Les fleurs de Bach envahissent les rayons officinaux

Du marronnier rouge pour vaincre la peur, de la folle avoine dans les situations d’incertitude, du houx en cas d’hypersensibilité… Préparées à partir de pétales de fleurs séchées au soleil et stabilisées avec de l’alcool, les fleurs de Bach visent à « rééquilibrer les émotions » ! Même si, scientifiquement, la démarche de leur créateur, le Dr Edward Bach, laisse pour le moins perplexe, ces petites dernières du rayon « nature » font actuellement le bonheur des adeptes de médecines alternatives, qui ont le choix entre 38 préparations (chacune à base d’une fleur) ainsi qu’un complexe à base de cinq essences de fleurs sauvages, nommé Rescue. Le plus vendu au demeurant. « En quelques années est né un véritable engouement pour les fleurs de Bach », confirme François Deporte, directeur de Lasserre, le premier importateur des Fleurs de Bach du laboratoire britannique Nelson. Ce qui séduit les adeptes de ces petites fioles d’essences florales ? La simplicité de compréhension, car il suffit d’identifier ses propres émotions pour pouvoir savoir quelle fleur de Bach utiliser. Ce qui est à la portée de n’importe qui.

Après avoir conquis l’ensemble des magasins bio, les marques estampillées « Bach » fleurissent maintenant en officines, avec des bagarres juridiques à la clé (voir encadré). Famadem, distributeur de Nelson et leader sur cette niche en France, en a écoulé un million de flacons en 2008. Le groupe Batteur a lui décidé de distribuer aux pharmacies une dizaine de combinaisons de la société Fleurs Essences et Harmonie. Un succès qui a entraîné la création de produits dérivés. « Nous avons lancé deux eaux de parfum en 2006 et 2007 et d’autres produits sont prévus pour 2010 », précise Gérard Wolf, P-DG de Fleurs Essences et Harmonie. Une autre marque, Les Sens des Fleurs, proposée par les laboratoires du Docteur Theiss, misent sur la cosmétique bio avec une gamme complète lancée en avril 2007.

Famadem en a fait un complément alimentaire

Pour se différencier, certaines marques sont parvenues à décrocher le statut de complément alimentaire. C’est le cas des Fleurs de Bach Original, distribuées par Famadem. Les Sens des Fleurs en a fait la demande. « Pour le consommateur, c’est rassurant », assure Stella Mordocco, directrice générale de la filiale française du Docteur Theiss. Ce marché pesait déjà l’an dernier entre 20 et 25 millions d’euros.

Un imbroglio juridique

Avec le succès, les fleurs de Bach ont fait l’objet d’un véritable imbroglio juridique. Le Dr Edward Bach n’ayant pas déposé de brevet pour l’appellation et la fabrication, une quarantaine de distributeurs se sont emparés du filon en France. Au terme d’une bataille visant à détenir la propriété de la marque, la dénomination Fleurs de Bach Original (qui mentionne sur le packaging la signature du Dr Bach) n’a été autorisée qu’au laboratoire Nelson et à son distributeur français Famadem. L’appellation « fleurs de Bach » appartient, elle, au domaine public.