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En support des patients, bien au-delà des entretiens
En juin dernier, l’Association francophone des soins oncologiques de support (Afsos) a publié un référentiel sur l’« Accompagnement du patient atteint de cancer par l’équipe officinale ». Le premier du genre, qui veut inviter la pharmacie à monter en compétence dans le domaine du cancer. Explications.
Le traitement du cancer n’est plus l’apanage de l’hôpital. La multiplication des traitements oraux, le développement des soins ambulatoires et la chronicisation de la maladie ont progressivement conduit l’officine à être l’un des piliers du parcours de soins des patients atteints de cancer qui, de plus en plus, ont besoin de relais en ville. Mais la compétence des équipes n’est pas toujours suffisante ou adaptée pour répondre à leurs besoins. Le référentiel sur l’« Accompagnement du patient atteint de cancer par l’équipe officinale » de l’Association francophone des soins oncologiques de support (Afsos), développé avec la Société francophone des sciences pharmaceutiques officinales (SFSPO), évoque les 13 points autour desquels les pharmaciens peuvent se former, s’organiser et renforcer leur rôle dans le soutien, l’écoute et l’accompagnement des patients. « Les officines doivent monter en compétence sur le sujet et avoir une vision transverse à la fois des spécificités de la maladie et de ses traitements, mais aussi des attentes et des besoins de ces patients », explique Jérôme Sicard, titulaire à Châlons-en-Champagne (Marne) et coordonnateur du groupe de travail à l’origine du référentiel. Idéalement organisée autour d’un pharmacien référent apte à sensibiliser le reste de l’équipe et à être l’interlocuteur des ressources extérieures, l’officine peut trouver là le moyen de renforcer sa participation au parcours de soins interprofessionnel.
Une formation nécessaire
Au cœur de ce texte, la question des compétences occupe une place importante. Pour Hélène Valque, installée à Beaurains (Pas-de-Calais) et membre du groupe de travail du référentiel Afsos, « nous manquons de formation officinale en cancérologie. Les entretiens pharmaceutiques pour les patients sous anticancéreux oraux se démocratisent mais lentement, car ils doivent aller avec un savoir-être et une connaissance suffisante du sujet. Or, les modalités de prise en charge évoluent constamment, notamment concernant les immunothérapies, et nos connaissances périment vite dans ce domaine ». Aussi, ce référentiel préconise la formation d’un pharmacien référent, en charge de former à son tour les autres membres de l’équipe, et de proposer par exemple une répartition des rôles selon la stratégie envisagée par l’officine en oncologie. « Si certaines pharmacies trop petites n’ont pas les capacités à mettre ce référentiel en place, ou si les très grandes n’ont pas la stratégie, beaucoup ont la possibilité d’avoir un pharmacien référent avec une fiche de poste et des compétences bien définies », résume Jérôme Sicard. Une formation en oncologie est nécessaire pour passer en revue l’ensemble des points clés : les fondamentaux concernant l’oncologie, mais également les traitements anticancéreux à l’officine, les stratégies thérapeutiques des principaux cancers, la gestion des effets indésirables et la prise en charge de la détresse psychique
« Aujourd’hui, peu d’entre nous osons proposer des entretiens formalisés dès l’annonce de cancer, alors que nous connaissons bien nos patients et que beaucoup d’entretiens non formalisés se déroulent finalement au comptoir, remarque le pharmacien. Il faut identifier les patients qui pourraient relever d’un entretien plus confidentiel dès la première prescription d’un anticancéreux oral et leur présenter la façon dont nous pouvons les aider ». « Certains refusent d’emblée, mais ils doivent savoir qu’ils peuvent trouver écoute, information et orientation auprès de nous dès qu’ils le souhaitent », insiste Hélène Valque. A l’échelle de l’équipe, le référentiel propose aussi des protocoles spécifiques visant à identifier et à recruter les nouveaux patients en oncologie, ou ceux éligibles aux entretiens pharmaceutiques aux moments appropriés (primoprescription, situation de détresse psychique, etc.). « Les membres de l’équipe doivent s’organiser et échanger, prévient Jérôme Sicard. A défaut, le risque est de passer à côté d’un patient qui adhérerait à notre accompagnement ou, à l’inverse, de proposer à plusieurs reprises un entretien à une personne qui aurait précédemment décliné la proposition, ce qui peut être dommageable pour le relationnel », reconnaît-il. A la suite de ces entretiens, menés dans un cadre confidentiel, le pharmacien doit pouvoir s’appuyer sur le programme personnalisé des soins puis sur le programme personnalisé d’après-cancer pour connaître la stratégie thérapeutique et les soins de support proposés au patient et, dès lors, décliner les modalités de communication avec les soignants et formaliser les échanges avec les personnes impliquées dans la prise en charge.
