Les comptes annuels

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Publié le 1 juin 2013
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Professionnel de santé, le pharmacien doit également être un gestionnaire averti. L’analyse de ses comptes ne doit pas être négligée : elle permettra de repérer les signes d’alerte afin de rectifier le tir en amont. Taux de marge, performance commerciale de gestion, résultat d’exploitation…, des spécialistes vous guident dans la construction d’un bilan. Les comptes de quatre types d’officine sont également décrits et interprétés.

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Une entreprise individuelle correctement financée

1 Un besoin en fonds de roulement négatif est appelé ressource en fonds de roulement.

2 La rémunération du titulaire figure dans les charges du compte de résultat.

3 Le résultat net comptable est proche du résultat fiscal.

Une pharmacie exploitée en SNC financièrement saine

4 Il faut comptabiliser les cotisations sociales des pharmaciens à l’IR dans les charges de la société.

5 Les bénéfices du haut de bilan ne peuvent pas être distribués aux associés s’il n’y a pas la trésorerie suffisante.

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6 Les intérêts des emprunts contractés à titre individuel par les associés pour le rachat de parts de société figurent dans les charges de société.

Une officine en SARL dont la trésorerie est dans le rouge

7 Il est conseillé d’avoir un montant en trésorerie qui équivaut de 2 à 5 % du chiffre d’affaires.

8 La capacité d’autofinancement correspondant à l’EBE.

9 Un FR (fonds de roulement) trop faible peut être lié à un bénéfice en baisse.

Une pharmacie exploitée en SELARL à la situation financière fragile

10 Une trésorerie positive résulte d’un FR positif supérieur à un BFR positif.

11 Le tableau des flux financiers permet de comprendre comment sont consommés les bénéfices.

12 Bénéfices ne riment pas toujours avec trésorerie.

Réponses

1 VRAI : Le cycle d’exploitation engendre une ressource qui alimente la trésorerie.

2 FAUX : Elle n’est pas toujours comptabilisée.

3 VRAI : Sous-réserve de retraitements secondaires.

4 VRAI : Cela permet de limiter les risques d’oublis et d’anomalies.

5 FAUX : Le montant distribué peut être versé au compte courant des associés même s’il est indisponible.

6 FAUX : Ils sont en revanche appréhendés extra-comptablement et sont déductibles fiscalement et socialement des revenus en cas de rachat de parts de sociétés à l’IR.

7 FAUX : ce montant est plutôt entre 5 et 10 %. Cet objectif concerne toutes les pharmacies quel que soit leur mode d’exploitation.

8 FAUX : C’est la somme du résultat auquel on ajoute les dotations aux amortissements.

9 VRAI : La solution peut consister à laisser plus d’argent dans la société (baisser les prélèvements des associés).

10 VRAI : Un BFR négatif peut générer des ressources telles que le FR peut être négatif, tout en assurant une trésorerie positive.

11 VRAI : Ce contrôle permet d’éviter les difficultés de trésorerie.

12 VRAI : Le résultat est absorbé dans des flux de « répartitions » (prélèvements ou rémunération des titulaires, dividendes dans le cadre d’une société, remboursement des emprunts).

CAS PRATIQUE N° 1

Une entreprise individuelle correctement financée

Albert est installé dans une pharmacie installée en ville. Il exerce en entreprise individuelle. Les résultats sont soumis à l’IR (impôt sur le revenu). Quels sont les éléments essentiels qui doivent figurer dans ses comptes ?

1. LA SITUATION D’ALBERT

L’activité est en retrait. Le taux de marge se maintient aux alentours de 29 % depuis trois ans. Les charges d’exploitation étant en hausse sensible en 2012, la rentabilité, mesurée par la performance commerciale de gestion (PCG), perd 11,23 %. En pourcentage du chiffre d’affaires, elle est de 11,67 %. Les dotations aux amortissements constatent la dépréciation sur plusieurs années des investissements engagés cette année ou antérieurement. Le résultat net comptable, le plus souvent proche du résultat fiscal, sert de base de calculs à l’IRPP (impôt sur le revenu des personnes physiques). Il est employé à rembourser les emprunts et à investir et/ou est prélevé par le titulaire « pour vivre ».

