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L’essor des juniors
Telles des mini-entreprises, certaines associations d’étudiants peuvent devenir prestataires de services pour l’industrie pharmaceutique. L’Association Junior Etudes de Châtenay-Malabry et la Junior Pharma de Paris-V ont été fondées dans cet objectif.
Loin de l’image festive véhiculée par les corpos d’emblée, certaines associations estudiantines mettent en avant leurs compétences professionnelles. Et pour cause, elles s’apparentent à de véritables entreprises. Leurs salariés ne sont autres que les étudiants de la faculté et leurs clients principalement des laboratoires et leurs prestataires de services. « Notre but est de faire découvrir aux étudiants la vie en entreprise grâce aux missions que nous proposons », explique Benjamin Grancher, vice-trésorier de l’Association Junior Etudes (AJE) de Paris-XI. « C’est l’occasion de mettre en pratique les connaissances théoriques acquises durant les cours », ajoute Guillaume Madec, vice-président de l’association Junior Pharma de Paris-V. Créées au début des années 90, ces deux associations fonctionnent sur le mode d’une entreprise junior. Associations loi 1901 à but non lucratif, elles bénéficient de l’arrêté du 20 juin 1988 leur accordant une réduction des charges sociales. Cette formule, inaugurée par l’ESSEC il y a trente-cinq ans, est assez répandue dans les écoles de commerce.
125 euros pour 8 heures de mission.
En pharmacie, les missions confiées aux étudiants par les laboratoires vont de l’archivage de données cliniques à la gestion documentaire de la pharmacovigilance, en passant par des études de marché. « Le plus souvent, il s’agit d’effectuer de la saisie informatique », confie Benjamin Grancher. Trois cents étudiants de Paris-XI travaillent mensuellement pour le compte de l’AJE. « Pour des raisons de proximité géographique, nous collaborons beaucoup avec le laboratoire Aventis qui propose une soixantaine de missions par an », précise Mickaël Seitboun, président de l’AJE.
D’envergure plus restreinte avec 170 missions dans 18 entreprises en 2002, la Junior Pharma a néanmoins élargi ses services aux répartiteurs (OCP) et à des sociétés telles Cyclamed ou Direct Medica. Dans ce cas, les missions se transforment en phoning auprès des officines et s’adressent aussi bien aux étudiants des filières industrie et officine.
La durée des contrats varie de quelques jours à plusieurs années. Et selon la réglementation des entreprises juniors, le salaire est plafonné au SMIC annuel. Attention, les étudiants ne doivent pas travailler plus de 20 heures par semaine et pendant leurs heures de cours ! Côté rémunération, les honoraires sont évalués en moyenne à 125 euros hors taxes pour 8 heures de travail. En revanche, l’engagement des membres de l’association est entièrement bénévole.
Un management de choc.
Une permanence téléphonique s’organise à l’heure du déjeuner et après les heures de cours. Mais ce n’est pas tout. Toute la gestion administrative revient à l’association : facturation des prestations auprès des industriels, déclarations d’embauche, établissement des fiches de paie, versement des salaires, règlement de la TVA et des charges sociales… « Nous consacrons environ 80 heures par mois à l’association », assure Guillaume Madec. Un investissement que nul ne regrette : « Nous acquérons énormément d’assurance en termes d’organisation et de communication », témoigne Arnaud Maudry, secrétaire de la Junior Pharma.
Benjamin Grancher parle d’une véritable préformation au monde du travail. « Comme dans une agence d’intérim, nous avons chacun un rôle bien défini », explique le président de l’AJE, qui doit, tel un manager, superviser les quatre autres membres du bureau et les vingt membres actifs chargés des relations avec les laboratoires. « Les contacts privilégiés avec les industriels, on y tient vraiment ! », lance-t-il. A chaque personne est attribuée une société particulière.
Un pied dans l’industrie.
Emilie Médio, étudiante en 3e année, a rejoint l’AJE en octobre dernier et gère les relations avec trois petites entreprises. Elle prend ses nouvelles fonctions très au sérieux. « Je rencontre les professionnels sur place et j’entretiens avec eux des contacts réguliers », confie-t-elle. Emilie envisage de gérer des laboratoires de plus en plus importants puis de finir membre du bureau à la fin de ses études afin d’avoir ainsi « un pied dans le monde industriel ». A leur façon, ces associations entrent dans une démarche de marketing en se promouvant auprès des autres étudiants et de l’industrie.
« Au fils des ans, nous avons su démontrer aux industriels qu’ils pouvaient nous faire confiance », estime Guillaume Madec. L’AJE a adopté la devise « Disponibilité, compétitivité et réactivité ». Son chiffre d’affaires atteint 800 à 900 000 Euro(s) par an. « Mais l’appât du gain n’est pas notre but, nous cherchons avant tout à renforcer et à développer nos contacts avec les industriels », insiste Mickaël Seitboun. Si les associations n’ont pas le droit de dégager des bénéfices, elles s’octroient une marge de sécurité que la Junior Pharma reverse à d’autres associations en manque de moyens (Huma Pharma par exemple). Pour toujours privilégier l’intérêt des étudiants…
« Une attitude véritablement professionnelle »
Hugues de Mourgues, directeur des opérations clients pour la société Direct Medica, témoigne : « Nous organisons quotidiennement des missions de phoning (télévente, enquête ou information) auprès des officines pour le compte d’une trentaine de laboratoires pharmaceutiques. Et nous faisons appel aux compétences des étudiants en pharmacie car ils ont le ton juste avec nos clients pharmaciens. De leur côté, les jeunes ont la possibilité de découvrir le positionnement stratégique d’un laboratoire. Si nous avons recours aux services de l’entreprise junior en pharmacie, c’est parce qu’elle nous propose des profils de personnes qui nous conviennent particulièrement, et non pas par intérêt économique, d’ailleurs assez peu marqué par rapport à une agence d’intérim. Mes interlocuteurs étudiants ont, avec leurs moyens, une attitude véritablement professionnelle. Ils n’hésitent pas à faire preuve d’une totale flexibilité en cas d’urgence, tout en restant transparents vis-à-vis de leurs capacités. »
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