C’EST LA DÉGRINGOLADE !

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Publié le 8 décembre 2012
Par Francois Pouzaud
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La baisse de l’activité ne laisse pas d’inquiéter. Pour près de la moitié des officines étudiées, les chiffres d’affaires régressent en 2011. Et la double baisse des volumes prescrits et des prix des médicaments remboursables sur 2012 amplifie le ralentissement de l’activité.

Les différents chiffres rapportés tout au long de l’année dans Le Moniteur des pharmacies témoignent de l’essoufflement de l’activité du réseau officinal : l’évolution du chiffre d’affaires, qui, depuis plus de 10 ans, ne fait que décroître, a atteint un « plus bas » en 2011. C’est ce que confirme la dernière enquête économique de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) portant sur l’analyse de 861 bilans clôturés en 2011.

Le chiffre d’affaires de l’officine, qui s’établit à 1,574 million d’euros en moyenne en 2011, ne progresse plus que de 1,1 %. « C’est la plus faible évolution de ces vingt dernières années », souligne Philippe Besset, président de la commission économie de l’officine de la FSPF, qui déclarait dans ces mêmes colonnes, le 17 décembre 2011, qu’« en 2010, c’est la première fois que le chiffre d’affaires des officines baisse, et cela risque de ne pas être la dernière ». Il s’attendait alors à une réduction de cette tendance jusqu’en 2013.

L’atonie de ces dernières années de l’économie officinale n’a que trop duré et montre les limites de son modèle économique. La réforme est en cours, mais les modalités pratiques de mise en œuvre d’une évolution de la rémunération du pharmacien déconnectée des baisses de prix et des volumes ne seront arrêtées qu’à l’issue des négociations de cette fin d’année avec l’Assurance maladie.

DES ÉCARTS ENTRE OFFICINES PLUS MARQUÉS

La crise et la politique de rigueur en matière de santé menée depuis plusieurs années par les gouvernements successifs creusent, comme pour l’année 2010, les écarts entre les officines et provoquent aujourd’hui un éclatement du réseau. Le nombre d’officines dont l’activité régresse est en hausse (47 %) et dépasse celui des pharmacies dont le chiffre d’affaires progresse entre 0 % et 6 % (40 %).

Sur l’année 2011, le réseau des 22 080 officines totalise un chiffre d’affaires hors taxes global de 33,95 milliards d’euros qui, en évolution, est stable (+ 0,2 % selon le panel IMS Pharmastat au 31 décembre 2011). Philippe Besset a une explication sur l’écart de 0,9 point avec la progression moyenne du chiffre d’affaires rapportée dans l’enquête économique annuelle de la Fédération : « Plus la date de clôture d’exercice d’une pharmacie est tardive sur 2011, moins l’année 2010 est prise en compte dans les résultats, plus la croissance de l’activité baisse sur 12 mois. Or, dans l’enquête, seulement 24 % des officines étudiées ont clôturé leur exercice fin décembre. »

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Depuis janvier 2012, la détérioration de la situation économique s’accentue. Que ce soit en chiffre d’affaires cumulé depuis le début de l’année ou en chiffre d’affaires sur les douze derniers mois arrêté à fin août, l’activité baisse (respectivement de – 0,3 % et – 0,4 %). C’est le gros des ventes des officines qui est principalement touché par la récession. Le chiffre d’affaires des médicaments remboursables (80 % du chiffre d’affaires total, 26,87 milliards d’euros) recule de 1,9 % sur les huit premiers mois de l’année (il avait déjà décroché de 0,2 % en 2011). Ce déficit d’activité annule les belles performances réalisées dans le même temps sur le médicament non remboursable (7 % du chiffre d’affaires total, + 6,3 % en chiffre d’affaires, contre – 2,3 % en 2011), les produits de la liste des produits et prestations remboursables par l’assurance maladie (6 %, + 4,4 % versus + 5,5 % l’an dernier) et la parapharmacie (7 %, + 5,4 %). Cette dernière affichait déjà un joli score (+ 1,3 %) en 2011.