Amoxicilline : les stocks sont toujours chez les industriels !

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Amoxicilline : les stocks sont toujours chez les industriels !

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Publié le 1 décembre 2023
Par Magali Clausener
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Selon les dernières données de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), les stocks d’amoxicilline, en particulier sous forme buvable, sont toujours chez les industriels. Une situation qui exaspère les pharmaciens.

La charte d’engagement des acteurs de la chaîne du médicament n’a pas encore porté ses fruits. C’est le constat de Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), lors de son point presse le 1er décembre 2023.

Les représentants des pharmaciens se sont en effet réunis avec l’ANSM, le Leem (Les entreprises du médicament) et le Gemme (Générique même médicament) le 30 novembre au sujet des tensions d’approvisionnement de différentes molécules. Or, en ce qui concerne l’amoxicilline, les industriels disposent toujours de 2 à 3,5 mois de stock y compris pour les formes pédiatriques. Et les pharmaciens ? Selon l’ANSM, de 4 à 6 jours. « Aucun des pharmaciens présents à la réunion n’a de stock, éventuellement quelques flacons d’amoxicilline buvable », a commenté Pierre-Olivier Variot. Et de déplorer que les flux des industriels, en particulier les génériqueurs, ne passent toujours pas par les grossistes-répartiteurs (qui, eux, ont de 0 à 3 jours de stocks…). Autant dire que cela exaspère la profession. « Le Gemme n’a pas répondu à nos questions. L’association a juste dit que les génériqueurs n’avaient pas eu le temps de mettre en place cela. Or, l’ANSM leur avait déjà adressé un courrier le 14 octobre pour que les génériqueurs passent par la répartition », a fait remarquer le président de l’USPO. Une autre réunion, cette fois-ci avec les associations de patients, doit avoir lieu dans 15 jours. La situation se sera-t-elle améliorée ? Aurélien Rousseau, ministre de la Santé et de la Prévention, a pourtant prévenu le 10 novembre tous les acteurs de la chaîne du médicament : s’ils n’appliquent pas la charte, des sanctions pourraient être décidées.

Détournement vers d’autres pays ?

Autre sujet d’agacement : les tensions d’approvisionnement en Ozempic et Trulicity. « Nous avons reçu un mail de Novo Nordisk demandant qu’il n’y ait pas d’initiation de nouveau traitement avec Ozempic. La France est le seul pays où c’est interdit. Dans les autres pays, les initiations de nouveaux traitements sont seulement limitées. Est-ce un problème de traduction du mail ou une volonté du laboratoire de privilégier certains pays au détriment d’autres ? », s’interroge le président de l’USPO, sachant que les prix des médicaments sont (plus) faibles en France.

Pierre-Olivier Variot estime par ailleurs que le mésusage d’Ozempic ne peut être la seule cause des tensions d’approvisionnement, même s’il peut y contribuer. Reste que ce mésusage est constaté par certains pharmaciens. « A Angoulême (Charente), un pharmacien a refusé de délivrer Ozempic à une esthéticienne qui l’utilise dans le cadre de cures d’amaigrissement pour ses clients et qui était venue à l’officine pour une téléconsultation en vue du renouvellement d’une ordonnance. Face au refus du pharmacien, la personne a agressé la préparatrice », a relaté le syndicaliste. L’utilisation d’Ozempic hors indication est donc loin d’être un problème résolu.

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