LE MARCHÉ BOURGEONNE

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Publié le 1 septembre 2021
Par Peggy Cardin-Changizi
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Depuis le début de la crise sanitaire et l’obligation du port du masque, la tendance du “mascné” a émergé avec en parallèle de nombreux lancements et innovations destinés à l’acné de la femme adulte. De quoi raviver le rayon acné/imperfections en pharmacie.

AVEC PRÈS DE 5,4 MILLIONS D’UNITÉS VENDUES EN PHARMACIE pour un chiffre d’affaires de 64 M € selon Iqvia, le segment acné/ imperfection, oral et topique, est l’un de ceux qui performent le mieux en pharmacie sur la période (+ 19,9 % en volume et + 18,6 % en valeur), dans un marché hygiène/ beauté en décroissance à l’officine. Sur le volet uniquement topique, l’évolution est tout de même à + 11,31 % en volume et + 14,24 % en valeur. Deux phénomènes concomitants expliquent ces performances. D’un côté, l’acné est l’infection de peau la plus répandue en France et, donc, une préoccupation majeure des consommateurs. C’est d’ailleurs le premier motif de consultation chez les dermatologues. De plus, ce phénomène a été accentué depuis un an par le port du masque, imposé par le contexte sanitaire. Selon un sondage YouGov/LSA de septembre 2020, 10 % des Français estimaient que “porter le masque leur donnait de l’acné”. « Ainsi, des femmes dans la vingtaine, la trentaine, et parfois plus, ont été très nombreuses à souffrir du fameux mascné, constate Pauline Bony, fondatrice de Saeve. Lorsque l’on porte un masque, le dioxygène se retrouve piégé à la surface de la peau et modifie son pH. Avec l’humidité présente sous le masque, la peau va réduire l’évacuation du sébum et de la sueur. Cela a pour conséquence de boucher les pores, créant ainsi un climat propice à la prolifération bactérienne et à l’acné ». Au-delà du port du masque, l’acné de l’adulte est une pathologie de plus en plus répandue. « Je reçois 3 à 4 patientes par jour, âgées de 25 à 35 ans, qui n’ont pas eu d’acné lorsqu’elles étaient ado et qui se retrouvent adulte avec des boutons », confirme le Dr Valérie Leduc, spécialiste en médecine esthétique. Chez l’adulte, l’acné est plus souvent sévère (70 % des cas) et impacte considérablement la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes.

Le boom des sérums.

Pour répondre à cette cible adulte, les marques ont affiné leur proposition. « Nous constatons une sophistication de l’offre avec de nouvelles galéniques, tels que des sérums apparus sur un marché composé presqu’uniquement de produits “basiques” : crèmes, gels nettoyants et masques », poursuit Pauline Bony, rappelant le succès de son Sérum Botanique Purifiant Anti-imperfections Pur Paradisi, n° 1 des ventes chez Saeve. C’est le cas de La Roche-Posay, qui a enrichi sa gamme Effaclar, leader du marché acné/imperfection avec 23 % de pdm en valeur (selon Ospharm, en CAM à fin avril 2021), avec un sérum répondant à un besoin réel. « 40 % des femmes adultes ont de l’acné et pour 60 % d’entre elles, le retentissement psychologique de l’acné est important et constitue une source de malaise dans leur vie, constate Cédric Weinland, directeur marketing La Roche-Posay. Ce sérum s’appuie sur un concentré d’acides – glycolique, salicylique, LHA et niacinamide – à effet peeling de référence en dermatologie ». Même démarche chez Uriage, qui complète sa gamme Hyséac (2,6 % de pdm en valeur selon Ospharm), avec un sérum peau neuve. « Grâce à l’association de 3 brevets exclusifs et de Zinc matifiant, il apporte aux femmes concernées des résultats visibles dès 7 jours », assure Eléa Neveu, chef de produit développement international. Le petit plus : une texture gel-fusion ultra-légère qui se casse en eau sur la peau et pénètre instantanément. Enfin, SVR complète sa gamme Sébiaclear – récemment reformulée plus naturellement –, avec son sérum multifonctions (anti-imperfections, anti-âge et anti-pollution), « qui progresse déjà de 58 % en valeur », note Annabelle Ducroux-Tratapel, directrice marketing développement.

Une technicité de pointe.

« Les consommateurs ne veulent plus avoir à choisir entre efficacité et sécurité et sont de plus en plus exigeants sur la composition des formules. Surtout quand il s’agit d’adolescents pour lesquels le système endocrinien est en pleine mutation », assure Grégoire Dewavrin, directeur général du laboratoire Isispharma, qui vient de lancer le Teen Derm AZ, un soin cosmétique composé d’acide azélaique à 15 %, molécule phare des médicaments prescrits par les dermatologues dans cette indication. « Il s’agit d’une grande première en pharmacie sur ce segment qui va venir renforcer l’arsenal thérapeutique du dermatologue et du pharmacien ». Quatrième du marché de l’acné en pharmacie, – avec presque 6 % de pdm en valeur selon Ospharm –, la gamme Keracnyl de Ducray s’enrichit notamment de deux références inspirées des dernières avancées scientifiques et médicales pour une efficacité renforcée : le soin leader en prescription Keracnyl PP a été reformulé pour être encore plus efficace et est devenu Kerancyl PP+ et pour l’acné rétentionnelle dès 9 ans Keracnyl Control se nomme désormais Glycolic +. « Le conseil du pharmacien a une forte influence dans le choix de l’achat d’un traitement contre l’acné en automédication, constate Florence Grasser, directrice marketing France des Laboratoires Dermatologiques Ducray. Le conseil associé à l’ordonnance, notamment pour accompagner avec un geste d’hygiène adapté à la peau acnéique, est toujours important.