2. L’ANALYSE DU BILAN

• Le bilan de la pharmacie est équilibré. Le fonds de roulement (FR) est positif : en fait, l’autonomie financière est presque totale, du fait de l’absence d’endettement à long terme. Avec un besoin en fonds de roulement (BFR) négatif, la trésorerie apparaît confortable. Celle-ci, d’un montant de 33 000 €, est obtenue en déduisant le BFR négatif (– 15 000 €) du fonds de roulement (18 000 €). Néanmoins, la trésorerie a presque diminué de moitié entre 2011 et 2012 en raison des prélèvements de l’exploitant qui ont été supérieurs aux résultats dégagés. Ces prélèvements ont été de 112 000 €.

• Les mouvements financiers intervenant entre l’entreprise et le titulaire (apports et prélèvements) sont enregistrés sur un compte spécifique : il s’agit du compte de l’exploitant, qui figure au passif du bilan. Pour les titulaires exerçant en société, ces mêmes mouvements sont enregistrés sur un compte ouvert au nom de chacun, appelé compte courant.

• Les conclusions du spécialiste

Pour Olivier Delétoille, expert-comptable du cabinet AdequA, Albert doit prendre conscience que, s’il n’arrive pas à rétablir la rentabilité de son entreprise, il n’aura pas d’autre choix que de modérer ses prélèvements à l’avenir, au risque de déséquilibrer son bilan (recours au crédit fournisseurs, découverts bancaires, …). En effet, il ne peut indéfiniment prélever plus de 100 k€ par an si les résultats dégagés sont moindres.

3. SAVOIR UTILISER TROIS RATIOS ESSENTIELS

La performance commerciale et de gestion

• Elle est calculée en soustrayant du chiffre d’affaires les charges suivantes :

– les achats consommés de marchandises après remises et coopérations commerciales ;

– les charges externes ;

– les impôts et taxes (contributions foncières des entreprises et sur la valeur ajoutée, taxe foncière et autres taxes assises sur les salaires). Attention : il ne s’agit ici ni de l’impôt sur le revenu, ni de l’impôt sociétés ;

– les frais de personnel (c’est-à-dire les salaires bruts de l’équipe augmentés des charges sociales patronales). À ce niveau, les charges personnelles du titulaire ainsi que sa rémunération éventuellement comptabilisée ne sont pas intégrées.

Elle permet de faire une comparaison réellement pertinente entre les officines, même si elles ont des caractéristiques différentes.

L’excédent brut d’exploitation (EBE)

• L’EBE prend en compte toutes les charges inhérentes à la pharmacie, exception faite d’une part des charges financières (liées directement à la surface financière du pharmacien ou à son ancienneté dans la profession), d’autre part des dotations aux amortissements et aux provisions (dépendant principalement des choix fiscaux et des décisions d’investissement du titulaire).

• L’EBE constitue le « cash-flow » d’exploitation avant les charges financières. Son montant constitue la ressource (d’exploitation) qui doit permettre de rembourser les emprunts engagés, de subvenir aux besoins du titulaire (impôt sur le revenu compris) pour les pharmaciens exploitant en entreprise individuelle, d’investir et d’améliorer le niveau de trésorerie.

• Est-il un indicateur pertinent d’analyse de la rentabilité ? En raison des deux régimes d’imposition possibles (IR ou IS), des différents modes d’exercices (en entreprise individuelle, en SNC, SARL, SELARL…) et des diverses options comptables, l’EBE est impacté de manière significative et n’autorise pas des comparaisons pertinentes entre officines.

La capacité d’autofinancement

C’est un indicateur financier essentiel et simple qui correspond aux résultats de l’entreprise augmentés des dotations aux amortissements. Il met en évidence, à partir du compte de résultat et des dotations aux amortissements (qui ne sont pas des charges décaissées), les liquidités dégagées pour :

• rembourser des emprunts ou des comptes courants d’associés ;

• investir ;

• rémunérer les associés sous forme de dividendes.

