Le vaccinomètre de la grippe franchira-t-il la barre des 75 % cet hiver ?

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Publié le 4 octobre 2008
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Pour encourager les patients de plus de 65 ans à se vacciner, le Groupement d’étude et d’information de la grippe (GEIG) a imaginé un outil dans l’air du temps. Le vaccinomètre. Présenté les 24 et 25 septembre dernier, à Strasbourg, pendant les 21es Rencontres du GIEG, il indiquera tout au long de l’hiver le pourcentage de personnes vaccinées.

A partir du 29 octobre, le vaccinomètre, premier outil de mesure de la couverture vaccinale en temps réel chez les plus de 65 ans, sera disponible sur http://www.geig.fr, le site du GEIG. Il sera mis à jour tous les mercredis à partir d’une enquête menée sur 200 personnes de plus de 65 ans interrogées par téléphone. Son but : sensibiliser les professionnels de santé et le grand public à l’évolution de la vaccination chez les plus de 65 ans.

Les 5-14 ans sont les plus touchés

Car même si les chiffres de couverture vaccinale progressent d’année en année dans toutes les tranches d’âge, ils sont encore loin de l’objectif de 75 % de l’Organisation mondiale de la santé pour les classes sensibles (plus de 65 ans et pathologies spécifiques). Chez les Français de plus de 65 ans, on arrive seulement à 69 %. Tous âges confondus, 26 sur 100 se sont vaccinés contre la grippe pendant la saison 2007-2008 contre 24 % l’année précédente.

Une étude présentée lors des 21es Rencontres du GEIG, s’appuyant sur le réseau de généralistes et de pédiatres des GROG (groupes régionaux d’observation de la grippe), s’est focalisée sur les jeunes. Cette étude, avec prélèvements et analyses en laboratoire – ce qui permet d’identifier les « vraies grippes » – a montré une incidence de consultation pour grippe de 2,8 pour 100 habitants en 2007, avec un pic chez les 5-14 ans (7,4 %) suivis par les 0-4 ans (6,7 %). Les plus de 65 ans (les mieux vaccinés) sont les moins touchés et le sont plus tardivement (une semaine après les enfants).

Toutes les souches du vaccin changent

Côté vaccin, le ciblage était plutôt bon. L’épidémie 2007, modérée, a comporté une première vague de type A (semaine 4, fin janvier 2008) et une deuxième vague de type B (semaine 8, fin février). Les prélèvements ont montré des virus A(H1N1) dans 61 % des cas, A(H3N2) dans 2 % et B dans 36 %, correspondant assez bien avec ceux de la composition vaccinale.

Parmi les virus grippaux A(H1N1) isolés l’hiver dernier, 44 % appartenaient à une lignée particulière venant des îles Salomon, porteuse de la mutation H274Y, ce qui induit une perte de sensibilité in vitro à l’oseltamivir (Tamiflu). Ces souches donnaient les mêmes signes cliniques et n’étaient pas plus virulentes que les autres souches de grippe A(H1N1). L’hiver prochain, il faudra surveiller spécifiquement la circulation de ce variant A(H1N1) résistant in vitro à l’oseltamivir (mais sensible au zanamivir). Chez les sujets immunodéprimés en particulier, le vaccin est inefficace et un traitement antiviral est souvent indispensable.

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Cette saison, les spécialistes s’attendent à la circulation de trois souches émergentes différentes de celles ciblées dans le vaccin 2007. Toutes les souches du vaccin changent (deux variants A Brisbane + une souche B/Florida), ce qui ne s’est pas produit depuis 20 ans. Encore un argument pour convaincre les patients réticents.

Sensibiliser les asthmatiques

« Les personnes vaccinées se revaccinent facilement. La cible, ce sont celles qui ne l’ont jamais été », précise Anne Mosnier, coordinatrice nationale des GROG. Dans les groupes à risque (pathologies cardiaques, asthme, bronchopneumopathie chronique obstructive…), on n’atteint que 38 %. Ce taux tombe à 23 % chez les asthmatiques de moins de 65 ans. Raison de plus pour, cet hiver, rappeler systématiquement à tous vos patients asthmatiques encore jamais vaccinés (sans oublier les parents des très jeunes asthmatiques) l’intérêt de le faire. Une enquête faite auprès des patients sur leurs motivations à se vacciner montre que si le fait de recevoir un bon de prise en charge gratuite vient en premier lieu pour 44 % d’entre eux, le conseil du médecin est incitatif pour 32 %… et celui du pharmacien pour 2 % seulement. Au passage, n’oubliez pas de vous faire vacciner pour casser la chaîne de transmission du virus : seuls 24 % des professionnels de santé le sont.