Baisse du prix des médicaments : aux États-Unis, Trump relance l’actu pharmaceutique

© Getty Images

Baisse du prix des médicaments : aux États-Unis, Trump relance l’actu pharmaceutique

Publié le 3 juin 2025
Par Hakim Saleck
Mettre en favori
Tarifs de référence, vente directe, réorganisations industrielles : un décret américain signé par Donald Trump le 12 mai dernier bouscule l’équilibre du marché du médicament. Les laboratoires s’ajustent face à ce nouveau cadre aux conséquences internationales.

Un décret présidentiel modifie en profondeur les conditions de tarification des médicaments sur ordonnance aux États-Unis. En instaurant un achat direct auprès des fabricants et une référence aux prix internationaux, cette mesure pousse les industriels à adapter leur stratégie d’implantation. Certains renforcent leur présence, d’autres suspendent des projets. Ces ajustements pourraient influer sur les politiques de prix au-delà du territoire américain.

Trump signe un décret pour faire baisser le prix des médicaments

Le 12 mai dernier, Donald Trump a signé un décret qui impose aux laboratoires pharmaceutiques de réduire massivement les prix de tous les médicaments sur ordonnance, en les alignant sur les tarifs pratiqués à l’étranger. Une mesure inattendue car elle dépasse le cadre de Medicare (programme fédéral d’assurance maladie réservée aux personnes âgées et aux invalides) et concerne l’ensemble du marché américain. Le texte prévoit un mécanisme d’achat direct par les patients auprès des fabricants, contournant les assureurs, que Trump qualifie d’« intermédiaires inutiles ». Le président évoque des baisses de prix allant de 30 à 80 %, notamment sur les traitements contre l’obésité, dénonçant de fortes disparités de prix entre les États-Unis et l’Europe. L’administration américaine entend également faire pression pour une revalorisation des prix dans les pays étrangers, afin d’équilibrer le financement de l’innovation. En pharmacie d’officine, cette orientation pourrait influencer indirectement les politiques de fixation des prix dans l’Union européenne, certains experts redoutant une baisse de l’attractivité de certains marchés pour les industriels, et un risque de retrait de molécules innovantes.

Les laboratoires renforcent leurs investissements aux États-Unis

Face aux menaces de Donald Trump de plafonner les prix des médicaments sur ordonnance, y compris en dehors de Medicare, les laboratoires pharmaceutiques poursuivent – voire accélèrent – leurs implantations aux États-Unis. Sanofi a annoncé début mai le renforcement de son empreinte industrielle outre-Atlantique avec un centre de production de vaccins à Swiftwater (Pennsylvanie) et une nouvelle usine de principes actifs à Framingham (Massachusetts), consacrée à ses biomédicaments. Le groupe français, avec un investissement de 20 milliards de dollars, cherche ainsi à consolider son accès à ce marché, tout en se mettant en conformité avec les exigences de relocalisation stratégique américaines.

Novartis prévoit de son côté un investissement de 23 milliards de dollars d’ici 2028 pour moderniser quatre sites de production (Maryland, Caroline du Nord, New Jersey, Colorado), et mise sur les thérapies géniques et les médicaments injectables. Amgen, AbbVie, Thermo Fisher Scientific ou Eli Lilly maintiennent aussi une trajectoire d’expansion rapide, en lien avec la volonté de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement et de répondre aux incitations fédérales.

À l’inverse, Roche a gelé son projet d’investissement de 50 milliards de dollars annoncé en avril dernier, illustrant les incertitudes croissantes sur les marges du secteur. Car si la promesse présidentielle de « vente directe aux patients » et de baisse des prix jusqu’à 80 % est appliquée, les laboratoires pourraient revoir leurs arbitrages internationaux.

Publicité

Ces choix industriels pèseront à moyen terme sur les stratégies d’enregistrement, les conditions d’approvisionnement et les délais de mise sur le marché. Ils pourraient aussi modifier les équilibres entre zones géographiques dans la fixation des prix, rendant plus probable une pression accrue sur les pays européens considérés comme moins rentables.