CAS PRATIQUE N° 2

Une pharmacie exploitée en SNC financièrement saine

La pharmacie de Bernard et Charles est implantée dans un quartier périphérique. Elle est exploitée par les deux titulaires, Bernard et Charles, en société en nom collectif (SNC), qui se partagent le capital à hauteur de 50 ?% chacun. Les résultats sont soumis à l’IR.

LA SITUATION

La progression d’activité reste soutenue par rapport à l’évolution du marché au plan national. Les variations de taux de marge et des charges d’exploitation conduisent à une rentabilité maintenue en valeur depuis trois ans.

L’expert-comptable, dans le tableau des comptes, ne relève pas les cotisations des exploitants dans les comptes de la SNC (il pourrait le faire). Pour déterminer les bases de calculs des IRPP et des cotisations sociales des associés, il procédera de manière extra-comptable, comme suit :

2. L’ANALYSE DU BILAN

• Les apports et les retraits des associés sont enregistrés au compte courant de chacun. L’assemblée des associés décide en général de distribuer intégralement les résultats dégagés. Ils sont alors « imputés » dans leurs comptes courants respectifs au prorata de leur détention au capital de la société.

• L’endettement professionnel ne figure pas nécessairement ou intégralement au passif du bilan. Cette situation classique se rencontre lorsque les associés ont emprunté pour racheter les parts d’une société auprès de précédents pharmaciens. Les intérêts de ces emprunts ne figurent pas dans les charges de ladite société. Il faut donc procéder à un retraitement avant toute analyse de gestion comparative. Les associés personnes physiques pourront déduire fiscalement et socialement les intérêts d’emprunts de leurs revenus professionnels en accompagnant leur déclaration d’ensemble des revenus d’une note explicative, s’il s’agit d’une société à l’IR.

• Pour Laurent Cassel, expert-comptable du cabinet AdequA, la situation est saine. Les titulaires laissent suffisamment de résultats dans la société (en modérant leurs prélèvements) pour couvrir le remboursement des emprunts. Sur le plan financier, il s’agira juste de s’assurer que la société sera en mesure de poursuivre les remboursements d’emprunts jusqu’en 2019 (terme de l’échéancier) et que les associés auront suffisamment de ressources pour vivre, malgré une fiscalité lourde. L’actualisation du business plan apparaît souhaitable.

3. TROIS INDICATEURS ESSENTIELS

Les trois ratios relatifs au cycle d’exploitation (BFR)

Le bilan peut être complété par l’analyse de trois autres ratios financiers :

• Le ratio « durée de rotation du stock » (en jours) = [[(stock début + stock fin)/ 2] / achats H.T. consommés de l’exercice] × nombre de jours (365). Ce ratio de rotation mesure le délai d’immobilisation, en jours d’achat et facilite les comparaisons dans le temps ou avec d’autres officines. Mais l’objectif est d’équilibrer son stock de manière à répondre à la demande, sans pénaliser la trésorerie de l’officine. Les stocks de début et fin sont évalués à la même date dans l’année (sauf changement de date de clôture d’exercice).

• Le ratio « durée de crédit client » (en jours) = [[(solde client début exercice + solde client fin d’exercice)/2]/chiffre d’affaires TTC] × nombre de jours (365). Ce ratio mesure la durée que mettent en moyenne les clients pour régler leurs dettes.

• Le ratio « durée du crédit fournisseur » (en jours) = [[(solde fournisseurs début exercice + solde fournisseurs fin exercice)/2]/achats TTC] x nombre de jours (365). Ce ratio mesure la durée que l’officine met en moyenne pour régler ses fournisseurs.

Quelle est leur utilité ?

Le calcul de ces trois ratios et l’analyse de leur évolution dans le temps permettent de détecter une mauvaise maîtrise du cycle d’exploitation et de mettre en place des actions correctives (réduction des stocks, allongement des délais fournisseurs, réduction des créances clients).

L’ABC…

Le bilan pour les nuls

Les performances de chaque pharmacie sont traduites dans les comptes annuels au travers de deux documents essentiels, le compte de résultats et le bilan. Le premier traduit assez simplement le « film » d’une année d’activité en mettant en lumière les résultats dégagés par différence entre les produits et les charges. Le deuxième, le bilan, présenté de manière synthétique, apuré des informations inutiles, présente la « situation patrimoniale » de la société. Il révèle des informations fondamentales sur les équilibres et les stratégies financières en prévenant des risques de défaillance. Il apparaîtra fort utile de savoir interpréter la santé financière de son entreprise au travers de la lecture du bilan et du compte de résultat. Par ailleurs, il est parfois intéressant d’analyser un troisième document : le tableau des flux financiers. Il explique l’évolution des masses monétaires en répondant à une question apparemment simple : où est passée la trésorerie ? Décortiquons « au jour le jour » la construction et l’évolution d’un bilan en fonction de l’avancée des affaires de Pierre, pharmacien, en phase d’installation.

1. LE PREMIER JOUR

Pierre a des vues sur une officine qu’il a négociée à un prix raisonnable. Préalablement, il constitue une société au capital de 150 000 €.

2. LE DEUXIÈME JOUR

Les liquidités résultant de ses apports en capital peuvent servir au financement de ses projets. La pharmacie a été négociée pour 1 M€ (éléments corporels et incorporels). Mais la banque acceptera de financer, seulement si Pierre fournit un effort supplémentaire au plan financier. Persuadé de la réussite de son projet, il avait anticipé le problème d’apport personnel en vendant son studio. De cette vente, il a récupéré 100 000 € qu’il apporte à sa société.

Son apport est inscrit à son nom en compte courant au passif du bilan, c’est-à-dire que la société matérialise une dette vis-à-vis de son associé. Pierre espère naturellement récupérer cette avance un jour. Cet apport complémentaire vient alimenter la trésorerie de la société pour être employé à son développement. Le banquier désormais rassuré et persuadé de l’implication du dirigeant et des bonnes chances de succès du projet, accepte de prêter 850 000 € à la société.

3. LE TROISIÈME JOUR

Aussitôt, Pierre procède à l’acquisition du fonds de commerce englobant les éléments incorporels (droit au bail, clientèle, licence…) et les éléments corporels, ventilés respectivement 900 000 € et 100 000 €. La trésorerie est largement ponctionnée par ce rachat.

Le rachat du fonds de commerce occasionne des frais (droits d’enregistrement et frais d’actes) pour 70 000 € constatés dans les charges de la société. La société commence ainsi par enregistrer des pertes exceptionnelles, qui seront couvertes par les activités bénéficiaires du premier exercice.

Pierre a obtenu un crédit/vendeur auprès du précédent titulaire pour le paiement du stock, payable sur 12 mois.

Il procède à des investissements afin d’aménager son espace commercial pour 30 000 €, payés comptants.

Enfin installé, il procède à l’achat de marchandises auprès de son grossiste pour 30 000 €. Celui-ci accorde à la société un crédit à 30 jours. La société n’a plus « un sou en caisse » mais peut enfin débuter ses activités.

4. APRÈS 12 JOURS

La situation

Pierre a réalisé 50 000 € de chiffre d’affaires, encaissé immédiatement, en vendant 27 % des stocks achetés.

Le bilan établit après 12 jours d’exploitation constate un bénéfice brut de 15 000 € sur les opérations commerciales, et pour rappel, des frais d’installation pour 70 000 €. Le stock est amputé de 35 000 €, et la trésorerie retrouve des couleurs à 50 000 €, produit des ventes réalisées :

FR, BFR et trésorerie

A ce stade de la présentation, les notions de fonds de roulement (FR), besoin en fonds de roulement (BFR) et trésorerie (TR) se dessinent.

• Le fonds de roulement (FR)

C’est la différence entre les financements stables et le montant des biens stables (immobilisations ou investissements nets d’amortissements). Une affaire avec un bilan structurellement bien équilibré doit financer ses investissements par des ressources stables. A l’inverse, s’ils sont financés avec du passif, à court terme, l’entreprise se trouvera rapidement asphyxiée. Cela signifie que l’entreprise n’a pas mis en place les financements nécessaires pour investir dans ses outils d’exploitation, soit par des apports des dirigeants ou des associés investisseurs (en cas de SEL), soit par des concours d’organismes financiers.

