STABILISATION AU FORCEPS

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Publié le 14 décembre 2013
Par Francois Pouzaud
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Les ressources des titulaires évoluent de manière très inégale. Pendant que celles des uns baissent, elles augmentent chez d’autres. Mais, globalement, le pouvoir d’achat des pharmaciens s’est à peu près maintenu… au prix de gros efforts.

Conséquence de la baisse de CA et de la marge, le résultat d’exploitation plonge de 4,05 % à 124 k€ en 2012 (source : FSPF). Pas trop grave. Le résultat net augmente légèrement (+ 1,28 %, à 118 k€ par pharmacie en moyenne, soit 7,6 % du CA). « La politique de désinvestissement du titulaire, en entraînant la baisse des charges financières, a permis de maintenir juste à flot le résultat net », commente Philippe Besset, vice-président de la FSPF.

Pourtant, rien ne laissait préjuger d’une stabilisation. En effet, l’enquête de la Fédération sur la répartition des pharmaciens par tranche de résultat courant avant impôts (RCAI) montre une nouvelle dégradation des ressources des titulaires en 2012. En un an, la valeur médiane du RCAI a perdu 9 k€ pour se situer aujourd’hui autour de 79 k€.

La répartition des pharmaciens par tranche de RCAI est très inégale. Aujourd’hui, près de 22 % des titulaires perçoivent un revenu inférieur à 30 k€ par an, une proportion relativement stable par rapport à l’an dernier (21 %). 34,5 % ont un revenu inférieur au salaire net d’un pharmacien gérant (moins de 50 k€ à l’année), contre 34 % en 2011. En moyenne, toutes officines confondues, les revenus d’un titulaire s’élèvent à 90 k€, contre 93 k€ en 2011. Un chiffre à comparer aux 51 k€ de salaire net d’un pharmacien adjoint au coefficient 800.

35 % des pharmaciens ont souffert d’une baisse de revenus supérieure à 10 % et 25 % d’une baisse comprise entre 0 et 10 %. Les 45 % restants tirent leur épingle du jeu malgré la récession : 17 % ont des revenus qui augmentent entre 0 et 10 %, 9 % entre 10 et 20 %… et un pharmacien sur cinq tout de même connaît une hausse de ses revenus supérieure à 20 %. Il serait intéressant de connaître le profil de ce dernier et le type de pharmacie qu’il exploite pour parvenir à un tel résultat. « Le revenu du pharmacien dépend de la taille de l’officine et de la politique de gestion qui est conduite », répond Philippe Besset.

LES ÉCARTS SE CREUSENT ENTRE PHARMACIENS

Entre ceux qui perdent davantage et ceux qui gagnent plus, les inégalités se creusent et c’est bien cette quadrature du cercle que doivent résoudre les syndicats pour maintenir un maillage solide et homogène des officines sur le territoire. Difficile aussi de faire entendre aux pouvoirs publics que la situation des pharmaciens est arrivée à un stade plus que critique, quand les courbes de la FSPF montrent que le pouvoir d’achat des pharmaciens, n’ayons pas peur de le dire, s’est globalement maintenu sur la période 2010-2012, et ce malgré la crise. « On doit la stabilité du pouvoir d’achat du pharmacien aux accords conventionnels, au travail accompli par les syndicats avec l’Assurance maladie, à la confiance des confrères dans nos mots d’ordre et à leurs efforts dans la substitution générique », rappelle Philippe Besset à ceux qui pourraient douter de l’action des syndicats.

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Quoi qu’il en soit, ce sont bien les disparités dans l’évolution des revenus des pharmaciens qui plaident pour une réforme urgente de la rémunération. Car si les leviers compensatoires ont permis d’amortir les mesures des PLFSS 2012 et 2013, « ce ne sera plus le cas en 2014 ».

Lexique

Résultat courant avant impôts (RCAI)

Le RCAI est la somme du résultat d’exploitation et du résultat financier. Le résultat d’exploitation est égal aux produits d’exploitation moins les charges. Les premiers comprennent essentiellement les ventes de marchandises et de services et les subventions d’exploitation. Les secondes sont essentiellement constituées par les achats de marchandises, de matières premières et de prestations, les salaires, traitements et charges sociales.

Source : INSEE.