Quand officine et prestataire jouent à cache-cache

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Publié le 12 mars 2005
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La livraison des dispositifs médicaux doit être effectuée par un personnel compétent. Mais aucun diplôme n’est requis. Dans les sociétés, c’est surtout l’oxygénothérapie qui utilise des pharmaciens. En externe, la collaboration entre le prestataire et l’officine a hélas ses limites.

Ambulanciers et pompiers à la retraite sont très recherchés pour devenir « techniciens de santé » car ils savent manipuler le matériel médical et l’oxygène, ils ont leur brevet de secourisme, réagissent bien dans les situations d’urgence et savent gérer le stress des patients. Mais les livraisons se résument souvent à la venue d’un livreur pressé de récupérer son bon de livraison.

Du côté de l’oxygénothérapie, on a fort heureusement réintroduit le pharmacien avec les « Bonnes pratiques de dispensation de l’oxygène » (BPDO). Le nombre de pharmaciens responsables est néanmoins restreint, un seul pour plusieurs agences, deux ou trois tout au plus pour une structure nationale. A cet égard, on se bousculerait presque chez Locapharm avec 5 temps pleins, un « pharmacien BPDO » et 40 à temps très partiel (1 à 3/10) – parmi eux des retraités, des titulaires…

Les pharmaciens pas assez formés.

Le pharmacien de la société Caléa accorde du temps aux visites réglementaires (une moins d’un mois après l’installation) ou à la demande du patient, programmées à l’avance. Il en profite pour jeter un coup d’oeil à l’armoire à pharmacie.

Chez VitalAir, les jours de visite, on voit jusqu’à cinq clients. D’autres prestataires ne mentionnent pas le pharmacien qui d’ailleurs est souvent injoignable. Mais qui va demander à parler au pharmacien ?

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Locapharm, créée par des pharmaciens, n’occulte pas le rôle des officinaux et est reconnue pour sa démarche confraternelle. Christian Camuzeaux, directeur de la formation, de la qualité et de la sécurité chez Locapharm, préconise l’intervention des pharmaciens dans le MAD pour ne pas perdre la délivrance des médicaments associés. La société prestataire, sous l’autorité de son pharmacien salarié, ne pourrait-elle pas en effet un jour délivrer l’insuline avec la pompe ? « Lorsque Locapharm est contacté en direct par un prescripteur, on transmet le dossier au pharmacien pour l’installation et le contact. Mais par ailleurs les pharmaciens ne participent à nos formations que lorsqu’ils ont été confrontés à un problème spécifique. Ils n’anticipent pas suffisamment. Et puis, les DU ne sont pas assez fréquentés. »

Partenaires de circonstance.

Chez l’un des plus gros prestataires, en l’occurrence proche de l’officine, on estime cependant que « les officines ont souvent des aérosols vieillissants, pas toujours adaptés à la pathologie, et hésitent à investir dans un neuf (environ 500 Euro(s)) qui ne correspondra pas forcément à la prescription. En passant par notre société, les pharmaciens conservent leur statut incontournable sur le médicament tout en assurant un service optimal. Tout confondu, 40 % de nos clients sont des pharmaciens. Mais sur 8 000 diabétiques traités par pompe, aucun n’est suivi par une officine. A chacun son métier ».

Bref, si l’on se déclare plutôt proche de l’officine, on n’en privilégie pas moins la recherche d’une clientèle en direct car elle génère plus de bénéfices. Soit le pharmacien facture et gère le dossier, soit la société prestataire se charge de la globalité du dossier : « On ne peut reverser une commission au pharmacien et investir dans des diplômes en interne ! » Ceci explique sans doute que les officinaux participent à la première prescription de DM mais pas aux suivantes ! « Le pharmacien ne sera plus intervenant sur le spécifique ni sur l’oxygénothérapie à long terme, précise-t-on. Les contraintes sont trop lourdes pour un chiffre d’affaires marginal. Il lui reste le contrôle de l’assurance qualité, la proximité lui permettant de constater une anomalie, d’évaluer les besoins, à la condition qu’il aille au domicile en portant ses médicaments aux patients. » Le constat d’un seul prestataire ? Hélas non, on retrouve peu ou prou le même discours chez l’ensemble des sociétés.