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« Pourquoi j’ai choisi de diriger un CFA »
Parce que, selon lui, l’avenir de l’officine passe par une adaptation de ses ressources humaines à un environnement de plus en plus concurrentiel, Jean-Philippe Roure, titulaire, a accepté de diriger le conseil d’administration du CFA du Var. Un nouveau programme de cours a vu le jour, axé notamment sur le conseil ou la relation client.
Entre les travaux de rénovation complète de l’officine reprise un an auparavant, la gestion au quotidien, le conseil au comptoir et les tâches « ordinaires » qu’il partage avec Jean-Michel Blanchard, son associé, Jean-Philippe Roure a tout de même trouvé l’énergie de prendre les rênes du centre de formation des apprentis (CFA) en pharmacie de Toulon. C’était le 18 décembre 2007, date à laquelle il a été élu à la présidence du conseil d’administration de l’Association pour la formation des préparateurs en pharmacie du Var qui gère le CFA. Autant dire qu’il n’a depuis aucun problème pour occuper ses jeudis après-midi « libérés » de l’officine de La Seyne-sur-Mer. Il les passe à Toulon, dans les locaux du CFA, avec Evelyne Grillo, pharmacienne, directrice de la structure. Au menu : la signature et la préparation des courriers, le point sur les factures, la trésorerie, la préparation du conseil d’administration mensuel, le suivi des projets dont il a pris sa part, les rencontres avec les institutions, etc.
Une expérience industrielle instructive
Pourquoi avoir pris cet engagement alors qu’il faisait ses premières armes de titulaire, après une dizaine d’années passées dans l’industrie chez Ipsen comme responsable du contrôle qualité ? « C’est le hasard qui a fait les choses, répond simplement Jean-Philippe Roure. A la demande d’une enseignante, rencontrée lors de son passage à la pharmacie, j’ai senti que mon expérience de l’industrie pouvait être utile et je me suis présenté au conseil d’administration et j’ai été élu pour trois ans. Lors de sa première réunion, nous avons fait un tour de table pour présenter nos projets. J’ai dû être plus convainquant que les autres… » Il n’en dira pas plus, le sujet étant manifestement un peu sensible. Jean-Philippe Roure est en revanche intarissable sur le plan stratégique 2008-2009, qui a pour objectif « d’améliorer la compétitivité de nos apprentis et de favoriser leur insertion sur le marché du travail » mais aussi de « diversifier les activités de l’école en proposant des formations continues de haut niveau pour les préparateurs et les pharmaciens ».
Il y a dans la démarche de l’équipe du CFA plus qu’un simple changement de programme. Il s’agit également d’une réflexion sur l’évolution de l’officine et du rôle du préparateur que le pharmacien de terrain aura voulu commencer à traduire concrètement dans la formation.
« Etre meilleurs et nous diversifier »
Le premier volet du plan 2008-2009 repose sur l’amélioration des compétences des préparateurs. Jean-Philippe Roure explique : « L’officine est en danger. Elle s’en sortira si elle adapte ses ressources humaines à un environnement où les grandes surfaces, comme Leclerc, sont en embuscade. Il faut être meilleur dans le conseil, lequel constitue notre vraie valeur ajoutée. Il faut être meilleur dans la relation de tous les jours avec le client. Il faut se diversifier et se spécialiser dans de nouvelles activités comme le maintien à domicile, l’orthopédie, la diététique, la cosmétique, la nutrition pour bébé, le sportif, etc., pour éviter que les clients qui viennent à l’officine pour les médicaments aillent acheter ces produits ailleurs. Il faut, enfin, progresser dans la relation avec les fournisseurs, établir un partenariat gagnant-gagnant, savoir négocier, acheter, etc. Ce constat nous a conduits à adapter la formation initiale des préparateurs. »
La formation continue pour conforter le CFA
Au programme : des ateliers pratiques, deux fois par an, dès cette rentrée 2008-2009 en collaboration avec les laboratoires, sponsors privilégiés, sur la contention, la nutrition, l’utilisation des kits de glycémie, le matériel médical, les logiciels de gestion, les pansements, etc. Plus l’organisation d’entretiens d’embauche pour les 2e année avec les cabinets de recrutement ou les agences d’intérim, l’introduction d’un module de communication dans le cursus et, plus tard, des formations à l’achat.
Deuxième élément du projet, la diversification des activités de l’école. Sur ce sujet, Jean-Philippe Roure est catégorique : « A Toulon, comme partout ailleurs en France, le passage de cinq à deux ans du cursus de préparateur fragilise la structure financière des centres de formation des apprentis parce qu’ils ont moins d’apprentis. Or, les subventions du conseil régional sont liées au nombre d’apprentis. Pour amortir les charges fixes, investir dans l’outil de formation, etc., il faut trouver de nouvelles ressources comme la taxe d’apprentissage et la mise en place de formations continues pour les salariés de l’officine, préparateurs et pharmaciens. » Cinq modules ont été ciblés : le maintien à domicile, la communication, la diététique et nutrition (déjà réalisés), la dermocosmétique et la phytothérapie. Ces modules devraient contribuer à faire de Toulon « le point de ralliement de toute la profession dans le Var ».
« Le CFA est une entreprise comme les autres »
Pour réussir le projet, le nouveau président ne se contente pas de ses jeudis après-midi studieux. Il tient quotidiennement des échanges Internet et téléphoniques avec Evelyne Grillo, avec suivi des indicateurs financiers du CFA, en liaison avec le contrôleur de gestion. Bénévole à 100 %, tout comme les autres administrateurs, Jean-Philippe Roure n’en conduit pas moins le CFA avec professionnalisme, parce qu’« il n’est peut-être pas une entreprise comme les autres mais, comme les autres, c’est une entreprise ».
Envie d’essayer ?
Les avantages
– Se lancer dans une telle activité nécessite de sortir de l’officine, de développer des contacts avec la presse, la chambre de commerce, le conseil régional, les institutions publiques… Une ouverture forcément bénéfique.
– Pour un adjoint, prendre ce type de responsabilités permet de « se frotter » à la gestion.
– Prendre de nouvelles responsabilités, le leadership sur la conduite de projets, est toujours enrichissant.
– Dans le contexte actuel, s’impliquer pour adapter la formation des professionnels de l’officine, c’est aussi une façon de s’engager pour la profession et son avenir.
Les difficultés
– Evidemment, la fonction est dévoreuse de temps.
– Les responsabilités financières.
– Prendre des décisions d’investissement et faire des choix stratégiques est toujours délicat, de même que trouver la bonne équipe pour faire avancer les choses.
– Apprendre à supporter la pression.
– Régler le statut des enseignants.
Les conseils de Jean-Philippe Roure
– « On n’est pas président pour avoir des honneurs ou pour être une potiche mais pour conduire un projet d’envergure avec une équipe que l’on n’a pas forcément choisie au départ. »
– « Seul on n’est rien. Il faut travailler tous ensemble, partager les responsabilités et veiller à ce que les projets soient réalisés. »
– « Il faut absolument veiller à l’adhésion de chacun au projet, y compris les enseignants. »
– « Il ne faut pas vouloir tout faire soi-même mais se concentrer sur l’essentiel. »
– « Le plus efficace serait de faire déjà partie d’un conseil d’administration avant d’en prendre la présidence. »
– « Il faut gérer le CFA comme une entreprise, tout en sachant prendre plus de temps que dans une entreprise. Car on travaille ici avec des bénévoles. »
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