Jérôme Wirotius directeur de l’activité pharmacie de Mylan France « Au moment de la création de l’activité générique en 1996, personne ne croyait en l’avenir de ce marché »
Arrivé en 1996, Mylan (Merck Génériques à l’époque) a d’emblée occupé le leadership sur le marché des génériques et ne l’a jamais quitté depuis. Le directeur de l’activité pharmacie du laboratoire analyse cette belle performance.
Quels souvenirs gardez-vous de ces 20 ans de substitution ?
Parmi les bons souvenirs, la parution du décret offrant le droit de substitution aux pharmaciens le 12 juin 1999, les lancements de molécules clés tels que l’oméprazole, l’atorvastatine, la simvastatine ou encore les campagnes de sensibilisation mises en place par les autorités, notamment par la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam), visant à inciter les patients à comprendre et à adopter les médicaments génériques. L’ensemble de ces campagnes a permis de convaincre les patients et d’encourager l’utilisation des médicaments génériques. En France, le taux de pénétration des génériques sur les molécules du Répertoire est le plus élevé d’Europe, ce qui prouve que l’adhésion est forte de la part des médecins, des pharmaciens et des patients. Pourtant, au moment de la création de l’activité « générique » en 1996, personne ne croyait en l’avenir de ce marché…
Et vos regrets ?
Un seul regret à noter, celui de constater qu’en France le Répertoire des génériques reste limité à 37 % en volume contre 50 % en moyenne dans l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Un taux de pénétration en volume équivalent à celui de l’OCDE nous permettrait de réaliser des économies de santé supplémentaires de l’ordre de 4,3 Md€ à 3 ans.
Peut-on encore assister à un bouleversement des parts de marché dans l’avenir ?
Un marché n’est jamais acquis, charge à chacun des acteurs du générique en France d’offrir le plus large portefeuille de produits et de rester à la pointe de l’innovation sur les plans à la fois du développement des gammes (c’est-à-dire de la diversité des traitements proposés) et des services. Alors que parmi les 10 traitements les plus coûteux pour l’Assurance maladie, 7 sont actuellement biologiques, nous pensons que les biologiques similaires représentent un enjeu majeur pour les prochaines années en matière d’économies pour notre système de santé. Et c’est pour cela que nous poursuivons nos efforts au service des patients. Cette année, nous avons lancé Hulio® (adalimumab) et Ogivri® (trastuzumab) à l’hôpital et, dans notre pipeline, 20 médicaments biologiques sont en cours de développement et seront donc accessibles pour les patients dans les mois et les années à venir.
Soutenez-vous, sur les biosimilaires, le droit de substitution du pharmacien ?
Si nous voulons atteindre l’objectif de 80 % d’utilisation des biosimilaires en France d’ici 2022 tel que stipulé dans la stratégie nationale de santé, il faut absolument que tous les acteurs – et notamment le pharmacien qui, en tant que professionnel du médicament, joue un rôle essentiel – se mobilisent. Le droit de substitution n’a de sens que s’il est encadré et pensé avec l’ensemble des acteurs. Il est donc aujourd’hui nécessaire de publier le décret applicatif de la loi qui autorise et encadre la substitution par le pharmacien. En effet, comme 20 ans auparavant avec les génériques, l’économie de la santé ne pourra prendre le virage des biosimilaires sans la mobilisation des pharmaciens dans la substitution et dans l’accompagnement des patients. ●
en chiffres
➜N° 1 du générique en France
➜ 30 % de parts de marché (Source Gers, mai 2019, en valeur hors biosimilaires)
➜ Près de 300 millions d’unités fournies par an et une présence dans plus de 90 % des officines et des hôpitaux
➜ Une équipe spécifique de 200 personnes en France pour les pharmaciens.
➜ Chiffre d’affaires monde 2018 : 11,43 Md$ Chiffre d’affaires Europe 2018 : 4,16 Md$

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