Scemblix, dans la leucémie myéloïde chronique

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Publié le 23 septembre 2023
Par Yolande Gauthier
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L’asciminib Scemblix est un nouvel inhibiteur de tyrosine kinase. Ce médicament orphelin peut être prescrit chez certains patients atteints de leucémie myéloïde chronique en troisième ligne ou plus de traitement, après échec des inhibiteurs de tyrosine kinase de première et deuxième générations que sont l’imatinib (Glivec), le dasatinib (Sprycel), le bosutinib (Bosulif) et le nilotinib (Tasigna), ou du ponatinib Iclusig (ITK de troisième génération).

 

Indications

Scemblix est indiqué dans le traitement des patients adultes atteints de leucémie myéloïde chronique chromosome Philadelphe positive (LMC-PC Ph+) en phase chronique, précédemment traités par au moins 2 inhibiteurs de tyrosine kinase.

Mode d’action

L’asciminib est un puissant inhibiteur allostérique non-ATP compétitif de la tyrosine kinase BCR-ABL 1. Il inhibe in fine la croissance et la prolifération cellulaires.

Posologie

La dose recommandée est de 40 mg 2 fois par jour, à prendre à environ 12 heures d’intervalle. Elle peut être réduite à 20 mg 2 fois par jour en cas d’effets indésirables.

Le traitement est poursuivi tant qu’un bénéfice clinique est observé ou jusqu’à l’apparition d’une toxicité inacceptable.

Contre-indication 

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Hypersensibilité à l’un des composants. La présence de lactose contre-indique l’utilisation en cas d’intolérance au galactose, de déficit total en lactase ou de syndrome de malabsorption du glucose et du galactose.

Grossesse et allaitement

Les femmes en âge de procréer sexuellement actives doivent utiliser une contraception efficace pendant le traitement et pendant au moins 3 jours après son arrêt.

Scemblix n’est pas recommandé pendant la grossesse.

Interrompre l’allaitement durant le traitement et pendant au moins 3 jours après son arrêt.

Effets indésirables 

Les effets indésirables les plus fréquents, survenant chez plus de 1 patient sur 5, sont des douleurs musculosquelettiques, des infections des voies respiratoires supérieures, une fatigue, des céphalées, une arthralgie, des douleurs abdominales, de la diarrhée ou des nausées. Une thrombopénie, une augmentation des enzymes pancréatiques ou une dyslipidémie sont également très souvent rapportées.

Interactions médicamenteuses 

La prudence est recommandée en cas d’association avec les médicaments présentant un risque connu de torsades de pointes (clarithromycine, halopéridol, méthadone, etc.), avec les inducteurs puissants du CYP3A4 (rifampicine, carbamazépine, phénobarbital, millepertuis, etc.), avec les substrats du CYP3A4 à index thérapeutique étroit (fentanyl, dihydroergotamine, etc.) ou avec les substrats du CYP2C9 à index thérapeutique étroit (phénytoïne, warfarine, etc.).

Surveillance particulière

Contrôle de la numération formule sanguine toutes les 2 semaines pendant les 3 premiers mois de traitement, puis 1 fois par mois ou si cliniquement indiqué. Surveillance des signes et symptômes de myélosuppression. Une suspension, une réduction ou l’arrêt définitif des doses peut être nécessaire en fonction de la sévérité de la thrombopénie et/ou de la neutropénie.

Evaluation des taux sériques de lipase et d’amylase tous les mois pendant le traitement ou si cela est cliniquement indiqué. Surveillance des signes et symptômes de toxicité pancréatique.

Electrocardiogramme recommandé avant le début du traitement et surveillance pendant le traitement si cela est cliniquement indiqué.

Surveillance régulière de l’hypertension et des facteurs de risque cardiovasculaire.

Recherche d’une éventuelle infection par le virus de l’hépatite B (VHB) avant le début du traitement.

Pour les femmes en âge de procréer, test de grossesse avant le début du traitement.                               

Qu’est-ce que la LMC ? 

Quels sont les signes cliniques ? 

 

Fiche technique

Asciminib en comprimé pelliculé rond et jaune (20 mg) ou violet (40 mg), boîte de 60, 4 695,73 €, remb. SS à 100 %.

– Scemblix 20 mg, AMM : 34009 302 581 0 1.

– Scemblix 40 mg, AMM : 34009 302581 2 5.

Commande directe auprès du laboratoire Novartis au 0 800 002 787

Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

 

Dites-le au patient

– Les comprimés doivent être pris avec un verre d’eau en dehors des repas, sans être cassés, écrasés ni mâchés.

– Eviter la consommation d’aliments pendant au moins 2 heures avant et 1 heure après la prise de Scemblix.

– En cas d’oubli d’une dose datant de moins de 6 heures, prendre la dose oubliée. Si l’oubli date de plus de 6 heures, sauter la prise et attendre la dose suivante.

 

La leucémie myéloïde chronique

Les syndromes myéloprolifératifs chroniques sont caractérisés par une hyperplasie des lignées myéloïdes : granulocytaire, érythrocytaire et mégacaryocytaire avec prédominance de l’une d’elles. Dans la leucémie myéloïde chronique ou LMC, l’hyperplasie prédomine au niveau de la lignée granulocytaire.

Dans plus de 95 % des cas, la LMC est caractérisée par la présence du chromosome Philadelphie, qui résulte d’une translocation réciproque entre deux chromosomes. Cette anomalie chromosomique entraîne la formation d’un gène de fusion qui code pour une protéine à activité tyrosine kinase. Cette protéine est elle-même responsable d’une prolifération accrue de granulocytes immatures dans la moelle osseuse. Si l’étiologie de la LMC est inconnue, l’exposition à des radiations ionisantes serait un facteur de risque. La LMC n’est pas héréditaire. Le nombre de nouveaux cas par an est estimé entre 650 et 1 000. La survie nette standardisée est de 96 % à un an et de 85 % à 5 ans. Stable jusqu’à 60 ans, elle diminue pour les diagnostics tardifs et/ou de sujets plus âgés.

Sans traitement, la LMC débute par une phase chronique (3 à 5 ans), évolue vers une phase d’accélération (6 à 18 mois), puis une phase de transformation en phase blastique (3 à 9 mois), mortelle. La phase chronique peut être asymptomatique ou caractérisée par des symptômes non spécifiques (asthénie, anorexie, perte de poids, anémie, sueurs nocturnes) et par une légère splénomégalie accompagnée par une hyperleucocytose, une myélémie (présence de nombreuses cellules jeunes immatures de la moelle osseuse dans le sang) et une basophilie. La quasi-totalité des LMC est diagnostiquée en phase chronique, l’objectif des traitements étant alors d’empêcher le passage à la phase accélérée puis blastique. Durant la phase d’accélération, les symptômes sont plus fréquents : altération de l’état général, amaigrissement, fièvre, hémorragies. La phase de transformation est marquée par une intensification des signes cliniques avec des douleurs osseuses, des troubles digestifs et des douleurs liées à l’hépatosplénomégalie et aux adénopathies.

 

L’avis de la HAS

– Service médical rendu important

– Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV)

– Population cible estimée entre 1 540 et 2 130 patients

Délivrance

– Liste I

– Médicament soumis à prescription initiale hospitalière semestrielle

– Prescription réservée aux spécialistes en oncologie, en hématologie ou aux médecins compétents en cancérologie

– Médicament à surveillance particulière pendant le traitement