Prescriptions hospitalières, les moteurs de la croissance

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Publié le 11 décembre 2010
Par Francois Pouzaud
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Seul secteur dynamique, les médicaments chers et prescrits par les médecins hospitaliers font du bien aux pharmacies qui les dispensent en ville.

Selon les chiffres de la CNAM, les prescriptions hospitalières (portant essentiellement sur des médicaments chers) représentent environ un quart des dépenses de médicaments délivrés en ville. Elles sont à l’origine des trois quarts de la croissance des médicaments délivrés par les officines et ont augmenté de 7 % entre 2008 et 2009 contre 0,8 % pour les prescriptions des médecins de ville. Leur croissance en valeur représente quelque 386 M€ sur l’année. De son côté, la FSPF annonce des chiffres semblables : + 11,6 % en valeur et + 9,7 % en unités vendues.

Les traitements des infections virales chroniques (hépatite, VIH…) sont le poste de dépenses, toutes catégories confondues, qui augmente le plus en 2009 : + 92 M€ (+ 11,8 % en montant remboursé). La croissance des dépenses est principalement tirée par plusieurs nouveaux médicaments dans la prise en charge de patients en échec thérapeutique : Celsentri, Isentress, Prezista, Intelence.

Les antirhumatismaux spécifiques, utilisés notamment dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, constituent le second poste de croissance en 2009 : + 81 millions d’euros (soit + 19,6 % en montant remboursé). L’évolution des prescriptions s’explique également par l’élargissement des indications de cette classe de médicaments à la maladie de Crohn et au psoriasis.

De plus, la croissance des prescriptions des médecins de ville s’explique principalement par le renouvellement des traitements initiés à l’hôpital (comme les EPO ou les médicaments de la polyarthrite par exemple). Hors renouvellement de ces prescriptions hospitalières, les prescriptions des médecins de ville diminuent de 70 millions d’euros sur 2009.

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« De plus en plus de prescriptions hospitalières sont dispensées en ville, il faut en tenir compte au moment de la fixation des Ondam ville et hôpital », souhaite Philippe Besset en charge des questions économiques à la FSPF. « Les transferts de charges doivent être financés par l’établissement d’un Ondam ville supérieur à l’Ondam hôpital. »

Un élément rémunérateur plus qu’appréciable

Les médicaments issus de la réserve hospitalière (plus de 170 M€ de CA, soit un peu moins de 8 % du CA remboursable) et les prescriptions hospitalières dispensées en ville continuent de monter en puissance, avec un impact significatif sur le chiffre d’affaires et la marge brute réalisée par l’officine sur le médicament remboursable. Ces dernières prennent une part de plus en plus importante du CA des officines (18 %, 450 M €), du fait de l’importance du nombre de molécules sorties.

La prescription hospitalière pèse en ville 5 Md €, soit près de cinq fois moins que la prescription des médecins libéraux (23 Md €). Près de 900 traitements mensuels sont dispensés par officine et par an en 2009.

Les médicaments issus de la réserve hospitalière deviennent un élément rémunérateur appréciable de la marge des pharmaciens, comme le démontre Philippe Besset.

« Si l’on se contentait uniquement de la prescription des médecins libéraux, le réseau officinal aurait un manque à gagner de 340 M€ en 2008 par rapport à 2007 et de 165 M€ en 2009 par rapport à 2008. »

Cependant cette croissance n’a pas suffi à juguler l’impact des mesures des plans médicaments successifs qui pèsent sur l’officine.