Objectif quand tu nous tiens !

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Publié le 25 novembre 2006
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Le générique a été l’un des rares points de satisfaction en 2006. La dynamique instaurée par l’objectif national de 70 %, entretenue par le suivi des chiffres individuels de substitution, est très encourageante pour la suite.

L’année 2006 donne l’impression que la croissance du marché est retombée. Ne nous y trompons pas : le dynamisme du générique n’a rien perdu de sa superbe. La performance des volumes est juste relativisée par la baisse des prix des génériques. Depuis qu’il existe, le marché est soumis en permanence à une alternance de coups d’accélérateur impulsés par les pouvoirs publics (droit de substitution en 1999, accord CNAM/médecins en 2002, objectif UNCAM en 2006) et de coups de frein (TFR, baisses de prix, plafonnement des marges arrière).

Les pharmaciens sont habitués à ces saccades. A chaque phase de stagnation, l’Etat reprend la main et instaure des TFR, mais il en a usé avec parcimonie en 2006. Après la limitation des marges arrière, il aurait été suicidaire pour le marché d’avoir la main lourde. Il n’en aurait pas fallu plus pour que les officinaux rendent les armes sur le générique.

Du potentiel au moins jusqu’en 2010

Indéniablement, l’accord entre la profession et l’UNCAM sur un objectif national de 70 % a été le moteur de la substitution en 2006. « Les officinaux ont apparemment compris l’enjeu, on espère qu’ils vont continuer dans ce sens », se félicite Jean-Marc Yzerman, conseiller économique à la FSPF. « La profession a fait la démonstration de sa capacité à se mobiliser, renchérit Jean-Pierre Lamothe, vice-président de la Fédération. Le générique est une politique à long terme et le droit de substitution est la clé qui permet à la profession de s’autofinancer. »

Le travail de relance des CPAM auprès des médecins et des patients « poussifs » n’a pas non plus été vain. Et quand rien n’y fait, un département – les Alpes-Maritimes – n’hésite pas à employer la manière forte. Le « chantage à la substitution contre le tiers payant » y a tellement bien fonctionné que les caisses d’autres départements, à commencer par Paris et les Hauts-de-Seine, se décident à lancer des opérations du même ordre.

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Si avoir hissé le générique à presque 70 % des volumes est un motif de satisfaction pour Claude Japhet, président de l’UNPF, il relève que « la croissance organisée et négociée du générique » est en perte de vitesse par rapport aux années antérieures. A défaut de grimper encore beaucoup en taux, le champ d’action de la substitution continue à s’élargir à un bon rythme. Le rythme des échéances brevetaires restera soutenu pendant 4 ans. A cette échéance, il est estimé à 2,05 milliards d’euros, tandis que la part de marché en valeur du générique dans le marché pharmaceutique total devrait grimper à cet horizon à 11 %.

Le Répertoire gagne du terrain

– Le Répertoire décroît si on ne l’élargit pas. Cela tient au fait que les produits anciens inscrits sont appelés à être remplacés dans les prescriptions par des médicaments plus récents non substituables. Le Répertoire, c’est comme une baignoire qui se remplit par le haut et se vide par le bas en permanence. C’est pourquoi, jusqu’en janvier 2004, il est resté stable et a plafonné à 21 % des unités de l’ensemble du remboursable. Mais, depuis juin 2004, la baignoire semble se remplir plus qu’elle se vide. Le Répertoire a dépassé la barre des 30 % en juillet 2006. Explication de Jean-Marc Yzerman : « L’apport de volume provient de l’inscription de molécules de grosses rotations : simvastatine, paroxétine, pravastatine, lorazépam, dextropropoxyphène + paracétamol + caféine… » La part du générique dans le marché du remboursable monte à 17,5 % et celle des princeps du Répertoire est stable à 13 %.

