Distribution sous tension
Le modèle des blockbusters à distribution de ville s’estompe, la répartition devient un acteur international, l’officine change de nature (implication dans les génériques et les médicaments de haute technologie). Ce constat de Claude Bougé, directeur du Leem, en préambule du débat sur la nouvelle donne de la distribution pharmaceutique, tendait à montrer que celle-ci devait évoluer, au risque d’être remise en cause.
Mais c’est surtout sur la bagarre entre les groupements et les répartiteurs que la discussion se sera animée avec, en pierre d’achoppement, le développement par les groupements des ventes directes et d’activités de grossiste-répartiteur. « Notre activité de répartition n’est en rien une volonté de déstabiliser le maillage des grossistes », assure Pascal Louis, président du Giphar. Des grossistes qui ne l’entendent manifestement pas de cette oreille : « Les groupements montent des systèmes qui permettent de court-circuiter le répartiteur, estime Patrick Martin, président de la Chambre syndicale de la répartition. Mais il faut faire attention aux conséquences que ça peut avoir. Et si la répartition se lançait elle aussi dans la distribution sélective, avec choix des clients et des produits ? Nous obéissons à des obligations de service public, d’où la fixation de notre rémunération par les pouvoirs publics. On pourrait penser à d’autres systèmes [le paiement par le pharmacien en fonction des services fournis, NdlR], mais cela conduirait à moins de services. Des pharmaciens finiraient par se dire que deux ou trois livraisons par semaine, ça suffit. » Réponse de Pascal Louis, président du Giphar : « Nous sommes prêts à distribuer plus de produits s’il y a lieu, et en particulier si le répartiteur n’était plus un partenaire. » Les groupements en sont-ils capables ? « Si l’Afssaps nous a donné l’agrément, c’est qu’on peut le faire, assure Claude Baroukh, vice-président de Népenthès. Le blocage des remises par les grossistes a été une justification pour les pharmaciens pour agir. »
Et puis il y a la politique commerciale des labos… « 80 % du marché de l’OTC repose sur 10 000 officines, notait Gilles Alberti, directeur des opérations OTC de Sanofi-Aventis. Globalement, on ne peut plus aujourd’hui passer en direct avec une officine sans passer par une négociation avec un groupement. » « Les laboratoires sont de plus en plus nombreux à ne visiter que 10 à 12 000 pharmacies, confirme Michel Quatresous, président d’Optipharm. Nos plates-formes grossistes sont un moyen d’y remédier. »
Mais c’est Serge Rader, président de la Coopérative des pharmaciens, présent dans le public, qui aura abordé la question qui fâche : les ententes supposées entres répartiteurs qui, avec la politique de quotas des laboratoires, conduisent à figer le marché : « Que ferez-vous suite aux amendes que vous avez subies en Allemagne et en France ? », a-t-il demandé aux répartiteurs… Une question restée sans réponse…
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