• Le ratio d’autonomie financière

Pour contrôler son niveau d’endettement, il faut se référer au ratio d’autonomie financière qui doit, si possible, s’améliorer au fil du temps. L’autonomie financière se mesure par la proportion de fonds propres par rapport à l’ensemble des capitaux détenus sur une longue période. L’autonomie financière est, en effet, le rapport entre les fonds propres et le total des capitaux permanents (ou financements stables). Il est faible la première année en général, autour de 20 % en moyenne, et est naturellement de 100 % quand tous les emprunts sont remboursés.

• Le besoin en fonds de roulement (BFR)

Le BFR se définit comme l’argent qu’il faut mettre dans la société pour la faire fonctionner. En pratique, il dépend directement du volume d’activité de l’entreprise.

Le stockage des marchandises et le délai d’encaissement des créances (clients et autres) impliquent un besoin de financement pas toujours couvert. Il existe en effet un décalage dans le temps entre le moment de l’achat des marchandises et celui de leurs paiements aux fournisseurs, entre le moment où les marchandises sont réceptionnées dans la pharmacie et celui où elles sont effectivement revendues, entre le moment où elles sont revendues et le moment où elles sont encaissées, etc. Si le dirigeant règle plus vite ses fournisseurs que ses clients ne le payent, il aura alors un BFR positif qui devra être financé. A contrario, un BFR négatif (aussi appelé excédent de financement d’exploitation),donc favorable à l’entreprise, se rencontre quand elle encaisse plus vite ses créances qu’elle ne règle ses dettes (stocks et créances inférieurs aux dettes à court terme).

• La trésorerie nette (TR)

Mathématiquement, il s’agit de la différence entre le FR et le BFR : TR = FR – BFR. La trésorerie comprend l’argent en banque ou en caisse. Elle est le point de convergence de toutes les mesures de gestion. Ainsi, par exemple, une entreprise qui autofinance de manière importante ses investissements, et qui a des délais de règlement clients biens supérieurs à ceux de ses fournisseurs, a des besoins importants en trésorerie, et donc une trésorerie négative. Inversement, une entreprise qui finance par emprunt ses investissements, et qui encaisse rapidement ses clients, a en principe une trésorerie positive.

5. APRÈS 30 JOURS, APRÈS UN AN

Le compte de résultat

Le compte de résultat s’établit après un mois, puis un an d’activité comme ci-dessous.

Cinq précisions utiles :

• Les charges externes englobent pour l’essentiel les consommations d’électricité, frais postaux, assurances, frais de déplacements, honoraires, cotisations…

• Les dotations aux amortissements viennent constater la dépréciation des immobilisations corporelles (matériels, agencements, informatique, mobilier, véhicules) ;

• Le résultat financier est composé de la différence entre les produits financiers (quand la trésorerie est placée) et les charges financières. Ici, le résultat financier négatif correspond aux intérêts de l’emprunt : 850 000 euros × 3,1 % = 26 millions d’euros après un an.

Ainsi, les intérêts d’emprunt sont des charges déductibles des résultats, alors que le remboursement du capital de l’emprunt ne l’est pas. L’annuité d’emprunt est ici identique pendant 12 ans (à 86 k€), mais naturellement le poids des intérêts diminue dans le temps au profit du remboursement du capital.

• Les frais d’installation « plombent » les résultats du premier exercice uniquement. C’est pour cette raison qu’ils sont classés au niveau du résultat exceptionnel.

• L’impôt sociétés (IS) payés par la société est égal ici à 15 % du résultat avant IS : (17 000 € + 3 000 €) × 15 % = 3 000 € (arrondis).

Le résultat net comptable est de 17 k € (arrondis) en 2012. Ce bénéfice se retrouve en haut de bilan (cf. ci-dessous), dans les financements stables.

Le bilan

Le bilan, « photographie » au 31 décembre 2012, est le suivant, avec des observations préalables :

• Le fonds de commerce ne s’amortit pas et figure au bilan pour sa valeur d’acquisition. Il pourrait faire l’objet d’une dépréciation comptable si sa valeur d’inscription à l’actif se révélait notoirement inférieure à sa valeur de marché.

