KPMG prévoit un statu quo

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Publié le 10 décembre 2011
Par Francois Pouzaud
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Selon une simulation réalisée par KPMG, les honoraires ne modifieront par la valeur des fonds dès lors que la méthode de valorisation utilisée prend l’EBE comme référence. Explications.

Si la marge brute officinale est composée demain d’honoraires et de ventes, la valorisation par la marge brute (3,10 à 3,20 fois) ou par l’EBE (7 fois l’EBE à l’impôt sur le revenu ou 8,58 fois l’EBE à l’impôt sur les sociétés) ne s’en trouvera pas modifiée, affirme Yannick Piljean, expert-comptable chez KPMG. Il ne s’agit pas forcément de l’EBE du cédant, mais d’un EBE après prise en compte d’éléments subjectifs d’optimisation des charges et frais de personnel, entre le confort d’exercice professionnel souhaité par un cédant non endetté et un cessionnaire qui aura la charge future du remboursement des emprunts d’acquisition du fonds officinal. »

Selon KPMG, les honoraires, qui ne doivent pas coûter plus cher au régime général de l’assurance-maladie, vont dans leur progression entraîner une diminution de la rémunération liée à la marge d’un produit. L’hypothèse la plus avancée est celle d’arriver à une rémunération composée de 75 % de marge et de 25 % d’honoraires, à périmètre constant. « Dans cette optique, la suppression du forfait de 0,53 € par boîte est patente, explique Yannick Piljean. En effet, 207 075 boîtes (c’est le nombre de spécialités remboursables vendues à l’année en moyenne par une pharmacie de 2 M€ de CA, correspondant à 52 575 ordonnances délivrées), à raison de 0,53 € par unité vendue, représentent actuellement 22,40 % du total de la rémunération de l’officine. Cela ne laisse plus de place à une rémunération à l’acte, à l’ordonnance. »

Pour KPMG, deux méthodes s’ouvrent au gouvernement. La première, comme par le passé, où des honoraires à la boîte (0,53 € aujourd’hui) sont inclus dans le prix du médicament remboursé et viennent en moins de la marge sur le prix fabricant hors taxes (PFHT). Dès lors, les honoraires sont masqués de la vision du public et inclus dans le prix public du médicament, de même que la marge du grossiste et du pharmacien. Le CA reste donc identique, seulement baissé par des variations négatives des PFHT. Seconde méthode : le prix public du produit baisse du montant de la part des honoraires liés par exemple au nombre d’ordonnances traitées. Dès lors, le CA reste identique, mais ventilé en deux lignes : honoraires et ventes des produits. « Là encore, le CA ne peut être affecté à la baisse que par la diminution du PFHT, souligne Yannick Piljean. Seule une augmentation des volumes permet une augmentation des CA. »

Des évolutions en trompe l’œil

Quelle que soit l’hypothèse retenue, la simulation de KPMG montre que la marge brute ne baisse ni ne monte avec l’introduction des honoraires (voir tableau ci-dessous). Bien évidemment, le taux de marge brute par tranche de MDL, sans changer les PFHT de seuils, se trouve affecté de la montée du niveau d’honoraires. Ainsi, le taux de 26,10 % de la première tranche de MDL passe à 19,58 % si la rémunération est constituée de 25 % d’honoraires (26,10 % x 75 %). Les honoraires n’étant plus dans le prix du médicament, le CA sera donc moindre. « Or, si le nouveau système de rémunération conduit à une baisse de CA de la pharmacie standard, avec une marge en valeur égale, le taux de marge global (toutes activités confondues) va augmenter, analyse Olivier Delétoille, expert-comptable du cabinet ArythmA. Et si les officines se valorisent en fonction de leur rentabilité potentielle et que celle-ci n’est pas touchée par le nouveau système, le prix de négociation des pharmacies exprimé en pourcentage du CA TTC augmentera en valeur relative alors que la valorisation en euros sera la même ».

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« Les corrections optiques deviennent de plus en plus nécessaires pour qui veut rester attaché à la notion de CA, obsolète depuis la sortie des médicaments de la réserve hospitalière, ou la préparation des doses à administrer », fait remarquer Yannick Piljean qui, dans son analyse, ne constate pas de valorisation évoluant significativement à la hausse. « Comme lors de l’arrivée des génériques à partir de 1998, la valorisation des officines en pourcentage du CA TTC pourrait augmenter. En effet, comme nous l’avons déjà écrit, un CA plus bas à forte marge se valorise mieux qu’un CA plus élevé à faible marge. » Et de conclure : « La valeur de l’officine en euros ne change pas pour autant que les volumes et la marge brute ne diminuent pas. »

LA MARGE GLOBALE AVEC OU SANS HONORAIRES