Déridez vos chiffres !
Nés aux Etats/Unis en 1997, les « cosméceutiques », contraction de « cosmétique » et « pharmaceutique », connaissent aujourd’hui un engouement fort en officine. Portés par une demande commune des dermatologues et des consommatrices, ces produits experts, qui revendiquent une filiation médicale, s’appuient sur le conseil avisé du pharmacien, répondant ainsi à un besoin de réassurance avancé.
Selon une étude Arcane Research parue en 2018*, la quasi-totalité des femmes sont préoccupées par leur apparence et déclarent rencontrer au moins un problème esthétique dans leur vie. D’ailleurs, 1 Française sur 10 (âgée de 18 à 75 ans) a déjà eu recours à la dermatologie esthétique, dont 1 sur 2 pour des prestations anti-âge. Et l’investissement (financier) ne s’arrête pas là car en complément de l’acte, près de la moitié de ces femmes ont acheté des soins de pré ou post-intervention. Une part croissante en sept ans, précise Arcane. Sur les recommandations de leurs médecins esthétiques, elles s’orientent donc vers des soins “cosméceutiques”, qui englobent à la fois des références dites “interventionnelles” (c’est-àdire liées à un acte dermatologique ou chirurgical dans le but de préparer ou d’apaiser le soin prodigué) et une promesse anti-âge. Portés par cet essor et la démocratisation du marché de l’esthétique médicale en France, ces soins experts constituent l’un des segments cosmétiques les plus dynamiques en officine. Selon Ospharm, ces marques nouvelle génération décollent de + 10,5 % en valeur et de + 19,4 % en volume, quand les références dédiées aux soins visages ne progressent “que” de 3,4 % en valeur et de 3,8 % en volume (en CAM à fin septembre 2019).
DÉMOCRATISER sans désacraliser.
« Même si la France reste bien loin des Etats-Unis ou de la Chine, on compte néanmoins plus de 500 000 actes esthétiques par an dans notre pays », constate Grégory Rodet, Directeur France de SkinCeuticals (L’Oréal), deuxième marque du marché des cosméceutiques en France, avec 15 % de parts de marché en valeur (+ 6 %), selon Ospharm. La chirurgie esthétique est désormais entrée dans les mœurs et séduit même les Millenials. En effet, les 18-34 ans pratiquent plus d’actes esthétiques (essentiellement injections d’acide hyaluronique ou de botox) que la tranche des 50-60 ans (Congrès IMCAS 2019) ! Pour les séduire et les aider à prévenir leur vieillissement cutané, la marque médicale créée par le docteur Pinnell et implantée dans 500 pharmacies, mise notamment sur une concentration élevée et une synergie unique d’actifs. Comme dans ses deux best-sellers – les sérums C E Ferulic (vit.C pure/vit. E pure/acide férulique) et Phloretin CF (phlorétine/vit. C pure/acide férulique) – ou dans son dernier-né, le Discoloration Defense Serum, antitache, qui renferme 1,8 % d’acide tranexamique, 5 % de niacinamide et 5 % d’hépès pour uniformiser le teint. « De par leur technicité et leur prix, ces produits, valorisants pour le pharmacien, permettent de positionner l’officine comme un lieu de destination pour l’achat de cosméceutiques », concède Grégory Rodet. Et pour aider les clients à mieux se repérer, SkinCeuticals, qui dispose d’une boutique en propre rue des Francs Bourgeois (Paris 4 ème), propose aux pharmaciens la mise en place d’un espace premium (tablette rétroéclairées, module de testing…). Objectif : démocratiser sans désacraliser. « Nous avons également développé des sur-couvertures en français sur les packs des 8 top références de la marque, ce qui nous a permis d’enregistrer une hausse de 50% sur ces produits ».
UN SAVOIR-FAIRE en esthétique médicale.
La marque Filorga entretient, elle aussi, une image médicale à travers ses formulations, mais aussi ses packs inspirés des flacons et pipettes de laboratoire. Leader sur le marché (73,2 % de pdm en valeur, +11,6 %, en CAM à fin septembre 2019, selon Ospharm) et désormais dans le giron de Colgate, Filorga s’est toujours appuyé sur l’expertise de sa division médicale Fill-Med (injections d’acide hyaluronique, peelings…) pour construire son offre de “médi-cosmétiques”. A l’image de sa dernière gamme anti-âge, Global Repair, qui s’adresse aux peaux matures et dévitalisées. « Son cœur de formule, l’Intensive Repairing Factors, est inspiré de techniques de médecine esthétique (mésothérapie, laser, lipofilling) et associe le complexe NCEF avec ses 50 méso-ingrédients, 3 super nutriments (céramides, omégas 3, 6, 9 et vitamines A, D, E, K) et 4 boosters cellulaires, pour une action corrective et nutritive intense », détaille Marie Pfister, directrice de la marque. Car pour Filorga, présente dans près de 2 000 points de vente, « l’efficacité, la tolérance et la sensorialité sont les clés de l’observance ». Une approche visiblement payante pour la marque qui occupe les 5 places du TOP 5 des produits en valeur, selon Ospharm !
