Investissement : 4 critères pour faire son choix
Automates, robots, robotmates… Autant de systèmes possibles d’automatisation de l’officine. Lequel choisir ? Tour d’horizon des principaux critères pour choisir. Au bon prix.
En 2004, tous systèmes d’automatisation confondus, il s’est vendu aux officines françaises 36,32 % d’automates, 34,91 % de robotmates (bras robot + stockage à canaux), 20,28 % de robot et 8,49 % de combinés, selon la société Néo Pharma. 42,3 % des machines sont implantées en back-office, 40,7 % à l’étage et 17 % en sous-sol. Aujourd’hui, le pharmacien a non seulement la possibilité de choisir entre dix fabricants mais également entre différents types de machines et d’options (module réfrigéré, rangeur) chez tel ou tel fabricant.
1- Le coût
Outre la localisation et l’encombrement sur lesquels les fabricants ont beaucoup travaillé (implantation en L et en U possibles chez ARX et Westfalia, compacité accrue de l’Apotéka 2…), le critère financier reste prépondérant. On estime aujourd’hui que le pharmacien investit en moyenne dans son automatisation 10 à 12 % de son CA, un facteur qui oriente inévitablement son choix.
45 % des machines implantées à ce jour ont été achetées à moins de 120 000 Euro(s), toujours selon Néo Pharma. Certaines technologies – les robots en particulier – ont un coût de fabrication plus élevé.
2 – L’évolutivité
Le critère d’évolutivité du système d’automatisation est encore peu pris en compte aujourd’hui. Mais il pourrait devenir important dans les années à venir lorsqu’on maîtrisera mieux le retour sur investissement et que l’on envisagera le renouvellement du matériel.
Pharmax est sans doute le seul fabricant sur le marché à intégrer ce critère à l’heure actuelle : « Il est possible de prévoir lors de l’installation de l’appareil une ou deux structures vides supplémentaires. Cet ajout ne grève guère le montant global de l’installation tout en la rendant très évolutive puisque le pharmacien peut, par la suite, commander des canaux supplémentaires qui prendront place dans les dites structures (290 canaux en moyenne par structure) », explique Stéphane Nizard. Notons cependant que la société ARX propose parfois la neutralisation d’une partie de la zone de stockage du Rowa en prévision d’une augmentation du stock.
3 – Le taux d’automatisation
Après avoir réfléchi sur le pourquoi de sa démarche d’automatisation, le pharmacien s’interroge sur la pertinence d’une automatisation totale ou partielle. Dans les faits, on constate – ce qui va à l’encontre des idées reçues – que 55 % des automates implantés en centres commerciaux ont moins de 2 000 canaux, soit 1 900 références correspondant à 60 % du total du stock, alors que cette configuration concerne 67 % des pharmacies de quartier et 70 % des automates implantés en back-office.
« La proportion de la clientèle de passage a un impact sur l’éventail des références, constate Laurent Azoulay (Robotek). Il est important d’étudier en détail les statistiques de vente d’une pharmacie pour connaître l’amplitude de son stock. Il faudra ensuite prévoir un dimensionnement du système automatisé adapté à ce stock. L’un des premiers critères de mesure de l’efficacité d’une installation est le taux de déplacement en back-office. »
« Lorsque l’on se penche plus avant sur la répartition des ventes au sein des 3 200 références délivrées par la pharmacie, on s’aperçoit qu’environ 1 000 références suffisent à réaliser 80 % des sorties et que 2 000 références assurent environ 97 % des unités vendues. C’est sur les 1 000 premières références que le retour sur investissement sera maximal. Quant on automatise 97 % des unités vendues, les produits restant hors automate sont des produits qui se vendent en moyenne une fois tous les deux mois », synthétise Stéphane Nizard (Pharmax).
Olivier Résano (Apotéka) souhaite tout de même alerter les pharmaciens sur les risques d’une sous-automatisation : « Certains pharmaciens pourraient être tentés d’acquérir une machine trop faible en capacité. Le temps gagné pourrait alors s’avérer quasi nul si plus de la moitié des ordonnances nécessite une prise manuelle complémentaire. »
Autre question importante : quoi automatiser ? Fortes et/ou faibles rotations ? « Chez Apotéka, nous considérons qu’il vaut mieux automatiser certaines références de parapharmacie à l’unité ou certains TIPS que les faibles rotations, car le service rendu à l’équipe sur son travail de manutention est plus important. »
4 – La typologie de l’officine
Même s’il est délicat de faire des généralités, Philippe Lévy, consultant, évoque trois exemples de bonne adaptation d’une machine à son environnement humain et physique dans une officine.
-#gt; Une pharmacie présentant peu de pics d’affluence, ayant besoin d’un stockage maximal et d’une délocalisation lointaine en vue de récupérer le maximum de surface de vente pourrait opter pour un robot.
-#gt; Une pharmacie avec une forte clientèle de passage, ayant pour impératif la rapidité de service, se trouvant souvent en limite de personnel au comptoir, pouvant implanter son système à l’étage à l’aplomb des comptoirs avec peu de points d’arrivée, pourra choisir un automate.
-#gt; Une officine à grande surface de vente et comptoirs éclatés, souhaitant de multiples points d’arrivée (multiligne), avec des pics de fréquentation importants, optera de préférence pour l’automatisation partielle de son stock en back-office grâce à un système évolutif de type robotmate. La configuration la plus onéreuse reste le combiné, proposé aujourd’hui par Consis, Westfalia, Tecnilab, qui concerne les titulaires qui veulent miser sur une automatisation totale et une bonne rapidité de délivrance.
Les bonnes questions
« Le choix de la bonne machine doit résulter de la prise en compte et de la pondération de cinq données : contexte technique (mode de fonctionnement, vitesse, aspect, taille, nuisances sonores…), contexte de délivrance (comment sera utilisé l’outil ?), contexte économique (analyse financière, retour sur investissement), contexte humain (équipe, clients), contexte socioculturel (zone de chalandise) », commente Philippe Lévy, consultant (Néo Pharma).
De façon générale, il convient de répondre aux questions suivantes :
1. Pourquoi automatiser ? Dans quel but ? Qu’est-ce que j’attends de la machine (gain de temps, d’espace, de productivité, disponibilité) ?
2. Qui sont les acteurs du marché ?
Lesquels sont « en phase » avec la solution recherchée ?
3. Quel est mon budget ? Analyse du rapport prix/service rendu par chaque solution retenue.
4. Comment valider un choix ? Etablissement d’un tableau multicritère et pondération des critères selon l’officine et son titulaire.
A retenir
– Calcul du pic d’activité
Olivier Résano (Apotéka) rappelle qu’un pic d’activité n’est pas uniquement l’heure de pointe de la journée où la pharmacie est pleine de clients. Il s’agit de tout créneau horaire pendant lequel la capacité d’accueil de l’officine est inférieure au nombre de clients présents dans l’officine : « Il peut donc y avoir un pic d’activité avec un seul poste de vente ouvert sur quatre par exemple s’il y a trois clients dans l’officine. »
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