Ondam : Répartition visée, officine touchée

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Publié le 9 septembre 2006
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Malgré le respect de l’ONDAM, le ministère annonce de nouvelles mesures sur le médicament pour 2006. Dont la mise à contribution des répartiteurs, principale inquiétude pour l’officine.

Parmi les mesures d’économies supplémentaires annoncées mardi par le ministère de la Santé (voir encadré), la surtaxation des grossistes-répartiteurs à hauteur de 50 MEuro(s) sur 2006 est la plus inquiétante pour l’officine. « Nous ne comprenons pas !, lance Jean-Louis Méry, président de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique. L’ONDAM est en passe d’être atteint alors même que les effets de toutes les mesures de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2006 ne se sont pas encore fait sentir. Sur les sept premiers mois de l’année, le CA de la Répartition a baissé de 0,52 %, sa marge en valeur de 3,75 %, les volumes de 8,25 % ! Une manoeuvre politique qui consiste à taxer la Répartition pour prendre de la marge aux pharmaciens, c’est insupportable ! »

Effet boule de neige.

Nous y voilà. S’agit-il une mesure indirecte de plus visant les officines ? « Je considère, à quelque chose près, qu’il s’agit d’une mesure à notre encontre, analyse Claude Japhet, président de l’UNPF. Ils ne veulent pas nous affronter en face. » Lundi, représentants professionnels de la Répartition et de l’Officine se sont croisés Avenue de Ségur et les arguments des uns et des autres n’ont manifestement pas pesé sur les décisions du ministère.

Selon Jean-Louis Méry, avec un résultat net à 0,8 % du CA, la Répartition n’a pratiquement plus de marge de manoeuvre : « Nous avons fermé des établissements, restructuré, rogné sur les marges, des plans sociaux prévoient 1 000 licenciements sur un total de 11 500 salariés dans le secteur… » Autrement dit, toute nouvelle mesure sera partagée « mécaniquement » par les clients. « Nous ne pourrons pas rester neutres face à une telle décision ministérielle, prévient Claude Japhet, qui réévoque une grève des gardes. Jean-Pierre Lamothe, responsable de la commission Economie à la FSPF, « voit mal » de son côté la Répartition baisser ses conditions commerciales pour le dernier trimestre : « Il s’agit là d’une mesure « one shot » et il serait surprenant que la Répartition nous la fasse subir… » « Nous avons déjà connu ça avec la troisième tranche de marge où les grossistes se sont entendus sur une baisse de un point des remises !, s’agace Gilles Bonnefond, secrétaire général de l’USPO. Une telle mesure ne peut s’appliquer que si l’on revoit le plafond des remises. Alors les pharmaciens pourraient négocier au cas par cas une modulation des services des répartiteurs en échange de meilleures remises et à condition qu’il y ait plus de concurrence. »

Un détail ne doit pas être omis : si le ministère veut récupérer 50 MEuro(s) en surtaxant la Répartition tout de suite, l’UNCAM préconise, dans le cadre du PLFSS… 2007, de gagner encore 120 MEuro(s), cette fois-ci sur la marge grossiste. « Notre résultat d’exploitation était de 167 MEuro(s) en 2005 contre 175 MEuro(s) en 2004. Mettez au regard de cela ces 120 MEuro(s) … », compare Jean-Louis Méry. « Une société internationale peut facilement afficher un résultat faible en France et néanmoins réinvestir largement à l’étranger », commente cependant un Gilles Bonnefond dubitatif. Il est vrai que l’officine en est, elle, à – 3,5 % de baisse de marge en valeur depuis janvier.

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Des mesures immédiates pour récupérer 350 millions d’euros supplémentaires

350 MEuro(s) d’économies supplémentaires sur 2006 (!) ont été annoncés suite à la réunion, lundi, du comité de suivi de l’ONDAM. Pourtant celui-ci est quasiment respecté cette année : + 2,8 % (+ 2,1 % pour les soins de ville, + 3 % pour les prescriptions). Mais « un risque de dépassement dû au retard de mise en oeuvre de certaines mesures portant notamment sur le médicament » le pousse à ces économies supplémentaires. Le médicament y contribuera à hauteur de 95 MEuro(s) : 50 MEuro(s) de surtaxation des répartiteurs et 45 MEuro(s) par une limitation des marges de rétrocession sur les médicaments délivrés par l’hôpital, une « régulation » des préparations magistrales à l’officine (verra-t-on uniquement les préparations pédiatriques et dermatologiques remboursées ?) et de nouvelles baisses de prix ciblées.

Pourquoi cette précipitation ? « S’il y a un retard de mise en oeuvre du plan médicament 2006, il a été largement compensé par la baisse des consultations et des volumes au premier semestre », assure Jean-Pierre Lamothe (FSPF).