- Accueil ›
- Conseils ›
- Pathologies ›
- L’hirsutisme
L’hirsutisme
Qu’est-ce que c’est ?
L’hirsutisme correspond à un développement excessif de la pilosité chez les femmes dans des zones androgénodépendantes, où les poils ne se développent habituellement que chez les hommes (lèvre supérieure, menton, poitrine, dos…). L’hirsutisme est dû soit à une augmentation de production d’androgènes, soit à une augmentation de la sensibilité du follicule pileux aux androgènes. Sa prévalence est comprise entre 5 % et 15 %, selon les populations et les critères retenus. Il s’agit d’une affection bénigne dans 95 % des cas.
Quelles étiologies ?
• L’hirsutisme idiopathique (20 à 30 % des cas) correspond à une pilosité excessive d’apparition ancienne, sans signe de virilisme ni de troubles des règles, apparu à la puberté en présence d’antécédents familiaux. Les follicules pileux présentent une sensibilité anormale aux androgènes.
• Le syndrome des ovaires polykystiques (70 à 80 % des cas) est responsable de l’apparition d’un hirsutisme associé à un surpoids, une acné et des troubles des règles qui évoluent depuis la puberté sans signe de virilisme. Une échographie montrant des ovaires hyperplasiques permet de confirmer le diagnostic.
• Certaines tumeurs ovariennes ou surrénales peuvent provoquer un hirsutisme intense, d’apparition soudaine et d’évolution rapide.
• L’hirsutisme iatrogène est induit par les androgènes, le minoxidil, les corticoïdes, la ciclosporine, le diazoxide…
• Un bloc surrénal (déficit enzymatique conduisant à une production importante d’androgènes surrénaux) conduit à un hirsutisme associé à des signes de virilisme.
Comment faire le diagnostic ?
Le score de Ferriman et Gallwey analyse l’intensité de l’hirsutisme dans 9 aires cutanées différentes. On parle d’hirsutisme pour un score supérieur à 8 sur 36. Les dosages biologiques, les examens d’imagerie ainsi que l’ancienneté de l’hirsutisme permettent de s’orienter vers une des étiologies précédentes.
Quels sont les traitements oraux ?
• Les estroprogestatifs entraînent une diminution de synthèse des androgènes, sous réserve de choisir un progestatif peu androgénique (désogestrel, lévonorgestrel). Un effet significatif mais modeste est observé après 6 mois de traitement.
• L’acétate de cyprotérone (50 mg dans Androcur, 2 mg dans Diane 35 en association à de l’éthinylestradiol) bloque les récepteurs aux androgènes des follicules pileux. L’effet est visible après 6 à 12 mois de traitement. La spironolactone possède le même effet mais n’a pas d’AMM dans l’hirsutisme.
• Si l’étiologie est tumorale, la chirurgie est le seul traitement requis.
Quelles sont les traitements locaux ?
• Le rasage est une méthode simple et peu coûteuse, mais son efficacité à court terme, ses effets indésirables (coupures, irritations, pseudo-folliculites…) ainsi que sa connotation masculine le rendent difficilement acceptable pour le visage.
• L’épilation arrache les poils, bulbe inclus, ce qui laisse un délai de repousse de 2 à 8 semaines. Les principaux effets indésirables sont la douleur à l’arrachement, les folliculites et le risque d’hyperpigmentation.
• La dépilation dissout les poils par application de crèmes composées de thioglycolate et de mercaptan d’odeur désagréable. Le bulbe des poils reste intact, ce qui provoque une repousse des poils en deux semaines. Ces crèmes peuvent être responsables de dermatites irritatives ou allergiques, de brûlures cornéennes…
• La décoloration s’obtient par application de crèmes ou solutions à base d’eau oxygénée ou d’ammoniaque, lesquelles peuvent provoquer des dermatites irritatives ou allergiques.
• L’application biquotidienne d’éflornithine (Vaniqa) a une bonne efficacité dans la réduction de la pousse des poils. Son effet est visible après 2 mois d’utilisation et réversible à l’arrêt de l’application en 8 semaines. Son coût est élevé (non remboursé) et ses effets indésirables nombreux et fréquents (acné, érythèmes, sensations de brûlure…).
• L’électrolyse et le laser conduisent à la destruction des follicules pileux. Ces méthodes très efficaces sont d’un coût élevé et peuvent générer des repousses de poils paradoxales, des œdèmes, des phlyctènes et des douleurs importantes.
EN PRATIQUE
• Réaliser systématiquement un test de tolérance cutanée avant l’utilisation de crèmes décolorantes ou dépilatoires.
• Le laser et l’électrolyse nécessitent une qualification spécifique du praticien. Ces deux méthodes peuvent nécessiter l’application de quantités importantes de crème anesthésique, dont les effets indésirables doivent être pris en compte. Attention aux effets convulsivants et arythmogènes !
Sources : « Pilosité excessive chez les femmes : différencier hypertrichose et hirsutisme », Prescrire, 2006 ; Berrebi W., Diagnostics et thérapeutique, Estem, 2008 ; « Hirsutismes », http://bit.ly/OeiADh ; « Hirsutisme », D.-G. Rouiller, La Revue médicale suisse, http://bit.ly/OeoxAf
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis
