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Pas de miracle à l’ordre du jour
Les relais de croissance se situent toujours du côté des marchés des dispositifs médicaux et de la parapharmacie. Et ils soutiennent encore, dans une certaine mesure, l’économie de l’officine.
Les ventes des dispositifs médicaux et autres produits inscrits sur la liste des produits et prestations remboursables (LPPR) gardent la forme. Elles augmentent de 5 % avec un chiffre d’affaires annuel avoisinant les 2,5 Md€ à fin juillet 2015.
La croissance de ce secteur semble avoir atteint sa vitesse de croisière : en 2014, la progression était quasiment la même (+ 4,9 %), hissant la part de ce secteur à 7,34 % du CA officinal (versus 7 % en 2013). Dans le même temps, la parapharmacie a connu une hausse plus forte que les années précédentes : les ventes ont progressé de 5 % au cours des 12 derniers mois à près de 3 Md€ et de 5,8 % en cumul fixe depuis janvier 2015 par rapport à la même période de l’année précédente. Sa part dans le CA global, qui était l’an dernier de 8,75 % (et de 8 % en 2013), ne cesse de croître.
En revanche, les efforts des pharmaciens pour hisser le niveau de l’automédication des Français restent vains. Sans réelle volonté politique de développer ce marché, celui-ci reste désespérément plat.
Baisse du taux de marge sur la parapharmacie
La volonté des officinaux de gagner des parts de marché sur les secteurs des dispositifs médicaux et de la parapharmacie ne fait aucun doute. Sur la LPPR, la croissance s’alimente d’elle-même en raison d’une offre des fabricants de plus en plus étoffée chaque année, drainant la prescription médicale.
Sur la parapharmacie, la croissance du CA est plus rapide que celle de la marge. Selon KPMG, elle est de + 5,3 % par rapport à 2013, alors que la marge en valeur n’augmente que de 2,8 %.
Le taux de marge moyen appliqué sur les activités de parapharmacie baisse de façon assez notable (– 1 point en 2 ans). Ainsi, il est passé de 32,1 % en 2012 à 31,1 % en 2014. Ceci atteste de la forte concurrence sur ce marché et des efforts importants réalisés par les titulaires pour maîtriser l’évolution des prix de vente sur cette activité non réglementée. Mais le dynamisme de la parapharmacie, comme celui des produits de la LPPR, porte sur une faible part de CA. Aussi, l’évolution des marges en valeur ne donne pas une grande latitude aux pharmaciens pour investir en confiance dans le développement de leur activité.
Génériques : l’atout maître pour la croissance officinale
Aujourd’hui, ce qui absorbe l’impact de la baisse du CA sur la marge, c’est l’accroissement des seules prestations relatives aux génériques. Dans les moyennes professionnelles de CGP (Conseil Gestion Pharmacie), l’EBE a progressé en moyenne de 2,27 % (+ 5 150 €). Cette évolution est à rapprocher de celle des prestations de services (+ 11 151 €) qui représentent à elles seules 26 % de l’EBE.
Il est un fait que la croissance sera de plus en plus portée par le développement des services, la marge sur le médicament étant appelée à toujours plus diminuer en valeur, à volume constant. L’enquête de la FSPF en apporte la démonstration : en valeur, les prestations de services ont augmenté en moyenne de 13 %, passant de 47 k€ en 2013 à 53 k€ en 2014 par pharmacie.
Jusqu’ici, ces prestations de services étaient principalement liées aux contrats génériques mais l’instauration du nouveau plafond de remises à 40 % y a mis un coup d’arrêt (– 0,3 %) au dernier trimestre 2014
ILS ONT CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO
Pascal Brossard, président de l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA)
Olivier Desplats, expert-comptable du cabinet Flandre Comptabilité Conseil et président du groupement CGP
Pascal Brossard Président de l’AFIPALe médicament doit rester en pharmacie
Depuis fin 2013, le monopole officinal fait l’objet de nombreuses attaques, qu’il s’agisse de l’Autorité de la concurrence, suggérant d’étendre aux grandes surfaces la vente des médicaments sans ordonnance, du rapport Ferrand, qui proposait de supprimer l’adossement obligatoire de la vente en ligne à une pharmacie physique, ou plus récemment de l’amendement déposé par le sénateur Cadic, dans le cadre de l’examen du projet de loi de modernisation de notre système de santé, préconisant d’ouvrir en partie le monopole officinal pour les médicaments de prescription médicale facultative (PMF).
Outre la fréquence de ces initiatives, il est surprenant de voir à quel point les arguments invoqués sont erronés. Diminuer les prix ? En France, ils figurent parmi les plus bas d’Europe : 4,58 € contre 6,16 € pour la moyenne européenne*.
Améliorer l’accessibilité aux soins ? Le maillage des 22 000 officines à travers le territoire offre une couverture suffisante qu’à l’inverse, les grandes surfaces – souvent implantées en périphérie des villes – n’offrent pas. Sans oublier les garanties de sécurité et de traçabilité que présente une distribution en officine. En tant que représentant de l’industrie, mon discours en étonne peut-être certains. A ceux-là je répondrais oui, l’AFIPA souhaite et croit au développement de l’automédication : les individus veulent être davantage impliqués dans leur santé et il en va de la pérennité économique de notre système. Mais, en tant qu’acteur responsable, l’AFIPA sait que cela n’est envisageable qu’au sein d’un circuit de distribution sécurisé : la pharmacie, avec les conseils du pharmacien et de son équipe. D’ailleurs, si l’automédication se développe, des pathologies plus complexes seront intégrées et des médicaments plus techniques seront délivrés, ce qui justifie d’autant plus le monopole officinal, qui n’est pas un monopole commercial mais bien de compétences.
Un médicament, avec ou sans ordonnance, n’est pas un bien de consommation courante. Sa place est et doit rester en pharmacie !
* 3e Observatoire européen sur l’automédication réalisé par Open Health Company pour l’AFIPA – juin 2015.
Olivier Desplats Président du groupement CGPL’effet de taille restera porteur de croissance
L’évolution économique et financière des officines peut laisser perplexe. La lecture des données chiffrées est sujet à interprétation, et chacun y va de son commentaire… Entre discours alarmistes et scénarios du pire. Si les chiffres d’affaires sont en baisse depuis quelques années, force est de constater que les rentabilités n’ont pas baissé et que l’EBE n’a cessé de progresser depuis 2008.
Cependant, nous pouvons effectivement craindre pour les années à venir une contraction des remises des génériqueurs conjuguée à une réduction des marges due aux baisses de prix en cascade, ce qui aura un impact direct sur le niveau futur de l’EBE.
Les seules réponses que les pharmaciens peuvent apporter pour maintenir, voire développer leur activité, sont une redynamisation de l’offre de services et le développement de nouvelles activités. L’effet taille sera bien entendu déterminant et la différence continuera de s’accroître entre les plus petites officines qui n’ont pas les capacités suffisantes pour s’adapter et les plus dynamiques (moyennes et grandes) qui se positionnent sur une offre de conseils et de services.
La pharmacie garde de vrais atouts mais le modèle doit évoluer. Si la détention directe de 5 % du capital des SELARL, qui venait limiter la possibilité d’intégration fiscale en présence de plusieurs associés, est, a priori, une affaire entendue, il paraît souhaitable d’ouvrir rapidement deux chantiers pour permettre à plusieurs associés d’une même SPF-PL de détenir plusieurs officines et à une SEL de détenir 2 ou 3 fonds sur un périmètre restreint défini par l’ARS, afin de favoriser les regroupements et d’optimiser les charges d’exploitation.
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