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La biotech qui a le coeur à l’ouvrage
Après six ans d’existence, Genfit se porte bien. Spécialisée dans le développement de molécules programmées pour agir contre le risque cardiovasculaire, la biotech recherche des candidats-médicaments pour le compte d’industriels. Genfit investit aussi sur ses propres médicaments. Jeunes chercheurs bienvenus.
Grâce à l’apport des nouvelles technologies, l’analyse des informations fournies par le génome humain permet le développement d’une nouvelle génération de médicaments. C’est dans ce nouvel âge de la thérapeutique que se déploie l’activité de Genfit. Basée dans la métropole lilloise, en plein coeur du pôle Eurasanté, la jeune société de biotechs, créée en 1999, dispose d’un environnement scientifique de premier plan. L’université de Lille-II (médecine, pharmacie et odontologie), le CHRU, le Centre Oscar-Lambret (spécialisé en cancérologie), l’Institut de biologie et celui de chimie pharmaceutique, l’INSERM et le CNRS ne sont pas seulement ses voisins mais aussi de véritables partenaires de recherche.
Un rythme d’activité soutenu.
C’est au domaine cardiovasculaire tout particulièrement que Genfit applique son expertise et son savoir-faire. Les maladies cardiovasculaires représentant toujours la première cause de mortalité dans le monde, les enjeux de la recherche sont énormes et l’entreprise est positionnée sur un marché considérable. « Avant de nous lancer, nous avons « incubé » l’entreprise pendant deux ans : nous avons pris le temps de nous préparer, de mûrir pour démarrer en ayant déjà une certaine envergure. A la création de Genfit, nous avions déjà passé des contrats de partenariat avec des grands groupes pharmaceutiques », explique le président du directoire et cofondateur* de Genfit, Jean-François Mouney.
Contrairement à la stratégie actuellement utilisée dans la plupart des médicaments du marché – viser une affection en particulier -, Genfit a une démarche originale : appréhender le risque cardiovasculaire dans son ensemble. Commentaires de Jean-François Mouney : « Nous cherchons à développer des molécules capables d’agir simultanément sur plusieurs facteurs de risque : athérosclérose, dyslipidémies, diabète, obésité, etc. »
Les équipes de Genfit se sont notamment illustrées dans leur recherche sur le rôle joué par les récepteurs nucléaires dans la régulation de l’expression de certains gènes (une nouvelle cible dans le traitement des maladies du métabolisme et de l’athérosclérose). « Dans ce créneau pointu des récepteurs nucléaires, nous occupons l’une des toutes premières places au niveau mondial. » Une dizaine de sociétés se situent dans le même champ d’action que Genfit. « Mais, de manière générale, les entreprises de biotechnologie ont plutôt choisi de s’orienter vers le marché du cancer », indique Jean-François Mouney.
Par ses contrats avec l’industrie pharmaceutique, Genfit se voit régulièrement confier des missions d’identification de nouvelles cibles ou de validation et de développement de candidats-médicaments. « Nous développons également notre recherche pour la mise au point de nos propres médicaments. L’une de nos molécules va ainsi atteindre dans deux mois le stade des essais cliniques de phase 2, signale Jean-François Mouney. Introduction sur le marché de nouveaux médicaments, diversification des cibles thérapeutiques… il nous faut tenir le rythme ! »
Peu de pharmaciens postulants.
En matière d’effectifs, Genfit compte 125 personnes, dont 85 ingénieurs ou équivalents, dotés, pour bon nombre d’entre eux, d’un diplôme d’Etat de docteur en pharmacie ou autre diplôme complémentaire axé « recherche » organisé par les facultés de pharmacie. Des pharmaciens ayant accompli tout leur cursus en pharmacie et formés à la recherche, l’entreprise en compte peu. Non par choix délibéré mais parce qu’il y a peu de candidats qui se présentent lors des recrutements ou qui adressent spontanément leur candidature. Idem pour les stages. Manque d’intérêt des jeunes pharmaciens pour la filière recherche ou mauvaise connaissance du fort potentiel des entreprises biopharmaceutiques ? « Pourtant, nous sommes toujours à la recherche de jeunes chercheurs de qualité orientés biotechnologies », souligne Jean-François Mouney.
Diplômé de la faculté de pharmacie d’Angers en 2000, Guillaume Marchand n’a pas hésité à postuler pour un stage chez Genfit en 6e année d’études, alors qu’il préparait son DESS assurance qualité et biotechnologies. Ce qui l’a motivé ? « Le fait que Genfit soit une société jeune et dynamique, positionnée sur un secteur innovant. » A la fin de son stage, il saisit l’opportunité d’intégrer Genfit pour participer à la mise en place de sa politique qualité. « Il s’agissait de transposer les normes de l’industrie pharmaceutique à la recherche. Il y avait donc tout un système à créer. C’était très excitant et aussi, pour moi, un vrai challenge », confie-t-il.
Depuis six mois, Guillaume a été nommé, à 29 ans, responsable qualité et développement produit. Sa mission : participer à la conception et au suivi des études pharmaceutiques (toxicologiques, pharmacocinétiques, etc.) dans le cadre du développement de produits. « En bref, j’assure le suivi opérationnel des études et je veille à leur conformité par rapport aux standards internationaux et aux recommandations émises par l’Afssaps, la FDA, etc. Je participe en outre à la constitution du dossier à soumettre aux autorités de santé (résumé des caractéristiques pharmaceutiques et précliniques du médicament expérimental) pour avoir l’autorisation de passer en phase 1. » Un poste stratégique quand on sait que Genfit souhaite accélérer le développement de ses propres médicaments.
L’entreprise a déjà dégagé des bénéfices sur ses premiers exercices, ce qui est plutôt rare dans le secteur des biotechnologies. L’ouverture récente d’une agence à Boston et celle prochaine d’un bureau en Asie devraient encore étendre sa présence sur le marché international.
* Avec le Pr Jean-Charles Fruchart, pharmacien et spécialiste de l’athérosclérose et des maladies cardiovasculaires de renommée mondiale.
GENFIT EN CHIFFRES
– 12,7 MEuro(s) de CA.
– Plus de 7 000 m2 de laboratoires.
– 1999 : signature de 4 contrats de recherche avec Aventis, Sanofi-Synthélabo, UCB Pharma et Merck-Lipha.
– 2001 : création de IT-Omics, filiale de bio-informatique, puis de Cardialpha, société affiliée spécialisée dans l’architecture d’essai clinique.
– 2002 : signature d’un partenariat de recherche avec le groupe japonais Kowa.
– 2003 : accord de recherche avec le LFB ; ouverture des bureaux à Boston.
– 2004 : signature d’un partenariat avec Servier.
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