UNE CAUTION d’expert.
A côté des deux leaders et boosters du marché, d’autres marques font office d’outsider. C’est le cas de Mediceutics (numéro 6 du secteur avec à peine 1 % de pdm en valeur, selon Ospharm), une marque issue de l’expérience des établissements de soins Medispa. « Nous proposons en exclusivité au sein du circuit officinal une gamme de niche », résume Xavier Chirico, le chimiste cosméticien qui a développé la marque. Il la définit comme « la première gamme interactive patients-laboratoires-médecins » puisque sa conception repose sur un travail d’enquête mené auprès de médecins et de patients afin de traduire leurs besoins en produits. L’offre de Mediceutics se veut volontairement courte (15 références), technique (formules haute tolérance, composées d’actifs haute concentration et à 83 % naturels et conditionnées dans des packs airless). « Nos produits n’ont pas vocation à remplacer les soins effectués en cabinet ou en clinique, mais à les potentialiser grâce à leurs actions sur le grain de peau, l’hydratation ou la fermeté ». Comme par exemple, le nouveau Sérum Rétinol 1.5, qui contient un mélange optimisé de rétinol pur à haute concentration et de phyto-rétinol like, actif analogue fonctionnel photo-stable booster d’efficacité. « Le développement de ce produit a nécessité 3 ans de recherche et nous a permis d’atteindre un objectif d’efficacité dermatologique optimal tout en minimisant les potentiels effets secondaires connus du rétinol qui peuvent nuire à l’observance du traitement ». Autre expert dans la correction des signes de l’âge depuis 40 ans, Lierac, qui s’est inspiré de la cicatrisation tissulaire pour lancer sa nouvelle gamme anti-rides Cica-Filler (composée d’un sérum en format ampoules, d’une crème et d’un gel-crème). « Elle s’appuie sur un trio d’actifs réparateurs et repulpants dernière génération, qui cicatrise et comble les quatre types de rides existantes : celles d’expression, de relâchement, de photo-vieillissement et de déshydratation », insiste Farida Daoud Almadowar, co-fondatrice des laboratoires Lierac. « C’est cette expertise haute performance et inspirée des actes dermatologiques que les consommatrices viennent chercher en pharmacie ».
VERS un usage quotidien.
L’action antiâge est le fer de lance des marques cosméceutiques. C’est d’ailleurs cette vertu qui reste très largement plébiscitée dans les produits, avec un poids de 75,4 % en valeur (+ 4,89 %) sur le global marché, selon Ospharm en CAM à fin septembre 2019. Loin devant leur action hydratante (8,3 %), nettoyante/exfoliante (7,3 %) ou réparatrice (6,1 %). Les marques espèrent ainsi intégrer leurs références d’expert dans une routine anti-âge globale. Objectif : « décloisonner le marché et inscrire les produits dans le quotidien des utilisatrices », poursuit Xavier Chirico (Mediceutics), qui vient de lancer dans ce but une mousse dépolluante enzymatique, positionnée comme « un nettoyant détox et dépolluant du quotidien ». Sur ce principe, la marque spécialiste des peelings, propriétée de la Centrale des Peelings et n° 3 des cosméceutiques (5 % de part de marché en valeur, + 7,8 %, selon Ospharm, au CAM à septembre 2019) a créé une DD crème SPF50 (Daily Défense) pour hydrater, corriger le teint et les imperfections. Enfin, chez Estherderm (250 pharmacies), la gamme Intensive hyaluronique a accueilli un contour des yeux. « Il y a une vraie demande en pharmacie sur cette gamme qui a progressé de 40 % en 2019, constate Anthony Lallier, Dg de Naos France. La crème se révèle être notre première référence sur la marque, alors que le contour des yeux affiche la plus grosse progression de la gamme ». Et si, pour l’instant, les marques de cosméceutiques ne sont pas encore dans l’ultra-communication des cosmétiques classiques, leur approche plus scientifique nous amène vers la santé et l’embellissement de la peau. Un appât qui les amènera sans doute à changer leur communication, jusqu’alors plutôt discrète…
* Etude Arcane Research : « Dermatologie Esthétique 2018 ».
57,8 M € EN PHARMACIE
ÉVOLUTION en valeur
+ 13 % En cumul annuel mobile à fin octobre 2019.
Source : Iqvia
1,16 M D’UNITÉS VENDUES EN PHARMACIE
ÉVOLUTION en volume
+ 19 % En cumul annule mobile à fin octobre 2019.
Source : Iqvia
NOUVEAUTÉ
Projet 28 veut révolutionner le soin anti-âge en pharmacie, avec une gamme courte (crème de jour, sérum et crème de nuit), conçue à partir de RGNA28, un actif biomimétique utilisé dans des traitements de cicatrisations complexes. Les trois produits affichent une chartre de formulation stricte, avec 90 % d’ingrédients naturels. Et les packagings sont totalement recyclables.
