Pharmacie Taillebourg (charente-maritime) : L’ergonomie c’est la santé
L’ergonomie est quasiment inutilisée à l’officine. L’observation des conditions de travail et des relations entre l’homme et la machine peut pourtant optimiser le fonctionnement – humain et financier – d’une entreprise. C’est le choix fait par Isabelle Champion, titulaire à Taillebourg.
A l’occasion d’un projet de transfert et d’agrandissement de sa pharmacie, Isabelle Champion, titulaire à Taillebourg (Charente-Maritime), demande un conseil ergonomique pour la conception et la conduite de son projet. Cette intervention, réalisée par Renée Lauribe, pharmacienne et ergonome, a permis d’intégrer au travail de conception architecturale différentes dimensions comme l’amélioration des conditions de travail, la prévention des risques professionnels pour l’équipe et une meilleure qualité du service rendu aux patients. Mais aussi une facilitation des flux de produits, de véhicules et de personnes et la prise en compte de diverses hypothèses d’évolution du travail et des locaux.
Le rôle de l’ergonome
L’ergonomie, ce n’est pas seulement la hauteur des plans de travail et la quantité de lumière au poste de travail, c’est aussi rendre compatibles des exigences techniques et des impératifs humains, faciliter les choix de la maîtrise d’ouvrage par la prise en compte de données incontournables du travail quand les intérêts sont contradictoires.
L’intervention ergonomique proprement dite est développée selon un modèle connu : l’observation et l’analyse du travail réel initial et du travail réel sur des sites de référence comparables. Dès les phases préliminaires du projet, notamment lors du choix du site d’implantation, elle permet la prise en compte des exigences du travail officinal et le tri des priorités d’actions pour l’ensemble des intervenants. Le diagnostic ergonomique s’appuie sur les étapes principales et accessoires de réalisation du travail dans l’officine, il explique les axes d’actions qui ont été privilégiés.
Les objectifs poursuivis
Améliorer l’outil global de travail : il s’agit de la prise en compte des activités saisonnières et des stockages correspondants, des activités simultanées et des difficultés induites, l’anticipation de dysfonctionnements ou de situations de maintenance et l’accessibilité aisée des éléments fragiles à réparer ou entretenir régulièrement.
Améliorer les conditions de travail (volumes et espaces de travail, prédominance de l’éclairage naturel) : l’ergonome a notamment favorisé la visibilité, pour les patients, des actions de travail qui expliquent les éventuels petits délais à des réponses qu’ils voudraient toujours immédiates, de façon à ménager leur irritabilité.
Prévenir les risques professionnels en modifiant, par exemple, les réceptions des médicaments pour limiter les ports de charges et les mouvements répétitifs, reconcevoir la zone de déballage des commandes, adapter les volumes aux nombres de personnes présentes simultanément et à la fréquence d’utilisation, repenser les comptoirs en fonction du travail à faire plutôt qu’en fonction de caractéristiques présentées comme possédant des propriétés commerciales ou d’effets de mode…
Réaliser de nouveaux bénéfices financiers par l’augmentation de surface, mais aussi grâce à un meilleur positionnement de l’officine par rapport aux axes routiers et à l’environnement des prescripteurs, par la création d’un parking pour les patients, l’amélioration de l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, la réduction des pertes de clientèle due aux délais d’attente induits par l’ancienne organisation du travail…
Accroître la motivation de l’équipe en l’associant à l’évolution de l’entreprise.
Optimiser les cahiers des charges pour les fournisseurs et la conception d’outils et de langages de communication qui soient précis et compris par tous les partenaires. Le cahier des charges fonctionnel d’Isabelle Champion a porté non seulement sur l’avant-projet architectural, sur les nouveaux circuits d’objets, de personnes ou de véhicules, et la prise en compte des évolutions futures probables des locaux adjacents, mais aussi sur la nouvelle implantation des comptoirs sur le projet architectural validé, et sur les corrections acceptées.
Des bénéfices tangibles
Baisse des coûts : en moyenne, un projet architectural dépasse de 20 % le budget initialement prévu, notamment en raison de rectifications de dernière minute. Sans compter le retard occasionné par certains travaux rendus alors nécessaires.
Pour ce projet, le surcoût des honoraires de l’ergonome et des travaux complémentaires préconisés initialement n’est que de 6 %. L’architecte n’a pas eu de travaux de correction à effectuer, il n’y a pas eu de retard dans le chantier ni de perte d’exploitation correspondants.
Accroissement des résultats : la transformation de l’organisation du travail a permis d’absorber une augmentation d’activité, donc de chiffre d’affaires, de 17 % sans augmenter le temps de travail de l’équipe.
Amélioration des conditions de travail : le nouveau schéma d’organisation du travail a permis l’enrichissement des compétences et de l’autonomie des personnels, une meilleure communication dans l’officine, dans sa forme et dans son contenu, la mise en action et le développement de la démarche participative.
Ces transformations ont enfin conduit à la diminution sensible de certains risques (troubles musculosquelettiques, stress…) et à l’amélioration des outils spécialement conçus pour cette officine.
CHAMPS D’INTERVENTION PRINCIPAUX DE L’ERGONOME
– Conception et aménagement des locaux, des postes, des situations de travail.
– Rythme et organisation du travail.
– Evaluation des risques professionnels et rédaction du document unique.
– Ambiances physiques de travail : éclairage, bruit, température…
– Contraintes de manutention (charges, postures).
– Stress, surmenage, relations conflictuelles.
LES APPORTS DE L’ERGONOMIE
– Augmentation de la qualité du travail et de la productivité (compromis entre santé et efficacité).
– Diminution des accidents, maladies et absentéisme.
– Anticipation des évolutions du travail pour réduire les coûts.
– Amélioration du confort et du bien-être (physique et psychosocial) des salariés.
A noter
– Le maître d’ouvrage : il s’agit du décideur et de l’initiateur du projet. Ici, la titulaire.
– Le maître d’oeuvre : il exécute ou fait exécuter le chantier.
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