UNE ANNÉE À DEUX VISAGES

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Publié le 8 décembre 2012
Par Francois Pouzaud
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En 2012, l’évolution du marché a été singulière : faible jusqu’à la signature de la convention pharmaceutique, puis extrêmement dynamique grâce à la systématisation de l’accord « tiers payant contre génériques ». Ce qui devrait permettre à la profession d’atteindre ses objectifs de substitution.

En mai 2012, le taux de substitution a atteint son point le plus bas (64,93 %). Le marché des génériques est en régression. Après 6 mois de commercialisation, la part dans le Répertoire des nouveaux génériques en unités n’était que de 47,4 % en 2011 contre 63,4 % en 2007 et, après 18 mois de commercialisation, elle plafonnait à 51,7 % en 2010 contre 78,1 % en 2007 (source Gemme).

Le Répertoire des génériques s’est effondré, victime des transferts de prescriptions hors de son champ dès que les brevets des princeps tombent dans le domaine public. Un exemple illustre ce phénomène, celui de Crestor, spécialité brevetée, dont les ventes flambent : + 22 % depuis décembre 2007 contre + 4,9 % pour l’atorvastatine génériquée depuis le 8 mai dernier, + 0,9 % pour la simvastatine, – 2,8 % pour la pravastatine et – 7,2 % pour la fluvastatine (source GERS).

A périmètre constant, sur la base de la version 2001, le Répertoire pesait 550 millions d’unités cette année-là. En 2011, le Gemme ne recense plus que 300 millions d’unités prescrites. « Les nouvelles chutes de brevet ont compensé chaque année cette érosion, sauf en 2011 », constate Stéphane Joly, responsable des affaires économiques au Gemme.

UNE REMONTÉE DUE AUX PHARMACIENS

En juin, la chute des génériques est stoppée net. Fin juillet, le taux de substitution remonte à 71,25 %. « Le générique a été plus relancé par la convention et l’action volontaire des pharmaciens que par l’accord “tiers payant contre génériques” qui n’est qu’un outil de cette relance, estime Philippe Besset, en charge de l’économie à la FSPF. En septembre, les objectifs sur les 30 molécules ont été atteints et dépassés et le taux de substitution sur l’ensemble du Répertoire est de 82,5 %. » Il est de 82,7 % au 7 novembre. Le chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros en PFHT devrait également être atteint en fin d’année.

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Les génériques représentent maintenant plus de 20 % du CA du médicament remboursable, le Répertoire, 32 %, tandis que la part du princeps chute de 15 % en avril à 12 % en août. En unités, le Répertoire a dépassé les 40 %, le générique flirte avec les 30 % de part de marché pendant que les princeps inscrits au Répertoire descendent à 10 %. « Il y a tout lieu d’espérer que la prime versée au pharmacien au début de l’année 2013 sera supérieure aux prévisions de 3 000 euros par an et par officine en moyenne », ajoute Philippe Besset.

Sur 6 mois, le dispositif « tiers payant contre génériques » a permis d’économiser 225 millions d’euros et, si la tendance se maintient, il rapportera 529 millions en année pleine à l’assurance maladie (source GERS). D’après Pharmastat, les économies réalisées par les génériques en 2011 s’élèvent à 1,437 Md€, portant le total des gains de l’assurance maladie à 9,311 Md€ depuis l’octroi du droit de substitution au pharmacien.

Indissociable de la politique d’achats des génériques, la coopération commerciale a progressé en moyenne à 29 k€ en 2011 contre 19 k€ en 2010, soit une progression de plus de 52 %. Ce montant représente 1,9 % du CA HT. « Ce qui a été perdu en marge régulée a été récupéré en remises génériques et prestations de services ; les pharmaciens n’ont donc pas perdu de marge », observe Philippe Besset. Mais ces dernières renforcent les écarts entre officines sur les évolutions de marge. « Les baisses de marge sur le médicament remboursable frappent de manière uniforme. En revanche, les prestations de services sont surtout captées par les pharmacies importantes et visitées par les laboratoires », remarque-t-il.

MOINS D’HOSTILITÉ DE LA PART DES MÉDECINS

L’accord « tiers payant contre génériques » ne résout pas le fond du problème avec les patients et n’attire pas les médecins dans le dispositif du médicament générique. Les syndicats de pharmaciens et le Gemme appellent à une politique du médicament générique de long terme basée sur la conviction, qui s’appuie sur tous les acteurs, et à la mise en place d’une communication institutionnelle pour pouvoir rétablir un climat de confiance durable autour du générique.

Concernant l’accord tripartite entre pharmaciens, médecins et Assurance maladie, sur les génériques, les négociations ont permis de faire bouger les lignes et une signature devrait intervenir. Selon une enquête de l’institut BVA Healthcare, les médecins ont de plus en plus conscience de leur rôle dans la prescription des génériques puisqu’ils ne sont plus que 43 % (contre 58 % en 2011) à penser que le générique n’est pas uniquement l’affaire des pharmaciens. Enfin, ils sont de moins en moins opposés à l’idée que le générique doit être prescrit au patient en première intention. Quant aux pharmaciens, 81 % estiment qu’une campagne TV sur les génériques les aiderait à mieux substituer, selon un sondage réalisé par Occurrence Healthcare en octobre. De fait, face au silence des pouvoirs publics, le Gemme va lancer en janvier une campagne nationale pour promouvoir le générique auprès du grand public.