L’officine fait mieux que résister

Réservé aux abonnés
Publié le 9 juin 2012
Par Stéphanie Bérard
Mettre en favori

Les parapharmacies cherchent à croître en multipliant l’ouverture de points de vente. Mais les officines pourraient leur donner du fil à retordre, d’après une récente étude du cabinet Eurostaf.

Le réseau des parapharmacies n’est pas arrivé à maturité. Une étude Eurostaf (« Le circuit français des parapharmacies en 2012 ») révèle que, « début 2012, on recense 525 pharmacies de la grande distribution, soit 69 % du réseau français, en croissance de 61,5 % par rapport à 2006. Le nombre des autres réseaux de parapharmacies, qui totalisent 235 points de vente, a crû de 6 % depuis 2006 ».

Cette croissance est tirée par les principaux leaders, et d’abord par Leclerc et ses 170 points de vente, qui cherche à dominer ce marché. « L’enseigne vise 200 points de vente d’ici fin 2012 », révèle Eurostaf. D’autres acteurs ont investi le marché depuis peu : Casino, qui n’avait aucun espace de parapharmacie en 2006, dispose aujourd’hui de 62 points de vente. De même, Système U, qui s’est lancé sur ce créneau en 2008, compte ouvrir 100 parapharmacies sous l’enseigne U Parapharmacie.

Les MDD investissent la parapharmacie

Ces enseignes réussiront-elles à damer le pion aux officines ? Pas si sûr. L’étude Eurostaf constate, en effet, que le circuit des parapharmacies doit faire face à la modernisation du circuit officinal. Il se heurte d’abord aux marques de distributeur (MDD), qui ont investi le marché de la parapharmacie. Ainsi, des grossistes-répartiteurs, comme OCP ou Alliance Healthcare, et des groupements de pharmaciens, comme Népenthès ou Evolupharm, ont développé depuis longtemps des marques propres. Leur atout ? « Elles assurent aux officinaux une marge commerciale qui peut atteindre 50 %, contre 30 % pour les marques nationales. Ce fort niveau de marge contribue à attirer et fidéliser les officinaux aux groupements dans la logique actuelle de course à la taille des réseaux », note le cabinet Eurostaf.

Du côté des patients, les marques de distributeur ont un positionnement de prix attractif, commercialisés à un prix inférieur de 20 à 30 % par rapport aux marques nationales, notamment grâce à des coûts logistiques et de communication moindres. En outre, les gammes sont larges, avec des produits « ? premier prix » et des offres à plus forte valeur ajoutée sur les compléments alimentaires, les accessoires, la dermocosmétique… « Ces produits entrent en concurrence frontale avec l’offre des parapharmacies en raison de gammes élargies et des prix compétitifs », indique l’étude.

Une autre menace guette l’essor des parapharmacies : les officines discount. Eurostaf constate qu’elles affichent des prix jusqu’à 30 % moins chers. Et leurs points de vente se multiplient, puisque les deux enseignes de hard discount Univers Pharmacie et Lafayette Conseil totalisent 117 et 50 points de vente, sans compter Pharm&Price et Pharm Eco (15 et 11 points de vente). Les officines dites de soft discount disposent, elles, d’un taux de marge brute supérieur (20 % sur la parapharmacie contre 10 % pour le hard discount par exemple) mais ont une politique de prix plus agressive que la moyenne des officines. C’est par exemple le cas de Plus Pharmacie et son enseigne Familiprix, qui totalise 200 points de vente, ou encore de Proxipharma (200 pharmacies), du groupement Népenthès.

Publicité

Les officines discount représentent alors 593 points de vente, dépassant ainsi le nombre de parapharmacies de la grande distribution. « En proposant des prix attractifs, le circuit officinal devrait reprendre des parts de marché sur la grande distribution. Celui-ci bénéficie d’une clientèle plus captive que les points de vente de parapharmacie », conclut l’étude d’Eurostaf.

Leclerc renforce son positionnement médical

D’après l’étude Eurostaf, la nouvelle stratégie des parapharmacies Leclerc est construite autour de huit axes :

• Elargissement de la surface de vente, de 70 à 140 mètres carrés.

• Segmentation du point de vente en trois zones : la santé en rose, la beauté en vert et l’hygiène en bleu.

• Reprise des codes couleurs de la pharmacie, avec un logo en vert foncé, le sol et le mobilier en blanc.

• Mise en place d’un espace conseil.

• L’offre s’élargit sur les compléments alimentaires et la médecine dite naturelle.

• Le recrutement des docteurs en pharmacie augmente : il a été de 210 en 2011. En outre, l’enseigne emploie des préparateurs en pharmacie.

• Diffusion d’une brochure de cinquante pages sur des conseils santé.

• Lancement d’une offre de matériel de maintien à domicile et ouverture d’un rayon orthopédie en Normandie.