1,6 milliard d’économies depuis 2000

– Grâce à l’augmentation de taille du Répertoire et aux efforts des pharmaciens, les économies réalisées par les ventes de génériques progressent : 750 MEuro(s) sont attendus en 2006. A fin 2005, les génériques ont permis 1 603 MEuro(s) d’économies cumulées sur six ans. L’élargissement du Répertoire a représenté un potentiel générique additionnel de 595 MEuro(s) en 2005, avec notamment les échéances brevetaires de la simvastatine, du glimépiride et de la sertraline, et de 851 MEuro(s) en 2006 avec celles de la pravastatine, du ramipril, de l’alendronate… « De manière générale, les pharmaciens amènent les grosses molécules à 50 % ou 60 % de substitution en trois ou quatre mois », fait remarquer Jean-Marc Yzerman.

2006, année des paradoxes

Pour le Gemme, l’année 2006 n’a été qu’une succession de paradoxes. D’un côté, un flux inégalé de lancements et d’échéances de brevets majeurs et une forte hausse du taux de substitution sur les molécules ciblées dans le protocole UNCAM/pharmaciens. De l’autre, un marché qui ne croîtra que de 10 % en valeur, suite à la baisse drastique des prix de 19 % début 2006. En réalité, c’est bien de 29 % que ce marché aurait crû si les baisses de prix n’avaient pas eu lieu.

De l’autre côté, une baisse importante de la coopération commerciale limitée à 20 % début 2006. « Qui peut encore prétendre que pharmaciens et industriels du médicament générique n’ont pas fortement souffert de cette année 2006 ? », s’exclame le Gemme.

Si 2006 fut paradoxale, 2007 se présente différemment. Le Gemme souligne que « la croissance du générique ne peut s’effectuer que par un élargissement du Répertoire à de nombreuses catégories de médicaments exclues aujourd’hui, ainsi que par le maintien du périmètre du Répertoire ». Et de proposer « la mise en place d’un indice de prescription dans le Répertoire opposable aux médecins, à l’instar des objectifs UNCAM imposés aux pharmaciens ».

Selon les génériqueurs, 2007 sera sans aucun doute meilleure que 2006 avec un flux d’échéances de brevets majeurs et un environnement relativement stable (année électorale oblige)… Provisoirement ? Néanmoins, « il faudra faire face en 2007 à une opposition résolue des laboratoires de princeps qui ont lancé une campagne résolument violente à l’encontre du générique et qui veulent en limiter l’essor sous des motifs de renforcement de la propriété intellectuelle », alerte le Gemme.

A 7 points de l’objectif final

– Difficile mais pas impossible, l’objectif national de 70 % de substitution ! Les courbes attestent de l’effort continu des pharmaciens. Le fléchissement entre juin et juillet reflète le changement d’assiette du Répertoire. « Nous avons aussi perdu 1 point avec la sortie du Répertoire de la carbocistéine déremboursée », fait remarquer Jean-Marc Yzerman. Pour compenser, la Commission paritaire nationale a autorisé l’intégration de la pravastatine dans le calcul de l’objectif. Les taux de pénétration de génériques sont repartis à la hausse en août, surtout sur les molécules cibles (68,7 %). Jean-Marc Yzerman rappelle que toute nouvelle molécule inscrite au Répertoire fait chuter le taux de substitution. « Hormis les blockbusters, il faut compter plus de six mois pour faire grimper les taux à 60 %. »

Gagnez plus avec 1 x 90 jours de générique que 3 x 30 jours de princeps !

– La courbe parle d’elle-même. « Plus le produit prescrit est cher, plus le pharmacien gagne à substituer », exhorte Jean-Marc Yzerman. Ceci reste vrai avec les grands conditionnements. Avec la pravastatine boîte de 84, par exemple, la FSPF montre que substituer fait gagner plus que vendre trois petits modèles du princeps (gain de 14,64 Euro(s) pour 3 boîtes de Vasten 20/boîte de 28 contre 16,34 Euro(s) pour un générique de la pravastatine en boîte de 84 et seulement 9,95 Euro(s) pour un grand modèle de Vasten 20). « En supposant qu’un générique sorte un jour à un prix public de 150 Euro(s), le pharmacien doublera sa marge en substituant », avance-t-il.