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Phoenix Pharma s’apprête à reprendre l’activité de répartition de la CERP Lorraine

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Publié le 7 juin 2008
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Stupeur dans les rangs des CERP Rouen, Rhin-Rhône-Méditerranée et Bretagne Nord. Elles viennent de prendre acte de l’intention de la CERP Lorraine de céder son activité française de répartition à Phoenix Pharma, numéro deux européen.

C’est désormais une question de semaines. La cession des 14 établissements de la CERP Lorraine et la reprise en bloc de ses 600 salariés pourraient intervenir dès le 1er octobre 2008. Le projet a été présenté le 28 mai dernier aux instances représentatives du personnel. Selon la procédure en vigueur, il doit maintenant être soumis à l’avis consultatif des représentants du personnel, puis ratifié par le conseil de surveillance de la coopérative et, enfin, recevoir l’agrément des autorités compétentes de la concurrence. Les pharmaciens coopérateurs, eux, n’ont pas vraiment eu leur mot à dire.

Une complémentarité géographique

Quid de la prétendue « invulnérabilité » des coopératives ? « Il ne s’agit pas d’une OPA, assure Michel Mathieu, président du directoire du groupe CERP Lorraine. L’objectif est de développer des services là où sont les enjeux et les défis majeurs de l’officine, ce qui n’est plus le cas avec un service comme la répartition. »

Dans une lettre adressée aux actionnaires et un communiqué de presse commun, la CERP Lorraine et Phoenix Pharma ont expliqué les raisons d’un tel rapprochement. « Ce projet de cession est le meilleur scénario possible pour l’avenir de l’activité répartition de CERP Lorraine en France […] », expose Michel Mathieu, qui voit dans Phoenix Pharma le partenaire idéal en raison de la complémentarité géographique des deux activités de répartition. En outre, avec une part de marché de 4,25 % en 2007, l’activité de répartition du groupe CERP Lorraine en France ne dispose pas de la taille critique nécessaire pour affronter les contraintes réglementaires et économiques de demain. « Nous n’avons pas attendu d’avoir une activité sur le déclin pour la pérenniser et sauvegarder les emplois. »

Phoenix Pharma, arrivé en France en 1997, a aujourd’hui l’occasion de faire de la croissance externe sur un marché de la répartition qui paraissait complètement verrouillé. Il va pouvoir porter sa part de marché de 4 % à près de 10 % et devenir ainsi un acteur national couvrant 80 % du territoire. Roger Roche, P-DG de Phoenix Pharma France, explique que les pharmaciens ont tout à gagner de ce rapprochement. « Avec quatre répartiteurs nationaux, le choix des pharmaciens est préservé », assure-t-il.

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Réagissant à l’annonce de la CERP Lorraine et de Phoenix Pharma, la CERP Rouen a déploré « le choix de ne pas privilégier une solution coopérative qui aurait eu le mérite de rassembler celles et ceux qui, avec nous, partagent le même idéal et les mêmes valeurs ». Et dans un communiqué de presse commun, les trois CERP réaffirment « leur positionnement exclusif d’assise officinale, coopérative ou confraternelle ». Et pour cause. « Ce projet d’acquisition par un répartiteur purement capitalistique ne s’inscrit pas dans la culture des CERP », commente Jean Genge, président de la CERP Rhin-Rhône-Méditerranée.

« Vendu à un futur prédateur »

Alain Bertheuil, président du conseil d’administration de la CERP Rouen, met en garde les pharmaciens contre cette opération qui pourrait être lourde de conséquences si un jour le capital s’ouvre. « La CERP Lorraine va vendre sa branche répartition à un futur prédateur de la pharmacie française, qui possède déjà 1 700 à 1 800 officines en Europe. Les pharmaciens actionnaires de la coopérative sont en train de financer leur futur concurrent », souligne-t-il, ajoutant que les chaînes de pharmacies représentent la poule aux oeufs d’or pour les grands groupes européens de répartition pharmaceutique.

« La CERP Lorraine reste une coopérative de pharmaciens à part entière, qui continuera, comme elle l’a toujours fait, à offrir à ses confrères les services et les solutions leur permettant de rester indépendants et libres », répond Roger Roche, apportant son soutien à Michel Mathieu, lequel, demain, proposera à ses pharmaciens actionnaires un modèle alternatif aux chaînes. « En Belgique, la coopérative détient des participations majoritaires dans 35 officines, mais il est prévu contractuellement que le pharmacien gérant puisse reprendre la pleine propriété de la pharmacie dans un délai de 8 à 12 ans », indique-t-il