Identifier les outils, déployer son savoir-faire
Dans le cadre du suivi, le référentiel liste également des outils – disponibles notamment en ligne – utiles au comptoir, ou en amont des entretiens, pour pouvoir aiguiller et encadrer la délivrance des anticancéreux : interactions médicamenteuses, association à la phytothérapie ou aux compléments alimentaires, adaptations posologiques, modification de la forme galénique… Il insiste sur l’importance d’identifier à tout moment les patients ou les aidants en situation de détresse psychique, qu’il faut orienter vers des professionnels compétents. Etre formé à l’éducation thérapeutique du patient est facilitant pour pouvoir déployer à la fois un savoir-être et un savoir-faire dans de telles situations. Enfin, et de façon plus générique, la connaissance des officinaux concernant les ressources accessibles pour l’accompagnement des patients dans leur bassin de vie, rarement exhaustive, doit être étoffée. « Il faut constituer un annuaire pour faciliter la communication entre professionnels et l’orientation des patients ; démarche qui peut intégrer un projet de communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) visant, par exemple, à établir un annuaire des ressources disponibles dans un bassin de vie sur différentes pathologies chroniques », souligne Hélène Valque. Un tel engagement demande du temps, reconnaissent les deux pharmaciens, parce qu’il faut se former puis s’organiser. Il est également primoridal de créer du lien avec les acteurs locaux en allant à leur rencontre, de connaître les services médicaux et les pharmacies à usage intérieur impliqués dans les centres de prise en charge, les autres structures de santé, les créneaux sport santé, les oncopsychologues, les associations de patients…
Les 13 points du référentiel offrent une vision transversale de la prise en charge du patient atteint de cancer. « Cela va dans le sens de notre métier, celui de l’accompagnement du patient, insiste Hélène Valque. Notre métier change, notre place dans l’interprofessionnalité aussi. » Parallèlement à ce travail, une démarche de certification par le Comité français d’accréditation (Cofrac) a aussi été développée via le fonds de dotation TotumLab. Le référentiel Afsos est complémentaire de celui de certification : il en constitue la déclinaison scientifique et décrit les bonnes pratiques et le chemin à suivre pour développer la cancérologie à l’officine. L’objectif affiché étant que toutes les pharmacies qui le souhaitent puissent s’impliquer dans ces démarches.
* Une formation a été mise en place dans le cadre de cette réflexion, comprenant 42 heures autour de ces notions, le développement de l’expertise oncologie à l’officine et une demi-journée en immersion dans un établissement assurant des soins de cancérologie.
Les 13 caractéristiques opérationnelles du référentiel
→ Optimisation de la compétence des équipes tout au long du parcours par un enseignement adapté
→ Mise en place des entretiens pharmaceutiques
→ Identification, coordination et communication au sein du premier recours
→ Repérage de la souffrance psychique
→ Dispensation des thérapies orales, prévention et gestion des interactions et des effets indésirables
→ Education thérapeutique du patient
→ Identification des compétences, communication et égalité d’accès aux soins oncologiques de support
→ Promotion de l’activité physique adaptée
→ Sensibilisation au risque thromboembolique
→ Gestion de la douleur
→ Gestion de la dénutrition
→ Patients complexes, soins palliatifs, hospitalisation et maintien à domicile (HAD, MAD)
→ Mesure de la qualité de service liée à l’accompagnement des patients sous traitement anticancéreux
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