Où en est la vaccination humaine contre la grippe aviaire H5N1 ?

La grippe A(H5N1) touche les volailles. Les cas humains sont très rares parce que ce virus n’est pas adapté à l’homme. S’il s’adaptait un jour à l’homme, il provoquerait une pandémie. Les producteurs de vaccins essaient donc, dès aujourd’hui, de produire un vaccin humain contre ce virus potentiellement pandémique. Les enjeux boursiers et industriels sont importants, notamment pour Sanofi Pasteur, GSK et Baxter.

Des essais cliniques humains couronnés de succès ont été menés avec de petites quantités de vaccin anti-H5N1. Cependant, la dose vaccinale testée était 3 fois plus importante que la dose contenue dans le vaccin humain saisonnier et une seconde injection était nécessaire. Des recherches prometteuses sont menées sur les adjuvants permettant d’obtenir une immunisation correcte avec des doses vaccinales plus faibles. Si de tels adjuvants existaient et étaient dénués d’effets indésirables, ils pourraient accroître la capacité industrielle de production vaccinale.

Les questions en suspens sont nombreuses. Si la prochaine pandémie humaine est due à un virus H5N1, sera-t-il lointain ou proche du virus aviaire actuel ? Une vaccination contre le H5N1 aviaire actuel apportera-t-il une protection partielle contre un futur H5N1 humain pandémique très différent ? Faut-il stocker des vaccins anti-H5N1, même imparfaits, alors qu’on ignore quel sera le sous-type du prochain virus pandémique ? Peut-on stocker les adjuvants seuls et les ajouter le jour venu au futur vaccin antigrippal pandémique ? Dans l’attente des réponses à ces questions, il faut hélas se contenter de deux certitudes provisoires : il n’existe pas actuellement de vaccin humain contre le H5N1 et, en cas de pandémie, il faudra se débrouiller sans vaccin antigrippal pendant plusieurs trimestres.