Entre recentrage des activités et peur des génériques

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Publié le 23 mars 2002
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L’heure est à la publication des comptes pour les laboratoires pharmaceutiques. Deux grandes tendances se dessinent, un mouvement de délestage des activités et la crainte d’effets néfastes de la part des génériques.

L’industrie du médicament en FranceLa santé de l’industrie pharmaceutique française est plutôt bonne puisque son chiffre d’affaires progresse de près de 8 % par an depuis 1995. La situation de l’emploi y est par conséquent assez favorable avec + 1 % d’emplois par an depuis 1990. Pourtant, les restructurations en cours et les fermetures de sites risquent de peser lourd sur les effectifs.

Dans le secteur de la santé, nous voulons nous concentrer davantage sur nos compétences clés, c’est-à-dire la recherche, la production et la distribution mondiale de médicaments pour l’homme et l’animal, ainsi que sur les systèmes diagnostiques. » L’annonce de Manfred Schneider, président de Bayer, résume à elle seule l’option choisie par un certain nombre de laboratoires bien décidés à raffermir leur résultats financiers (GSK a cédé sa filiale Affymax, Aventis cherche à se désengager de Gencell…). Si Bayer enregistre une baisse de son résultat net de 47% en 2001, le groupe s’attend à une « amélioration considérable » en 2002 grâce, en partie, à sa politique de cession mais aussi en raison de la reprise de la distribution de ses produits dérivés du sang. 2002 s’ouvre donc sous le signe de la métamorphose pour Bayer qui devrait, d’ici juillet 2003, adopter une nouvelle structure regroupant quatre divisions autonomes.

Novartis se désengage du « consumer health »

Avec + 8 % de résultat net pour 2001, Novartis se prête au jeu de la concentration pour renforcer sa croissance. Tablant sur une progression de 10 % pour 2002, le géant suisse se donne en effet six à douze mois pour céder certains éléments de sa division « consumer health » comme les marques de grande consommation Isostar, Ovomaltine, Gerblé ou Céréal. Désormais la pharmacie, qui représente les deux tiers du CA sur des domaines comme le cancer, l’asthme ou le diabète, constituera l’objet de tous les efforts du groupe. Alors que la presse économique s’interroge sur la montée en puissance des parts de Novartis chez Roche (le groupe serait passé à 30 % des droits de vote contre 21 % précédemment), le sixième groupe mondial de l’industrie pharmaceutique voit l’avenir d’autant plus sereinement qu’il est relativement peu menacé par les génériques (seuls 22 % du CA seront mis en danger d’ici 2005).

Une sérénité enviable pour de nombreux concurrents qui, eux, s’inquiètent de la chute inéluctable de leurs brevets. Perdant en août celui sur Prozac, l’Américain Eli Lilly accuse un résultat net en baisse de 9 %. Si Bristol-Myers Squibb (BMS) voit ses ventes de Taxol et de Buspar décroître, le groupe américain affiche un bénéfice net de + 11,4 %. Mais les difficultés sont à venir avec l’expiration du brevet de l’antidiabétique Glucophage qui dégageait un CA annuel de 2,6 milliards de dollars. Problématique qui intéresse directement Merck-Lipha, filiale française de Merck, qui enregistre une progression de + 24 % de son CA en 2001 mais qui prévoit une baisse de 10 à 12 % pour 2002 pour la même raison (BMS assurant la commercialisation de Glucophage aux Etats-Unis pour Merck-Lipha), bien qu’il prévoit déjà de lancer deux nouvelles formulations pour parer à l’attaque.

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