UNE BAISSE HISTORIQUE

Réservé aux abonnés
Publié le 14 décembre 2013
Par Francois Pouzaud
Mettre en favori

Après la stabilité enregistrée en 2011, les dépenses de médicaments remboursables en ville baissent pour la première fois de la décennie, en 2012, sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs : baisses tarifaires, renforcement des mesures en faveur des médicaments génériques et diminution des volumes prescrits.

En 2012, les remboursements de médicaments de ville par l’assurance maladie ont enregistré une baisse historique de 0,8 %, représentant 22,66 Md€ contre 22,84 Md€ en 2011 (source : CNAM). Sur le seul champ des médicaments délivrés en officine (hors rétrocession hospitalière), la baisse des dépenses est encore plus marquée (– ,6 %).

Le rapport d’activité 2012 du Comité économique des produits de santé (CEPS) publié en septembre montre également un net repli des ventes, en officine, des médicaments remboursables (– 3,4 % sur le PFHT). Un recul qui s’explique par un moins grand nombre de boîtes vendues (– 1,6 %) et des prix nettement en baisse (baisse de l’indice de 3,38 points selon l’INSEE). A cela s’ajoutent un moindre effet structure (compensation par le report des ventes vers des médicaments plus récents et plus chers) et les effets de l’accord « tiers payant contre génériques ». Les dépenses remboursables de dispositifs médicaux inscrits sur la liste des produits et prestations remboursable (LPPR) font exception avec une croissance de 5,2 % par rapport à 2011.

Cette tendance générale ne semble pas s’inverser en 2013 puisque les dépenses de médicaments remboursés sur les neuf premiers mois de l’année sont en recul de 0,4 %.

Si cela peut réjouir les politiques et les dirigeants de la CNAM, ces chiffres ont de bonnes raisons de peser sur le moral des pharmaciens. En effet, une grande partie des économies de l’assurance maladie a été faite sur le dos des officines, soit directement avec la baisse des prix des médicaments (– 830 M€, contre 479 M€ en 2011), soit indirectement avec le renforcement des mesures en faveur de la substitution générique. A quoi s’est ajoutée une baisse des volumes plus marquée (– 1,3 %) qu’en 2011 (– 0,8 %), due notamment aux déremboursements.

Publicité

GÉNÉRIQUE : UN GRAND MERCI !

La redynamisation de la substitution des génériques par le renforcement du dispositif « tiers payant contre génériques », associé aux autres mesures conventionnelles mises en œuvre (avec les pharmaciens et les médecins, notamment au travers de la rémunération sur objectifs de santé publique), a permis à l’assurance maladie d’économiser près de 1,5 Md€ sur l’année, soit un montant deux fois plus élevé qu’en 2007.

Les exemples emblématiques de plusieurs médicaments phares ayant perdu leur brevet illustrent le potentiel d’économies liées aux médicaments génériques : ainsi, Tahor, statine indiquée dans le traitement de l’hypercholestérolémie et premier médicament remboursé en 2010 et 2011, se situe à la 7e place de ce classement en 2012. 115 M€ d’économies ont été réalisées sur l’année, après sa générication en mai 2012.

Les mesures d’accompagnement des professionnels de santé, déployées par l’Assurance maladie et l’ANSM, ainsi que la mise en place de la rémunération sur objectifs de santé publique, toutes deux destinées à favoriser l’efficience des traitements et un usage approprié des produits de santé, ont contribué également à faire baisser la facture des dépenses.

Toutefois, il y a quelques ratés dans le bilan rendu par l’Assurance maladie. Certains médicaments continuent à alourdir ses comptes alors qu’il existe des solutions tout aussi efficaces et moins chères. Par exemple, l’Assurance maladie s’étonne de la forte prescription, au regard de la moyenne européenne, de certains antidiabétiques récents qui tirent les ventes de cette classe très dynamique en 2012 (+ 5,6 %, soit + 68 M€), et, au sein des hypolipémiants, globalement en baisse (- 7,1 %, – 101,5 M€ du fait des baisses de prix et de la progression du taux de substitution dans cette classe thérapeutique presque intégralement génériquée), de Crestor, médicament non génériqué (+ 9,2 %).

REPÈRES

Le trio de tête des classes les plus remboursées en 2012

Sept classes thérapeutiques distinctes enregistrent des dépenses remboursées supérieures à 1 Md€.

Les antihypertenseurs demeurent la classe la plus importante en montants (2,2 Md€ en 2012), suivis des traitements du cancer (1,7 Md€) et des hypolipémiants (1,3 Md€).