Une approche “in & out”.

« Les causes de l’acné chez l’adulte sont multiples et souvent liées à un déséquilibre intérieur, poursuit le Dr Valérie Leduc. On peut ainsi l’expliquer par le stress, les variations hormonales ou un déséquilibre de l’alimentation ». C’est dans une approche globale de l’acné – du symptôme/bouton, mais aussi de la cause – que deux sœurs, Fleur et Amélie, sujettes à l’acné adulte depuis plusieurs années, ont fondé Skin and Out, entourées d’un comité d’experts (naturopathe, médecin endocrinologue, psychologue clinicienne, nutritionniste…). « C’est une solution globale et naturelle, proposée sous forme de bentos, qui associe des soins pour les peaux adultes à tendance acnéique, des compléments alimentaires à base de plantes, vitamines, minéraux et probiotiques, mais aussi un coaching en alimentation et hygiène de vie personnalisé en ligne », expliquent les fondatrices. Actuellement disponible à la Grande Pharmacie Bailly à Paris, la jeune marque sera prochainement présente dans 50 officines au sein de l’Armoire à Beauté. « Pour nous, le circuit officinal est une vraie opportunité de s’appuyer sur des professionnels experts, qui peuvent apporter des conseils personnalisés et précis à nos potentiels clients. C’est aussi pour eux l’opportunité de référencer une offre globale et naturelle très demandée par la clientèle d’aujourd’hui ». Sur ce créneau porteur du “in & out”, à noter le lancement sous peu d’une offre de compléments alimentaires chez SVR. « Des études ont prouvé qu’un déséquilibre du microbiote cutané et intestinal contribuait à l’inflammation cutanée, rappelle Annabelle Ducroux-Tratapel. Nous avons donc travaillé sur une approche globale de l’acné avec la sortie d’un complément alimentaire Probiocure, composé de milliards de probiotiques, de zinc, de sélénium et d’ortie ». Un produit disponible en exclusivité jusqu’à la fin de l’année dans le réseau de pharmacies Apothical.

Des produits “SOS” à la pelle.

Pour contrer l’apparition ponctuelle ou régulière des boutons, certaines marques proposent des produits “SOS”, à dégainer dès les premiers picotements, ou à tout moment, pour faire la peau aux indésirables. Sur ce segment, on trouve le nouveau soin asséchant localisé SOS boutons de la gamme Cleanance Comedomed (Avène), la pâte SOS Hyséac d’Uriage (qui progresse de 20 %, selon le fabriquant), le gel anti-imperfection touch’express de Cattier, le Correcteur Intensif Anti-Imperfections de Saeve, la pâte anti-boutons au Soufre Normaderm SOS (Vichy), SOS Magnifica de Sanoflore ou la Sulfureuse Pâte du Marabout de Garancia, deuxième référence phare de la gamme anti-imperfections Marabout, qui enregistre une hausse de + 26,3 % en valeur, d’après Ospharm. La gamme va d’ailleurs accueillir un nouveau soin SOS baptisé Marabou-T, un roll-on destiné à matifier les ailes du nez.

Les version bio pullulent.

