être bénéfique pour la santé. Mais pour des maux qui demandent un soulagement rapide et efficace, c’est une autre affaire. Je souffre d’insomnies et je n’envisage pas pour le moment d’abandonner mon hypnotique pour un remède homéopathique. »

Daniel, 60 ans, retraité : « Je crois à l’efficacité de l’homéopathie sur le long terme et dans un but de prévention. Par contre, je suis plus dubitatif quant à son intérêt en traitement curatif. Elle ne s’est jamais avérée être une solution radicale contre les affections courantes de mes enfants type otite, ni d’une efficacité extraordinaire chez moi. »