Grippe : Pas d’antibiotiques en prévention des surinfections

Les surinfections bactériennes ne se préviennent pas, elles se soignent. Les antibiotiques ne sont utiles que quand l’infection bactérienne est déclarée. Hormis la vaccination contre la grippe pour éviter l’infection virale qui fait le lit des bactéries, point de salut ! C’est la conclusion des experts réunis lors des 15es Rencontres européennes sur la grippe et sa prévention, fin septembre, à l’initiative du Groupe d’étude et d’information sur la grippe.

Pneumonies, otites, sinusites… Comment les germes profitent-ils de la grippe pour se multiplier ? L’infection virale perturbe la réponse immunitaire et provoque une altération de la barrière épithéliale respiratoire, facilitant l’adhésion bactérienne à l’épithélium et le mauvais fonctionnement du système mucociliaire. Une inflammation au niveau bronchique diminue encore la faculté de défense contre les bactéries.

Chez les enfants, la fréquence des otites moyennes aiguës (OMA) en cas de grippe s’accroît notablement : virus et bactéries coexistent chez 60 % des enfants hospitalisés. Et les médecins prescrivent des antibiotiques « à tour de bras » en période d’épidémie grippale. Environ 35 % des adultes grippés en reçoivent dès la première consultation et l’antibiothérapie concerne jusqu’à huit sujets âgés sur dix.

« Le recours aux antibiotiques n’est qu’une habitude consacrée par l’usage », dénonce le Dr Christian Chidiac, infectiologue à l’hôpital de la Croix-Rousse (Lyon). La survenue de surinfections n’est pas contrecarrée par la prise d’antibiotiques puisque, malgré 90 % des patients sous antibiotiques, 25 % ont souffert d’une surinfection bactérienne.

Vacciner aussi contre le pneumocoque. « Il faut donc chercher une action en amont », explique le Dr Pierre Gehanno, chef du service ORL de l’hôpital Bichat, qui recommande la vaccination contre la grippe pour les enfants présentant des OMA récidivantes ainsi que chez les adultes « toujours enrhumés », les fumeurs… La vaccination réduit de 30 à 40 % les OMA chez les enfants pendant la saison grippale et… de 35 % la consommation d’antibiotiques. De même elle diminue de 15 à 65 % selon les études, le risque d’hospitalisation pour pneumonie des personnes âgées.

L’utilisation du vaccin antipneumococcique chez cette population âgée déjà ciblée par celui contre la grippe serait bien plus efficace pour diminuer la mortalité liée aux pneumonies qui survient à 80 % chez les personnes de plus de 60 ans.