La TENDANCE
Plus de dix ans après leur arrivée en France, les cosméceutiques continuent de capitaliser sur leurs origines. A savoir des produits développés avec le corps médical pour des personnes souhaitant embellir ou préparer leur peau pré ou post-acte esthétique. Cette connotation scientifique et technique reste au cœur du discours des marques : elles misent ainsi sur des formules encore plus ciblées avec des principes actifs très concentrés qui répondent à des problèmes de peau prioritaires pour les consommateurs (anti-âge, acné, taches pigmentaires…). Les ingrédients phares ? Les antioxydants (rétinol, vitamines B, C et E, acide hyaluronique, coenzyme Q10, polyphénols) et les phytomolécules (thé, aloe vera, algues) qui favorisent la formation de collagène et d’élastine pour rajeunir, raffermir ou réparer la peau. La recherche sur de nouveaux ingrédients, comme les cellules souches, les microbiotes et les peptides, va à coup sûr dynamiser cette niche déjà en forte croissance !
DES PRODUITS DE TOUS LES JOURS.
Pour démocratiser les cosméceutiques, les marques intègrent leurs références d’expert dans une routine beauté globale et quotidienne. A l’instar de la Mousse dépolluante enzymatique de Mediceutics, de la DD crème SPF50 de Dermaceutic ou du contour des yeux Intensive hyaluronique de chez Institut Estherderm.
Médecine esthétiqueL’Oréal renforce son positionnement
Fin 2019, le groupe L’Oréal a pris une participation minoritaire dans la société canadienne Groupe Functionalab, leader en cliniques de médecine esthétique au Canada sous les marques Dermapure et Project Skin MD. Son crédo : une gamme complète de traitements de rajeunissement sans chirurgie (lasers, injections, cryolipolyse…). Ce partenariat permet au groupe français de renforcer sa position sur le marché des soins professionnels ; un secteur où il est déjà présent avec sa marque SkinCeuticals. « Les procédures esthétiques sont de plus en plus intégrées aux routines de beauté des consommateurs. Avec cet investissement, nous allons pouvoir mieux comprendre leurs attentes en termes de procédures, de gestes esthétiques et leur proposer des routines de soin plus adaptées », a déclaré Brigitte Liberman, Dg de la division L’Oréal Cosmétique Active. C’est aussi une belle opportunité pour la marque SkinCeuticals d’élargir sa distribution à la quinzaine de cliniques Dermapure implantées au Canada.
LE POUVOIR DES ANTIOXYDANTS.
Plébiscités pour leurs actions rajeunissantes et raffermissantes, les antioxydants (rétinol, vitamines B, C et E, acide hyaluronique…) restent les composants de base des cosméceutiques. On les retrouve dans la gamme anti-âge Global Repair de Filorga, le Sérum Rétinol 1.5 de Mediceutics ou les sérums C E Ferulic et Phloretin CF de Skinceuticals…
NATUREL ET BIO.
Principaux concurrents des pharmacies, les spas et instituts ont développé des protocoles de soins autour des cosméceutiques. Certains à partir de matières premières naturelles comme Thalgo (algues marines) et Thémaé (complexe de thés), ou alors, totalement bio comme Aléana.
CHIFFRES CLÉS EN PARTENARIAT AVEC OSPHARM* ET IQVIA
8/10 DES FEMMES SE DÉCLARENT INTÉRESSÉES PAR DES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES À VISÉE DERMATO-ESTHÉTIQUE.
Source : Etude Arcane Research : « Dermatologie Esthétique 2018 ».
A FORTE VALEUR !
En valeur, l’anti-âge représente 75,4 % des ventes de soins cosméceutiques, en pharmacie. Un chiffre qui, en volume, tombe à 59 %. Preuve que l’expertise se paye cher ! En cumul annuel mobile à fin septembre 2019.
Source : Ospharm.
+ 221 000 C’EST LE NOMBRE D’INJECTIONS DE BOTOX ET D’ACIDE HYALURONIQUE EFFECTUÉES PAR AN. CE SONT LES ACTES DE MÉDECINE ESTHÉTIQUE LES PLUS PRATIQUÉS EN FRANCE.
Source : Etude Arcane Research : « Dermatologie Esthétique 2018 ».
*Ospharm Datastat comprend un panel de 5500 pharmacies. Ospharm traite et restitue l’ensemble des flux de ventes de ses adhérents en temps réel.
TOP 5* des produits
1 Crème absolue Time-Filler correction rides (Filorga) : 7,1 %
2 Soin Optim eyes contour des yeux antirides (Filorga) : 6 %
3 Crème NCTF-Reverse régénérante suprême (Filorga) : 5,4 %
4 Masque Meso-Mask Lissant Illuminateur (Filorga) : 4,4 %
5 Crème Time-Filler Eyes absolue yeux (Filorga) : 3,9 %
**Parts de marché en valeur, en cumul annuel mobile, à fin septembre 2019. Source Ospharm
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