Galien Développement passe à l’action

Constitué d’une vingtaine de pharmacies, le réseau Galien Développement vient de dévoiler son concept. « L’objectif est de sécuriser la reprise des officines entrant dans le réseau, explique Benoît Bouche, son président, pharmacien et ex-banquier d’affaires. Nous complétons l’investissement du pharmacien en prenant des obligations convertibles en actions, mais le titulaire détient 100 % de son capital. » Une précision qui a son importance, car Galien Développement ne regroupe pas que des pharmaciens. Le groupe de capital-risque Viveris Management fait en effet partie des actionnaires et est, à ce titre, membre du conseil d’administration. Selon Benoît Bouche, l’ouverture du capital est « inéluctable », même s’il s’empresse d’ajouter qu’il est contre « en l’état actuel des choses ». Galien Développement n’est pas le seul à proposer une aide financière sous forme d’obligations convertibles en actions. Le groupement Univers Pharmacie finance déjà l’installation de jeunes diplômés par ce biais (voir Le Moniteur n° 2874).

Cyril Colombani, titulaire à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), a rejoint Galien Développement avec 23 % d’apport. Une solution qui n’est pas accessible à tous. « Nous ne regardons pas les dossiers en dessous d’un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros », confirme Benoît Bouche. Les pharmacies visées, situées dans un emplacement de « première classe », doivent disposer d’au minimum 100 mètres carrés d’espace de vente.

Surexposition des produits OTC

Au-delà de l’aspect financier, le concept de Galien Développement tend vers « une surexposition massive des produits OTC, qui se positionnent sur plus de 50 % des mètres linéaires ». Dans des pharmacies où les patients retrouveront peu ou prou le même agencement et des codes couleurs identiques, les espaces de confidentialité sont théâtralisés et accueilleront d’autres professions (podologues…). Le réseau a aussi développé une offre de préparations de doses à administrer en sachets-doses individuels. Ce parti pris délibéré du médicament laisse-t-il de la place à la parapharmacie ? « Ce n’est pas la valeur ajoutée de l’officine », indique Benoît Bouche. Ce qui n’a pas empêché Galien Développement d’acquérir le site de vente en ligne de parapharmacie Monguidesanté.com, dont les ventes seront redistribuées aux pharmacies.

La comptabilité et le contrôle de gestion sont externalisés à Ernst&Young, le tiers payant à un prestataire extérieur et toutes les officines disposent du même logiciel de gestion (LGPI). Une stratégie payante ? « Le réseau affiche une marge brute de 31,4 % », revendique Benoît Bouche. D’aucuns argueront que ce système nuit à l’indépendance du pharmacien. « Tous les deux jours, nous sommes présents dans les officines », confirme le patron de Galien Développement. Avec le système des OCA (voir encadré ci-contre), les pharmacies sont en outre pieds et poings liés pendant sept ans, le délai fixé dans les montages financiers. « Je n’ai pas l’impression de sacrifier mon indépendance, se défend Cyril Colombani. Nous choisissons la stratégie de développement tous ensemble. » En cas de désaccord, que faire ? « Les formes de sortie sont fixées au préalable », indique l’adhérent.

Qu’est-ce qu’une OCA ?

Les obligations convertibles en actions (OCA) permettent de financer partiellement l’acquisition d’officines. En clair, le pharmacien octroie à des investisseurs des obligations – des valeurs mobilières constituant un titre de créance représentatif d’un emprunt – en échange d’un apport financier. Ces obligations sont assorties d’un taux d’intérêt versé chaque année par le titulaire et d’une prime de non-conversion. Dans le cas particulier de la pharmacie, les détenteurs d’obligations non pharmaciens ne pourront pas effectuer la conversion en actions tant que le capital ne sera pas ouvert.