Les grossistes replongent

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Publié le 3 décembre 2022
Par Francois Pouzaud
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A peine sortis d’une crise économique structurelle qui a duré une décennie en raison de conditions de rémunération qui n’étaient plus adaptées aux coûts qu’ils supportent et d’une fiscalité confiscatoire, les répartiteurs restent économiquement fragiles. D’autant qu’ils sont touchés de plein fouet par l’inflation.

L’espoir d’un retour à l’équilibre économique aura été de courte durée. Depuis mars dernier, la situation des répartiteurs s’est significativement dégradée, mise à mal plus que pour d’autres entreprises par l’évolution de l’inflation et ses conséquences sur une économie toujours sur le fil du rasoir. La flambée des prix de l’énergie ainsi que la hausse des charges d’exploitation affectent l’activité de cette profession. La Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) a évalué les pertes d’exploitation de l’ensemble du secteur, pour 2022, à 43 M€, la hausse de la facture énergétique à 13 M€ et celle des charges d’exploitation à 30 M€ entre 2021 et 2022. Et, côté recettes, aucune possibilité pour les répartiteurs de compenser les pertes par des hausses tarifaires, leurs prix et leurs marges étant strictement réglementés. « La situation de la profession est préoccupante et nous ne disposons pas des leviers d’action nécessaires pour préserver notre activité », souligne Hubert Olivier*, président de la CSRP, qui compte trouver de nouvelles pistes avec les pouvoirs publics pour consolider et pérenniser l’économie du secteur.

Un éternel recommencement

Pourtant, cette profession pensait voir le bout du tunnel à la fin de l’année 2021, à l’issue du vote définitif du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022 et plus encore au début de l’année 2022.

Trois mesures de soutien, étalées dans le temps, ont été décidées par le gouvernement. La première mesure accordée – à travers deux arrêtés modifiant la marge grossiste – a permis d’injecter 30 M€ sur quatre mois dès fin 2020, puis 30 M€ sur 12 mois en 2021. La deuxième mesure a été portée par la LFSS 2022 concernant un allégement de la contribution sur les ventes en gros. Sa mise en œuvre a permis de réduire le taux de la première tranche, qui est passé de 1,75 % à 1,5 % (gain de 30 M€). La troisième mesure a concrétisé l’engagement du ministère de la Santé et de la Prévention pris lors de l’examen du PLFSS pour 2022 d’instaurer, par un arrêté du 21 mars 2022, un forfait de 63 centimes par boîte qui est venu compléter la rémunération des répartiteurs pour la distribution des produits de la chaîne du froid.

Depuis 2017, la répartition affiche des pertes d’exploitation de plusieurs dizaines de millions d’euros. Pour tenter de juguler à nouveau l’hémorragie, la CSRP réclame une refondation du mécanisme de la contribution sur les ventes en gros ou, au moins, une baisse de son montant ainsi qu’un relèvement de la marge maximale de distribution en gros. Un éternel recommencement.

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* Hubert Olivier n’est plus président de la CSRP depuis le 2 novembre 2022.

CONTRIBUTEUR

HUBERT OLIVIER*

(CSRP)

L’analyse

Mobilisée aux côtés des pouvoirs publics tout au long de la crise sanitaire, la répartition affiche des résultats qui ont performé en 2021 (croissance globale du chiffre d’affaires du secteur de 7,13 %). Sur le podium, Alliance Healthcare Répartition (n° 3) progresse le mieux en parts de marché (+ 0,32 point). L’OCP, leader de la répartition en France, abandonne 0,41 point, tandis que la Cerp Rouen (n° 2) est toujours en progression régulière d’acquisition de parts de marché (+ 0,29 point). Ce classement n’aura plus la même physionomie en 2023, puisque Phoenix Pharma (- 0,15 point) a été autorisé, fin septembre, par l’Autorité de la concurrence, à racheter les activités européennes du groupe McKesson auquel appartient OCP Répartition.