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Pourquoi avoir peur quand on sait gérer l’avenir ?
Economie, recrutement, valeur des fonds, ouverture du capital, groupements… Sur tous ces sujets concernant l’officine, nous avons interrogé près de deux mille confrères pour connaître leur degré d’optimisme. Cele en étonnera peut-être certains, vous êtes 61 % à vous montrer plutôt confiants dans l’avenir. Quoi de plus réjouissant pour débuter cette nouvelle année ?
Nous sommes très confiants ! Peut-être parce que nous exerçons en couple et que nous sommes jeunes diplômés. Peut-être aussi parce que notre pharmacie est grande, avance Hélène Rougier, titulaire de la Pharmacie de l’Yser à Douarnenez (29). Pourquoi ne pas être confiant ? La population vieillit, les gens ont de plus en plus envie de se soigner, de prendre soin d’eux… Mais, ceux qui sont installés depuis vingt ans et qui subissent chaque année des baisses de marge finissent par avoir le moral entamé. C’est normal ! »
Laurent Grenet, cotitulaire à Pont-Croix (29), est tout aussi optimiste : « Pourquoi avoir peur si l’on sait gérer l’avenir ? Nous savons tous que ça va changer, alors il faut s’y préparer. Il y aura des grosses structures, des participations entre plusieurs pharmacies, des protections. Le métier de pharmacien a su évoluer puisque je suis associé dans une pharmacie qui existe depuis 1889, c’est une garantie, non ? »
« Les pharmaciens ont raison d’être à 61 % confiants dans l’avenir, poursuit Patrice Bertez, installé à Lomme (59), car nous allons de plus en plus vers une meilleure utilisation des connaissances et des compétences des pharmaciens, comme en témoignent le droit de substitution, les actions de prévention organisées par l’Ordre ou les groupements. Des évolutions, des modifications, il pourra y en avoir mais notre métier est de plus en plus médical et c’est positif ! » Pour Mohammed Faiz, installé à Lille (59), cette confiance reflète aussi « un état d’esprit qui change », grâce au développement des compétences officinales, une meilleure acceptation des génériques par la clientèle, une meilleure organisation professionnelle…
« Ne pas trop regarder dans le rétroviseur ».
« Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste. J’attends de voir…, tempère Xavier Durand, installé depuis 20 ans et titulaire de la Pharmacie de la Poste à Martigné-Ferchaud (35). On ne pouvait pas rester derrière nos bocaux comme avant, mais je pense qu’on a atteint les limites dans la dérive commerciale et que l’on va vers plus de contrôle d’ordonnance, de professionnalisme… »
« Je préfère être pharmacien qu’ingénieur, à me demander comment ma boîte va fusionner et quand je vais me retrouver au chômage avec une formation bidon ! Le métier de pharmacien évolue, il faut simplement savoir s’adapter. Soit on continue une méthode ancestrale de distribution, soit on se réorganise dans des structures beaucoup plus grosses… Ceux qui ont perdu confiance doivent faire un peu trop de « rétroviseur ». Ah ! si on pouvait avoir la marge d’autrefois avec les chiffres de maintenant… Mais ce n’est pas possible ! », analyse Ronan Le Hénaff, installé à Rennes (35).
« Il y a plusieurs avenirs ».
Pour autant, Monique Nappi, de Loos (59), n’en demeure pas moins soucieuse, « avec l’Europe, l’ouverture du capital… ». Pour elle, trop peu de pharmaciens ont réalisé que leur avenir est basé sur toujours davantage de qualité et de prévention, qu’il leur faut justifier, mériter le monopole. « Nos confrères me paraissent singulièrement optimistes. Comment croire à une amélioration des chiffres d’affaires et des marges alors que nous ne connaissons pas ce que nous réserve le gouvernement en matière de santé ? Nous serions déjà satisfaits si nous parvenions à maintenir le niveau de notre activité », avance Marie-Madeleine Keppy, installée à Lunéville (57). Son associé, René Duchêne, poursuit : « Il y a une réelle incertitude quant à ce que j’appelle l’effet Mattei, le ministre qui semble disposé à modifier les règles. Dans ces conditions, comment faire des pronostics sérieux sur l’année à venir ?… »
Un pessimisme partagé par Bernard Lepage, installé depuis 25 ans à Ligny-en-Barrois (55). Il se justifie en évoquant, outre les nouvelles dispositions d’encadrement des dépenses de santé, un contexte local défavorable… qui le conduit à céder son officine lorraine pour s’associer dans une autre à Chamonix (74). « Je vais changer de pratique, et surtout connaître d’autres conditions de gestion, passant de 83 % de tiers payant à moins du quart de l’activité », souligne-t-il. Mais Ronan Le Hénaff est catégorique : « Il y a plusieurs avenirs. Moi je suis confiant ! Les gens timorés ont peur parce qu’ils ne savent pas s’adapter ! »
Sondage réalisé fin novembre 2003 sur un échantillon non représentatif de 1 783 pharmaciens titulaires.
