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Nouvelle rémunération et valeur des fonds
L’heure des bilans 2015 approche, avec une première lecture de la réforme de la rémunération. Honoraires et primes génériques vont-ils modifier le mode de valorisation des fonds ? réponses.
Les nouveaux éléments de la rémunération des pharmaciens vont modifier la présentation des bilans 2015. Ainsi va-t-on voir apparaître des lignes correspondant aux honoraires, à la rémunération sur objectif de santé publique (ROSP), plus connue sous le terme de « prime génériques ». Egalement les remises génériques vont être gonflées jusqu’à 40 %… Tout cela va avoir une incidence sur la rentabilité des officines et doit donc être pris en compte dans l’évaluation des fonds de pharmacie.
Pas de doute pour Luc Fialletout, directeur général d’Interfimo : « Avec l’apparition des honoraires de dispensation, la disparition de tout ou partie des prestations de services en “remises génériques”, etc., la valorisation des pharmacies à partir des multiples de l’EBE va devenir incontournable. » Fini la vente au prorata du CA… Comment seront intégrées les différentes composantes de la nouvelle rémunération dans le compte de résultat de 2015 qui va servir à déterminer la valeur des fonds en 2016 ? Pour y répondre, Carole Lejas, expert-comptable (cabinet Exco Valliance FP), conseille d’être vigilant dans l’analyse de la rentabilité d’une officine. « Il sera opportun d’identifier l’ensemble des nouveaux éléments de la nouvelle rémunération afin d’en connaître le volume et d’évaluer leur impact. » A noter également : sans certains groupements (tel Giphar), les prestations commerciales ne sont pas versées sous forme de CA mais sous forme de produits financiers ou de trop-perçu, donc non intégrés dans la marge commerciale. Ceux-ci devront être rajoutés à l’EBE.
IMPACT sur l’EBE
Le traitement comptable de la ROSP peut diverger. « On la trouvera parfois en “Autres produits” ou en “Subvention d’exploitation”, indique Carole Lejas. Cette prime pouvant être analysée comme un complément de marge rattaché aux ventes de génériques, il convient de la comptabiliser en “Autres produits” et de l’intégrer dans le calcul de l’EBE, donc de la prendre en compte dans l’évaluation du fonds. »
De la même façon que la prime générique, la rémunération des entretiens pharmaceutiques (AVK, asthme) sera prise en compte dans l’évaluation du fonds.
IMPACT sur le chiffre d’affaires
Intégrer la part « honoraires » au CA suit une certaine logique, puisqu’elle est directement liée à l’activité de comptoir. « Comptablement, ces honoraires ne sont pas dissociés du chiffre d’affaires. Il est donc directement intégré dans le calcul de marge commerciale de l’officine, et donc directement répercuté dans le calcul de l’EBE de l’officine », précise Carole Lejas.
IMPACT sur la marge
Le nouveau plafond des remises génériques à 40 % se traduit par une augmentation des remises sur les génériques et donc par une augmentation de la marge commerciale. En contrepartie, les contrats de prestations commerciales « génériques » ont sensiblement diminué.
Si ce transfert des prestations commerciales vers des remises officielles se réalise, dans le meilleur des cas à enveloppe globale constante, par contre, il n’est pas neutre dans l’analyse de l’évolution de la marge commerciale. « En effet, les prestations commerciales représentent du chiffre d’affaires réalisé par l’officine et comptabilisé en tant que tel, alors que les remises viennent en minoration des achats », souligne Carole Lejas. Par conséquent, pour avoir une analyse comparable d’un exercice à l’autre, ces prestations devront être traitées dans le calcul du taux de marge comme des remises.
Si, dans l’exemple ci-contre, les prestations commerciales étaient intégrées comme auparavant dans le chiffre d’affaires, le taux de marge aurait été de 31,80 %. Le fait de les considérer comme des remises a permis de gagner 0,40 % sur le taux de marge. Néanmoins, que les prestations commerciales soient analysées comme du CA ou de la remise, la marge ne bouge pas en valeur (560 k€). Donc l’impact est le même sur l’EBE comptable qui s’élève au global au même montant.
IMPACT sur l’évaluation du fonds
« L’introduction des honoraires de dispensation et la prise en compte des rémunérations complémentaires de l’officine sont donc au final sans incidence sur la méthode d’évaluation des fonds en multiple de l’EBE, conclut Bastien Legrand, expert-comptable, du cabinet Flandre Comptabilité Conseil (groupement CGP). Mieux encore, elles contribuent à l’asseoir. Ce n’est pas la réforme de la rémunération qui entraînera une baisse de l’EBE, et donc de la valeur des fonds. Mais le manque de visibilité économique, les baisses de prix et le tarissement des remises génériques qui laissent augurer d’une baisse de la rentabilité l’an prochain. »
Exemple
– Prime ROSP versée en 2015 : 6 000 €
– Rémunération AVK (hypothèse 10 patients) : 400 €
– Rémunération asthme (hypothèse 2 patients) : 80 €
– Impact sur l’EBE : + 6 480 €
Impact sur l’évaluation du fonds de commerce (6 fois l’EBE) : + 38 880 €
Exemple
– Vente de marchandises: 1 739 k€
– Achats de marchandises : – 1 227 k€
– Remises laboratoires : + 22 k€
– Variation de stocks : + 4 k€
– Prestations commerciales : + 22 k€
– Marge commerciale + 560 k€
– Taux de marge commerciale : 32,20 %
Impact de + 0,40 % sur le taux de marge
En partant de l’hypothèse où les prestations commerciales étaient auparavant ajoutées au CA.
Mise en gardeNe pas se fier au bilan 2014
Tous s’attendent à des difficultés d’évaluation des fonds de pharmacie en 2016. Les statistiques aujourd’hui disponibles compilent les transactions de l’année 2014. Or les nouvelles rémunérations ne touchent pleinement les officines qu’à compter du 1er janvier 2015. Il est donc incohérent, selon Carole Lejas, de négocier un fonds de commerce sur la base de statistiques fonction du CA de l’année 2014 qui ne prennent pas en compte les évolutions récentes.
POUR ALLER + LOIN
→ https://www.interfimo.fr/etudes-prix-cession/pharmacies
→ « Evaluation », ouvrage aux éditions Francis Lefebvre.
Le B.A.-ba de la valorisation d’une officine
Longtemps, le calcul du prix de vente d’une officine se basait sur un pourcentage de son chiffre d’affaires.
Il est aujourd’hui clairement admis que l’approche de la valorisation d’un fonds de pharmacie en multiple de l’EBE (excédent brut d’exploitation) est plus pertinente et réaliste. Car l’EBE (CA + subventions d’exploitation – achats – salaires – impôts et taxes) est un réel indicateur de la rentabilité d’une officine.
En moyenne la valeur d’un fonds d’une officine est aujourd’hui égale à 6 fois son EBE.
La nouvelle rémunération est source de modifications dans le bilan.
• Une partie de la marge commerciale est transformée en honoraires de dispensation.
• La prime génériques et le paiement des entretiens pharmaceutiques s’ajoutent au revenu.
• Les prestations commerciales diminuent au profit des remises génériques pouvant aller jusqu’à 40 %.
Il faut donc prendre en compte tous ces nouveaux éléments pour calculer l’EBE et avoir une vision objective de la valeur d’une officine.
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