• Les immobilisations corporelles se détériorent avec le temps. La valeur brute en début d’année de 130 000 € est dépréciée de 24 000 € au travers des dotations aux amortissements constatées dans le compte de résultats ci-dessus.

• L’emprunt est de 790 447 € du fait du remboursement du capital au cours de l’exercice pour 59 553 €.

• Le FR est positif de 51 447 € et couvre le BFR qui « immobilise » à l’instant du bilan 17 000 €. La trésorerie est en conséquence positive de 34 447 €. La structure du bilan apparaît équilibrée.

CAS N° 3

Une officine en SARL dont la trésorerie est dans le rouge

Daniel et Elodie exploitent une pharmacie située dans un centre commercial. Il s’agit d’une SARL dont les résultats sont soumis à l’impôt sur les sociétés.

L’ANALYSE DES RÉSULTATS

L’activité est en progression continue. Mais la politique de prix agressive s’est traduite par une baisse continue du taux de marge depuis 3 ans. Par ailleurs, les charges d’exploitation ont progressé de manière significative et, en définitive, la rentabilité enregistre un recul significatif.

L’ANALYSE DU BILAN

La dégradation des résultats

Les résultats « fondent comme neige au soleil » (181 k€ en 2010, 152 k€ en 2011 et 102 k€ en 2012). La capacité d’autofinancement (résultat + dotations aux amortissements) de l’exercice 2011/2012 est de 157 k€ (voir le compte de résultat) et est donc nettement inférieure aux emprunts à rembourser. En effet, le remboursement en capital des emprunts a été de 235 k€ (voir le passif du bilan 2 752 k€ – 2 517 k€). Ce déséquilibre structurel est dangereux pour la physionomie du bilan.

• Le FR se dégrade, alors même que les résultats 2011 ont été intégralement maintenus dans la société en étant affecté en réserves (il n’y a pas eu de dividendes) ;

• La société a rallongé ses délais de paiements auprès de ses fournisseurs ;

• La trésorerie globale est dangereusement dans le rouge.

Les conclusions d’Amaury Tierny, expert-comptable

A la lecture du bilan, nul doute que des actions préventives sont à mettre en œuvre pour éviter que la situation ne se détériore encore :

• au plan commercial (politique de prix) ;

• au plan de la gestion (négociation des achats et maîtrise des charges) ;

• sur le plan financier (réétalement des emprunts ou apports financiers des associés).

Les actions possibles pour redresser sa trésorerie

• Augmenter son fonds de roulement (FR).

L’officine de Daniel et Elodie souffre d’un FR trop faible : le bénéfice est en baisse en année n – 1 ; les prélèvements en année n sont supérieurs aux bénéfices de l’année n – 1 ; les mensualités d’emprunt sont élevées

• Laisser de l’argent dans l’affaire : diminuer la distribution des bénéfices en année n pour augmenter ses réserves.

• Développer son activité et réduire ses charges pour augmenter les bénéfices

• En entreprise individuelle, les titulaires pourront augmenter les capitaux propres de l’entreprise par un apport de fonds. En société, ils pourront augmenter le capital, soit par de nouveaux apports des associés, soit en accueillant de nouveaux porteurs de parts.

• Réétaler l’emprunt.

• Revoir ses projets d’investissement à la baisse.

• Vendre un élément de l’actif immobilisé (murs, matériel…) et le reprendre en location.

Réduire son BFR

• Réduire les stocks

• Réduire les crédits clients.

• Augmenter le crédit fournisseur (marge de manœuvre réduite avec l’application de la loi LME).

• Renégocier son crédit à court terme. Mieux vaut négocier un découvert en montant un peu plus que nécessaire pour être sûr de ne pas demander une rallonge tous les mois.

Difficultés de trésorerie : les questions à se poser

• Immobilisations : sont-elles bien financées par du crédit à long terme ?

• Stocks : n’y a-t-il pas de « rossignols » ? Des stocks trop importants ?

• Les prélèvements personnels ne sont-ils pas trop élevés ?