La rétro 2003
JANVIER
– Le gouvernement lance la première grande campagne grand public de promotion des génériques. Parallèlement, l’Ordre lance sa propre campagne.
– Après avoir obtenu le statut de médicament, la DHEA entre dans la Pharmacopée.
FÉVRIER
– Le Collectif des groupements, émanation des onze plus gros groupements et de leurs 11 700 adhérents, se structure en association loi 1901. Il réclame notamment une restructuration du réseau et la mise en place d’une prescription pharmaceutique.
– Un arrêté du 11 février prévoit de nouvelles vignettes pour intégrer les tarifs forfaitaires de responsabilité.
Il est prévu de l’appliquer le 1er juillet.
– Un avenant à l’accord de branche sur la RTT est signé le 1er février. Le contingent d’heures supplémentaires est notamment porté à 150 par salarié et par an. En attendant d’être étendu, il n’est applicable qu’aux adhérents des syndicats signataires, FSPF et UNPF.
MARS
– Un arrêté d’application de la Loi sur les droits des malades fixe de nouvelles modalités d’élection à l’ordre des pharmaciens : obligation de se présenter avec un suppléant et élection de huit représentants de la section D (adjoints) au sein du Conseil national.
– Jean-François Mattei annonce la généralisation des TFR à tous les groupes génériques pour le 31 mars 2004. Une première étape sera mise en oeuvre en juillet. A Pharmagora, son conseiller, Jacques de Tournemire (ci-contre), rectifie le tir en précisant que la généralisation à tous les groupes génériques est abandonnée pour le moment, mais il préconise une restructuration du réseau.
AVRIL
– Le gouvernement fixe les règles du TFR. Il s’appliquera le 1er juillet aux groupes génériques dans lesquels le taux de pénétration des génériques sera compris en volume entre 10 et 45 % à fin avril. Une seconde étape est prévue en décembre.
– Un arrêté du 16 avril publié au JO du 30 modifie les tranches de CA nécessitant un pharmacien supplémentaire (935 000 Euro(s)).
– Parution en plein week-end de Pâques d’un arrêté baissant le taux de remboursement de 65 à 35 % de 617 médicaments à SMR faible ou modéré.
– Réunion du 15 avril au ministère : Ordre et syndicats évoquent la restructuration du réseau, les conditions d’exercice professionnel et la rémunération. Parmi les pistes évoquées : des incitations fiscales aux regroupements.
MAI
– Conflit entre le conseil de surveillance du GIE SESAM-Vitale et le Centre national des professions de santé concernant la version 1.40 de SESAM-Vitale. Le CNPS la rejette en l’état.
– Au 56e Congrès national des pharmaciens, Edouard Couty (DHOS) annonce le report du TFR à la rentrée et évoque le développement de l’opinion pharmaceutique.
JUIN
– Mattei révèle la liste des groupes génériques qui seront placés sous TFR et la base de remboursement applicable à chaque groupe. Au total, 29 molécules et 72 présentations sont concernées.
– L’Afssaps (JO du 26 juin) peut désormais intégrer dans son Répertoire des génériques des groupes sans princeps (aspirine, produits à base de magnésium et calcium). Le paracétamol ne sera pas génériqué, son fabriquant ayant négocié une baisse de prix.
