SUR LA PLATE-FORME LOGISTIQUE DE MSF

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Publié le 14 février 2015
Par Ariane Puccini
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A première vue, de banals hangars posés dans une zone industrielle près de Bordeaux, à Mérignac. Mais, à l’intérieur, sont stockés sur 12 000 m2 les médicaments, le matériel médical et des équipements aussi divers qu’indispensables pour les équipes d’humanitaires en mission sur le terrain. Visite guidée du centre logistique Médecins sans frontières (MSF).

Depuis la salle de fret, les techniciens de MSF organisent le transport par mer, par la route ou dans les airs. 45 % des colis sont expédiés par mer et 32 % par avion. La plate-forme logistique de Mérignac, avec celle de Bruxelles et d’Amsterdam, permet d’assurer l’approvisionnement des humanitaires de MSF dans 70 pays à travers le monde. Installée depuis 1992 près de Bordeaux, elle a expédié, en 2013, 3 600 tonnes de matériel. Et devrait faire beaucoup plus en 2014, crises humanitaires obligent.

Michèle Tetart est pharmacienne responsable à MSF Logistique depuis 18 ans. Avant cela, elle a travaillé 12 ans dans l’industrie pharmaceutique. Son rôle consiste à évaluer les médicaments qui seront distribués aux équipes de terrain de MSF, de trouver le meilleur rapport qualité/prix des médicaments tout en s’assurant que leurs formulations permettent une bonne biodisponibilité du principe actif. Si les produits des pays de l’International Conference of Harmonization sont achetés sans hésitation, MSF audite les usines d’autres pays, notamment en Inde et en Chine. MSF n’envoie aucun traitement expérimental contre le virus Ebola à ses équipes d’humanitaires sur le terrain.

MSF Logistique, filiale de MSF créée en 1986, a été reconnue établissement pharmaceutique par le ministère de la Santé en 1999. En effet, ici sont stockés 17 900 articles référencés dont les deux tiers sont des médicaments ou des équipements médicaux. C’est d’ici que partent les équipements et médicaments nécessaires aux humanitaires de MSF majoritairement, ainsi que d’autres ONG, en pleine crise Ebola.

Les hangars qui abritent les médicaments respectent les normes d’hygiène, d’humidité et de sécurité imposées par les directives européennes du 7 mars et du 5 novembre 2013 sur « les bonnes pratiques de distribution en gros des médicaments à usage humain ». Ainsi, un mapping de l’entrepôt a été réalisé, et des sondes placées à divers endroits y relèvent la température.

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Les entrepôts sont climatisés, maintenant une température comprise entre 15 et 25 °C.

Sur les colis sont collées des étiquettes comprenant des codes permettant d’identifier le médicament, son dosage et sa destination. Les colis à destination de la Syrie, de l’Irak ou de la République centrafricaine côtoient dans les zones « prêt à expédier » ceux à destination des pays touchés par l’épidémie d’Ebola : Guinée Conakry, Sierra Leone et Liberia. Entré dans les logiciels de MSF, le code permet d’identifier très rapidement l’endroit où sont expédiés les médicaments.

Une traçabilité indispensable pour des rappels rapides de lots à travers le monde.

Ces caissons contenant des pains de gel glacés ont été développés pour transporter les médicaments à température constante, « qu’ils soient expédiés en Géorgie en hiver, où il fait – 20 °C, ou au Soudan où les températures peuvent atteindre 50 °C », précise Michèle Tetart. Cette température constante est garantie pendant 96 heures. Au-delà, les équipes MSF doivent remplacer les pains de glaces fondus lors du voyage.