• Crédit clients : est-il bien suivi administrativement ?

Conseils pour maintenir un bon équilibre financier

• Réserver l’essentiel de sa trésorerie pour faire face aux besoins d’exploitation courants.

• Financer les investissements à plus de 50 % par un emprunt ou par un apport de fonds propres.

• Examiner avec soin l’évolution du BFR : suivre les délais de règlement des clients et des fournisseurs.

CAS N° 4

Une pharmacie exploitée en SELARL à la situation financière fragile

La pharmacie est exploitée par une jeune titulaire, Françoise, installée en milieu rural en association avec un investisseur, en SELARL, à l’IS. Une attention particulière sera ici portée aux flux financiers de la SELARL de Françoise.

L’ANALYSE DES RÉSULTATS

L’activité est en retrait, mais l’excellente gestion traduite par un taux de marge élevé et des charges d’exploitation maîtrisées conduit à un niveau de rentabilité, mesurée par la PCG, tout à fait honorable.

Les résultats nets apparaissent pour l’instant suffisants pour faire face aux engagements de remboursement de l’emprunt.

L’ANALYSE DU BILAN

L’interprétation du bilan

La structure financière est équilibrée. Les résultats des deux premiers exercices 2010 et 2011 ont été affectés en réserves. Cette décision évite d’affecter la fiscalité personnelle des associés. En effet, ils se montrent prudents : compte tenu de l’endettement encore significatif de la société, ils décident de ne pas se verser de dividendes.

Les conclusions d’Olivier Delétoille

La situation de trésorerie s’est tout juste remise à flot grâce à l’excellence de la rentabilité. Il faut poursuivre les efforts et conforter la trésorerie pour faire face aux aléas commerciaux conjoncturels.

Le tableau des flux financiers

Au moment d’établir le plan de financement, avant l’installation, le tableau des flux financiers prévisionnels est, après le compte de résultat, le document le plus essentiel. Il permettra de s’assurer que le projet « passera ou ne passera pas » en termes de trésorerie sur la durée des emprunts sollicités. Il est dès lors nécessaire de s’assurer que les flux générés de la première année sont dans la lignée du budget. Une évolution moins favorable que prévue conduira à s’interroger et à anticiper les décisions à prendre.

Marge : de quoi parle-t-on ?

• Le taux de marge brute se calcule en comparant la marge brute dégagée en valeur au CA (Marge brute/CA global hors taxes) ;

• La marge brute intègre l’ensemble des opérations de l’officine et prend en considération toutes les activités (ventes comptoir, locations, coopérations commerciales, honoraires, etc.) ;

• La marge commerciale n’intègre que les activités d’achats et de ventes de marchandises ;

• La méthode de comptabilisation et d’appréhension des coopérations commerciales influencera le taux de marge global sans pour autant, naturellement, affecter la marge nette globale en valeur.

Pour une analyse comparative pertinente entre officines et de son évolution dans le temps, il est conseillé d’appréhender le taux de marge avec l’ensemble des remises et coopérations commerciales intégrées en diminution des achats.

Ce qu’il faut retenir

Le compte de résultat est un compte de flux (ou de variation de valeur), alors que le bilan est un compte de stock (ou de valeurs).

La présentation du compte de résultat la plus utilisée est celle des soldes intermédiaires de gestion.

Bilan et compte de résultat proviennent de la même source d’information, mais présentent l’entreprise sous des aspects différents. Le compte de résultat retrace le film de l’activité de l’entreprise (charges, produits) alors que le bilan est une photographie à un instant donné du patrimoine de l’entreprise (actif, passif). Le tableau ci-dessous montre que le film et cette photographie viennent du même appareil.

Recommandations importantes

La PCG est le solde de gestion le plus intéressant pour mesurer la performance économique globale d’une officine. Le résultat de ce ratio (% du CA) n’est pas influencé par les cotisations sociales du ou des titulaires, par la situation ou la politique financière (générant des produits et charges financières), par la politique d’investissement (générant des amortissements), par les éléments exceptionnels (traduits dans les produits et charges exceptionnels, et notamment les frais d’installation) et, enfin, dans certains cas, par l’impôt sur les sociétés. Tous ces postes viennent effectivement en déduction pour donner le résultat comptable.

