DÉCONDITIONNEMENT : Oui… sous conditions
L’Ordre publiera en juillet des recommandations de bonnes pratiques sur le déconditionnement. Le préalable à une norme officielle. L’activité serait licite… si elle est ponctuelle.
Au terme « déconditionnement », l’Ordre préfère « préparation des doses administrées » (PDA). Une activité qui fait polémique depuis que les établissements médicosociaux font pression sur les officines pour qu’elles la réalisent à grande échelle. Mais aussi parce que c’est devenu un moyen de sollicitation de clientèle pour certains. C’est pourquoi l’Association de pharmacie rurale et la FSPF ont estimé, au vu du Code de la santé publique, que l’officine ne pouvait pas déconditionner. L’Ordre fait une analyse différente. Isabelle Adenot, présidente de la section A, précise que la PDA sera possible ponctuellement pour certains malades « dont les facultés physiques ou intellectuelles sont altérées, à leur domicile ou en établissement. Mais si le malade est entouré de professionnels susceptibles de l’aider, le pharmacien n’a pas à déconditionner ». L’officine ne pourrait donc éventuellement déconditionner que si le malade en est incapable.
Une préparation. Pour l’Ordre, il s’agira alors d’une préparation à part entière, avec demande préalable du médecin et du malade et examen de la situation de ce dernier. La PDA se fera au préparatoire et toutes les recommandations de bonnes pratiques habituelles lui seront applicables. Notamment s’assurer de la sécurité, de la qualité et de la traçabilité de la préparation. De plus, « si en raison de son état, son âge, sa situation géographique (notamment lorsqu’il réside dans un établissement sans PUI), le malade est dans l’impossibilité de se déplacer, son questionnement [par le pharmacien] peut être réalisé à son domicile […] ». Si la prise des produits, par les malades seuls ou avec l’aide d’un tiers, est incompatible avec leur sécurité ou les objectifs thérapeutiques, le pharmacien pourra préparer nominativement les doses. Mais il aura une ordonnance, ne se livrera à une PDA (dans un conditionnement à usage unique !) que « si la fréquence des jours et des heures de prise [devant apparaître sur le conditionnement] est suffisamment précise » ; la PDA n’excédera pas 30 jours par prescription (moins si la posologie dépend d’une valeur biologique : AVK, INR) ; le reconditionnement ne sera possible que pour des formes solides sèches (non sensibles à l’humidité) ou liquides per os (ou applicables sur la peau pour une durée limitée).
Pas de sous-traitance. Par ailleurs, l’Ordre insiste sur la traçabilité : mémorisation des documents liés à chaque PDA, établissement d’une fiche avec numéro d’ordre, codes des responsable et exécutant de la PDA, date, nom et prénom du malade et du prescripteur, dates du traitement, détail des prises, numéros de lot, etc. Outre la notice des produits, une autre fiche sera collée sur le conditionnement à l’attention du malade, reprenant l’essentiel de ces informations plus les coordonnées de l’officine et du prescripteur. A noter que toute idée de sous-traitance est ici bannie. Bannie aussi la fourniture à 100 kilomètres à la ronde…
« Il ne s’agit pour l’instant que de recommandations, précise Isabelle Adenot. Mais elles préfigurent une réflexion normative. » En espérant que ce futur cadre légal mettra fin aux dérives actuelles.
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