– 6e mandat pour Jean Parrot à la présidence du Conseil national de l’ordre des pharmaciens et second mandat pour Jérôme Parésys à la section D. Nouvelle élue en revanche pour la section A : Isabelle Adenot (ci-dessus), qui annonce une « rupture de style » et prévoit un débouché rapide du dossier sur la loi MURCEF.
– La commission pédagogique nationale remet son rapport au ministre sur la 1re année commune de santé à l’université. Sont prévus un tronc commun d’enseignements et des modules optionnels, la possibilité de préparer au moins trois concours différents…
– Les syndicats de pharmaciens et les SSII se mettent d’accord pour ne pas développer la version 1.40 de SESAM-Vitale adoptée par le GIE contre l’avis du CNPS.
JUILLET/AOÛT
– Depuis le 1er juillet, les pharmaciens doivent afficher les prix des médicaments non remboursables et en étiqueter toutes les boîtes. Un catalogue des prix du non-remboursable soumis à prescription obligatoire doit être tenu à la disposition des clients.
– La canicule fait des ravages : près de 15 000 décès seront recensés notamment parmi les plus de 75 ans. 60 % résidaient en maison de retraite.
– Un arrêté du 27 août fixe le 12 octobre comme date butoir pour l’application des TFR dans les groupes génériques listés par le ministre. Il est effectif le 8 septembre pour les fabricants.
SEPTEMBRE
– Le Moniteur des pharmacies sort son numéro 2500. La revue existe depuis… 1947.
– La liste de 84 nouveaux médicaments déremboursés paraît au JO du 25 septembre.
– Jean-François Mattei (ci-dessus) présente aux députés son projet de loi de santé publique (création d’un Institut national du cancer, renforcement de la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme…) de 300 millions d’euros.
– Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2004 prévoit une révision de la contribution ACOSS, la création possible d’un groupe générique dès l’obtention d’une AMM, la révision des règles de la prise en charge à 100 %. Il annonce la création d’une 3e tranche de marge pour les grossistes, la poursuite du déremboursement des médicaments à SMR insuffisant, la baisse du taux de remboursement de l’homéopathie de 65 % à 35 %.
OCTOBRE
– Entrée en vigueur dans les officines des TFR pour 71 groupes génériques.
– Un arrêté publié au Journal officiel
du 2 octobre modifie
le calendrier des stages estudiantins pour la rentrée universitaire 2004 dans le cadre
de la réforme des études pharmaceutiques.
– Le ministère officialise le report de la seconde vague de TFR, initialement prévue en décembre. Elle concernera les groupes dont le taux de pénétration des génériques n’atteint pas 60 %.
– Le tabac augmente à nouveau de façon drastique (20 %). Les ventes de substituts nicotiniques explosent. Jean-François Mattei annoncera en décembre 16 % de fumeurs en moins en 2003.
– L’Afssaps (anciennement Agence du médicament) fête ses 10 ans.
NOVEMBRE
– L’association Cyclamed fête ses 10 ans.
– Nouvelles élections à l’UTIP : Philippe Gaertner (ci-contre) succède à Martine Baumgarten à la présidence.
– Hervé Le Lous devient président de Fournier Pharma, 4e laboratoire français indépendant.
– Publication de l’arrêté d’extension de l’avenant de l’accord de branche sur la RTT, désormais applicable à toutes les officines.
DÉCEMBRE
– Le PLFSS 2004 est adopté. Le ministre de la Santé précise que le décret sur la rétrocession hospitalière sera publié au 1er trimestre 2004.
– Un arrêt de la Cour européenne de justice confirme que l’interdiction de la vente de médicaments par correspondance (VPC) dépend des législations étatiques mais précise que cette interdiction ne peut concerner les produits d’automédication.
– La refonte de la réglementation pharmaceutique européenne est enfin votée au Parlement.
– Des négociations ont lieu pour fixer une troisième tranche de marge à l’officine en vue des sorties de la réserve hospitalière (produits chers).
– JO du 19 décembre : publication de la LFSS 2004, du décret portant à 35 % le taux de remboursement de l’homéopathie, de celui relevant le forfait hospitalier et du décret redéfinissant les règles d’exonération du ticket modérateur.
Anne Thiriet
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