A partir de l’analyse des quatre situations d’officine anaysées dans ce cahier, quel bilan peut-on tirer ?

Une entreprise individuelle correctement financée :

Dans ce premier cas, le FR est suffisant pour assurer une trésorerie positive. De plus, le cycle d’exploitation engendre non pas un besoin, mais une ressource en fonds de roulement, d’où une trésorerie consolidée.

Une SNC financiérement saine :

Le FR apparaît supérieur au BFR et permet d’assurer une trésorerie positive avec le financement du BFR.

Une SARL à l’IS dont la trésorerie est dans le rouge :

Le FR est très négatif (les immobilisations sont-elles bien financées par du crédit à long terme ?) et la ressource en fonds de roulement (BFR négatif) ne parvient pas à pallier l’insuffisance des capitaux permanents.

Une SELARL en situation financière fragile :

La structure reste fragile en dépit de sa très bonne rentabilité. La ressource en fonds de roulement (BFR négatif) parvient ici à pallier l’insuffisance des capitaux permanents et à assurer une trésorerie légèrement positive.

À NOTER

Il ne faut pas confondre le « compte courant d’associé » avec le « compte courant bancaire ». Ce dernier fait simplement référence aux documents établis par la banque (extrait bancaire) qui récapitule l’ensemble des dépenses et des entrées bancaires enregistrées par elle.

Le compte de résultat

L’objet du compte de résultat est d’étudier l’activité de l’entreprise lui permettant de dégager un bénéfice (ou résultat) net positif ou, au contraire, un déficit, durant l’exercice. Il est destiné à mettre en lumière la variation de richesse de l’entreprise.

L’analyse des résultats est opérée au travers des soldes intermédiaires de gestion visant à mettre en évidence les indicateurs essentiels et spécifiques à l’activité d’une pharmacie :

• Le chiffre d’affaires (négoce, prestations, locations, gardes, rétrocessions aux confrères, celles-ci étant imputées en diminution des achats) ;

• La marge (décortiquée par secteurs d’activités) : c’est la différence entre les ventes de produits et les achats consommés (stock initial + achats de l’exercice – stock final).

• La performance commerciale et de gestion (PCG), véritable indicateur de rentabilité et autorisant des comparaisons pertinentes entre les différentes typologies d’officines (indépendamment de leur forme juridique, de leur régime d’imposition et de certaines options comptables). Au-delà, une comparaison plus fine, par typologie d’officine, est possible (rural, centre commercial, urbain, quartier, discounter…) ;

• Le résultat net ou bénéfice net. C’est l’enrichissement théorique de l’entreprise.

POUR APPROFONDIR

La rémunération des dirigeants et des associés en SELARL à l’IS

Dans la situation de Françoise, trois personnes différentes perçoivent des revenus et sont séparément imposées. D’un côté, la personne morale (la société) et, de l’autre, les associés personnes physiques, l’exploitant et l’investisseur.

La rémunération du titulaire est comptabilisée dans les charges de la société. Elle est fixée en assemblée. Il n’y a pas de fiche de paye mais de simples écritures comptables matérialisant la décision du (ou des) associé(s). Le statut social du dirigeant sera celui de TNS (travailleur non salarié). Ses cotisations sociales seront calculées sur la base de sa rémunération nette.

Le résultat net peut être maintenu dans la société en étant « affecté » en réserves. Si le (ou les) associé(s) décident de le distribuer, en tout ou partie, il s’agira d’un dividende, mais alors imposé de manière particulière au niveau des associés. Cette distribution peut être décidée même si la société n’a pas de trésorerie. Les conséquences seront fiscales pour les associés. Ainsi, l’associé personne physique titulaire/gérant d’une société à l’IS, sera imposé au titre de l’IRPP sur la base de la rémunération comptabilisée dans les comptes de la société et des dividendes prélevés sur les résultats et versés l’année suivante. A noter qu’en principe, la rémunération récompense le travail du dirigeant tandis que les dividendes rémunèrent le capital investi et les résultats maintenus dans la société.