Sur un marché de l’acné dominé par les marques dermatologiques, les marques de soins anti-imperfections bio et naturelles progressent de 12 % en valeur, selon le Gers, en cumul fixe à fin mai 2021, en pharmacie et parapharmacie. Sur ce segment estimé par le Gers à 16,9 M € (en cumul mobile à fin mai 2021), Sanoflore, avec sa gamme Magnifica, reste leader, notamment grâce à sa lotion Aqua Magnifica. Pour aller plus loin dans l’efficacité, le laboratoire a lancé une nouvelle version de sa crème Magnifica avec une nouvelle formule dans une texture toujours aussi sensorielle, légère, hydratante et matifiante, qui a fait son succès en pharmacie. « Cette nouvelle formule intègre le complexe breveté de 9 huiles essentielles dans un totum de menthe poivrée bio, cœur actif de la gamme, à du Zinc PCA aux propriétés antibactériennes, sébo-régulatrices et cicatrisantes, détaille Marion Vivarat, directrice marketing de Sanoflore. Ce complexe est antibactérien, anti-inflammatoire, kératolytique et empêche l’oxydation du sébum pour lutter efficacement contre le développement des imperfections ». Cette crème se décline dans un tube de 40 ml composé à 25 % de plastique recyclé, mais aussi dans un nouveau tube de 50 ml en carton. Les imperfections sont aussi dans la ligne de mire de Cattier, qui propose 4 références bio et formulées à base d’huiles essentielles. « Cette ligne est destinée aux personnes ayant la peau grasse à imperfections et en particulier pour les adolescents, précise Hélène Coiffet, responsable marketing. Nous avons également une ligne pour peaux mixtes à grasses axée principalement sur la problématique de la séborrhée, que nous sommes en train de retravailler vers une formulation plus dermocosmétique pour cibler les peaux adultes ». Enfin, le Laboratoire Indemne s’occupe des peaux à problèmes avec des solutions issues de l’aromathérapie. « L’un de nos best-sellers est la lotion Déboutonnez-moi ! qui permet, grâce à une synergie d’huiles essentielles et végétales bio, de lutter activement contre les facteurs entraînant l’acné ainsi que les marques résiduelles, explique Christine Simon, aromathérapeute et fondatrice. Cette lotion, qui a fait ses preuves en format pipette, sort à la rentrée sous un nouveau format roll-on, plus pratique pour une application localisée. L’offre comprend également la base lavante Plaque-moi ! un gel lavant naturel issu du coco, la Lotion de Miss Ellaire qui permet de nettoyer, démaquiller et calmer les peaux jeunes et matures, et l’Eau de génie, une eau sans eau qui permet de réaliser un micropeeling sans action mécanique. « Pour les adolescents, l’hygiène n’est pas obligatoirement (tout le temps) au rendez-vous, reconnaît Christine Simon. Il convient de communiquer auprès d’eux en dédramatisant ce problème de peau. C’est pourquoi, nous avons créé des produits qui résonnent en matière de dédramatisation avec des noms comme Déboutonnez-moi ou encore Plaque-moi ! ». Les jeunes sont, en effet, les premiers clients de ce type de produits. « Mais, la cible adulte étant moins volatile, il est plus stratégique pour les marques de s’adresser à elle, aussi bien en tant que prescriptrice, que consommatrice », assure Angéline Le Corre, chef de groupe marketing soins makeup baby care chez Jonzac (Léa Nature). Pour les séduire, une routine simple mais complète : un gel nettoyant purifiant, une eau micellaire purifiante et démaquillante, un soin hydratant matifiant et, en nouveautés, un masque purifiant désincrustant et un soin purifiant anti-imperfections.

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+ 19,97 %

5,36 M d’unités vendues

Boostée depuis un an par le phénomène Mascné, la demande en matière de solutions anti-imperfections et anti-acné est croissante

+ 18,57 %

64,03 M d’ € de chiffre d’affaires

Le segment de l’acné est l’un des premiers, en valeur, du marché de la dermocosmétique. A ce titre, il est une cible prioritaire pour beaucoup de laboratoires dans leur stratégie R&D.

Source : Iqvia, en cumul annuel mobile à fin mai 2021.

Une cible majoritairement ado

En France, l’acné touche 70 % à 80 % des adolescents, avec des récidives fréquentes. Pour toucher cette génération Z, le digital est logiquement le média le plus utilisé. Les communications sur ce marché se font donc essentiellement sur les réseaux privilégiés de la cible : Snapchat, Tiktok, Instagram & Youtube. « Les influenceurs endossent également un rôle de prescripteurs auprès de cette cible », ajoute Garancia. « Le message porté sur la routine à adopter est véhiculé par les posts des annonceurs, on parle de Skincare routine ». Même si le poids des médias reste puissant, la double communication ado/maman est indispensable. La marque mise donc en complément sur du sponsoring TV, des campagnes dans la presse, des insertions dans des box beauté (Blissim) et bien sûr en point de vente (campagnes vitrine et présentoirs de comptoir).

CHIFFRES-CLÉS

TOP 3 DES LABOS

PARTS DE MARCHÉ, EN VALEUR, EN CUMUL ANNUEL MOBILE, À FIN AVRIL 2021.

Source : Ospharm

38 % des consommateurs citent le rapport qualité/prix comme premier critère, quand ils achètent un soin anti-imperfections en pharmacie.

(Etude Ifop, 2019)

RÉPARTITION ET ÉVOLUTION, EN VALEUR, DU MARCHÉ DE L’ACNÉ ET DES IMPERFECTIONS PAR TYPOLOGIE DE PRODUITS. EN CUMUL ANNUEL MOBILE, À FIN AVRIL 2021.

Source : Ospharm

TOP 5* DES MARQUES

PARTS DE MARCHÉ, EN VALEUR, EN CUMUL ANNUEL MOBILE, À FIN AVRIL 2021.

Source : Ospharm

1 La Roche-Posay Effaclar 23 %

2 Avène Cleanance 9,2 %

3 Bioderma Sebium 8,5 %

4 Ducray Keracnyl 5,9 %

5 Sanoflore Magnifica 3,4 %

63 % de femmes, âgées entre 18 et 34 ans, achètent des soins anti-imperfections pour elles-mêmes.

(Etude Harris Interactive/Garnier, février 2021).