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Une pharmacienne entêtée !
Pharmacienne depuis dix ans, Catherine Butterlin a souvent eu l’occasion de mesurer les difficultés auxquelles doivent faire face les jeunes mamans. Et parce que la faculté les aborde peu, elle a décidé de créer un organisme de formation pour permettre aux équipes officinales de donner un conseil pertinent, notamment en matière d’allaitement.
En 1997, après avoir obtenu son diplôme, Catherine Butterlin décide de quitter Paris pour la Réunion. Elle reviendra finalement très vite vers la capitale où elle fera un peu d’intérim avant de devenir assistante. Lorsque l’officine où elle travaille est rachetée, Catherine s’interroge sur la suite à donner à sa carrière. En 2004, elle décroche un diplôme en homéopathie et, en 2005, intègre un institut de gestion pour obtenir un mastère en management et gestion de la santé. « Cela m’a ouvert l’esprit, révèle Catherine. J’aime beaucoup l’officine mais l’idée de m’installer à mon compte pour développer une activité complémentaire mûrissait. » C’est à Castres, où elle vit dorénavant après avoir rencontré son mari lors d’un stage marketing chez Pierre Fabre, qu’elle commence à s’intéresser à l’allaitement. Il faut dire aussi qu’elle a donné naissance à un bébé.
« J’ai réalisé toutes les difficultés rencontrées par les mères au retour de la maternité, d’autant que le séjour y a été raccourci, passant de quatre à deux jours. Personnellement, j’allaitais mon bébé et j’étais donc sensibilisée au comptoir pour être à leur écoute et répondre à leurs questions : « Mon bébé a perdu du poids, faut-il lui donner des biberons de complément ? », « Avec quel lait sevrer mon bébé ? », « Puis-je manger tout ce que je veux pendant l’allaitement ? », « Comment tirer mon lait et le conserver ? », « Dois-je lui donner un sein ou les deux ? », « Serais-je protégée d’une grossesse si j’allaite ? »… Qui est spécialisé pour pouvoir apporter des réponses ? L’allaitement maternel n’étant pas une pathologie, la formation ne s’y intéresse que marginalement, regrette Catherine Butterlin. Ce thème est plus complexe qu’il n’y paraît. Il se situe au carrefour de trois disciplines : gynécologie, pédiatrie et médecine générale. »
Aider les mamans à mieux vivre l’allaitement
Passionnée par la médecine naturelle sous tous ses aspects, l’assistante de 36 ans commence alors à imaginer une formation qui pourrait aider les mamans à mieux vivre l’allaitement, grâce au conseil des pharmaciens. Catherine Butterlin crée Aconit 5CH, du nom de la plante toxique utilisée pour traiter la fièvre en homéopathie. Objectif : faciliter la mise à jour des connaissances des responsables d’officines et de leurs équipes et leur donner tous les éléments pour un conseil adapté et pertinent. « En matière d’allaitement, il est très important que le pharmacien puisse jouer tout son rôle d’éducateur de santé, estime Catherine Butterlin. Cela passe par une information adaptée sur les qualités nutritionnelles ou anti-infectieuses du lait maternel. Son rôle consiste aussi à encourager les mères allaitantes et à les conseiller sur nombre de problèmes précis pour lesquels on vient d’abord lui demander conseil : abcès, crevasses, sevrage, diversification alimentaire… Le pharmacien doit savoir enfin démonter certains préjugés. Beaucoup trop de femmes n’allaitent pas parce qu’elles craignent que cela fasse mal ou abîme les seins, ou encore parce qu’elles pensent que leur lait n’est pas assez riche. »
Des formations à Castres et dans la région parisienne
Tout en assurant ses remplacements, Catherine Butterlin a travaillé pendant deux ans à la préparation de son projet. Il prendra jour en juillet dernier et, depuis, plusieurs journées de formation ont déjà eu lieu à Castres et en région parisienne. D’autres sont prévues notamment au CFA de Toulouse et même à la Réunion. Elles sont uniques en France.
Les formations s’étalent sur deux jours et se déroulent dans des hôtels ou des centres de réunions. Les frais pratiques sont assurés par les participants et la prestation financée par les organismes de formation continue. Exerçant une profession libérale, la fondatrice d’Aconit 5CH n’a pas eu besoin d’un lourd investissement financier. « Le plus difficile, c’est la prospection et l’aspect administratif. Il faut y consacrer du temps et être très organisée. Le côté pédagogique en revanche est passionnant, les échanges sont très riches et cela m’apporte énormément, notamment pour mon travail en officine. Mon expérience me sert pour les cours et, inversement, ces cours enrichissent le conseil. C’est un aller-retour très positif. »
A l’heure où l’on semble redécouvrir les vertus de l’allaitement maternel et où l’OMS recommande un allaitement exclusif jusqu’à 6 mois, Catherine Butterlin rappelle qu’en France seul un bébé sur deux sort de la maternité nourri par le lait de sa mère. « Notre pays présente la natalité la plus élevée d’Europe. Le pharmacien a donc tout intérêt à s’intéresser à l’allaitement, tant sur le plan de la santé publique que du point de vue du marché. »
Le contenu des cours aborde également les accidents domestiques et les gestes d’urgence. « Un doigt coincé dans une porte peut devenir dramatique si l’on ne sait pas conserver son sang-froid et réagir correctement. L’accompagnement dans le maternage ne s’arrête pas à l’allaitement : l’hygiène la plus fondamentale peut souvent poser problème, tel le bain du nourrisson. »
S’appuyant sur sa formation à l’Institut homéopathique scientifique de Paris, Catherine Butterlin propose aussi un module intitulé « La mère et son nourrisson au naturel » ainsi qu’un stage de 4 jours pour aborder de manière plus large les soins « naturels », en collaboration avec des professeurs de faculté spécialisés en aromathérapie, phytothérapie, nutrithérapie ou encore bromatologie. Si cette entreprise de formation prend de l’ampleur, la pharmacienne devra gérer une double activité très prenante. Car pas question pour elle de délaisser l’officine. « Le contact des patients est essentiel : grâce à lui, je pourrai nourrir mes formations. »
Dans la région castraise, le bouche-à-oreille a donné un écho positif et encourageant aux formations organisées par Catherine Butterlin. Elle sait qu’elle doit être patiente et qu’il ne sera pas facile de concilier le comptoir, la vie de famille et sa nouvelle activité, qu’elle compte d’ailleurs exercer sur tout le territoire en fonction des demandes. Mais Catherine ne regrette en rien cette initiative. « Je peux ainsi concilier mes passions et trouver un équilibre entre éducation et pratique de mon métier de pharmacienne. »
Envie d’essayer ?
Les avantages
– L’accomplissement d’une passion, ici l’éducation.
– Une liberté d’organisation.
– Des contacts avec des confrères de toutes générations.
– En retour, des conseils plus ciblés, plus précis et plus adaptés aux demandes dans la pratique officinale.
Les difficultés
– Devoir se déplacer très fréquemment.
– Apprendre à se vendre.
– Avoir la possibilité de travailler chez soi.
– Le montage des dossiers requiert beaucoup de temps.
Les conseils
– Les pharmaciens qui possèdent une compétence particulière doivent la faire connaître et l’exploiter en officine ou auprès d’organismes spécialisés.
– Apprenez à vous former vous-même !
– Accordez-vous beaucoup de temps pour préparer les cours et lancez-vous seulement si vous les maîtrisez parfaitement.
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