© Getty Images
83 % des Français veulent confier plus de soins à leur pharmacien
Selon la quatrième édition du Bulletin de santé des Français publiée par NèreS, 83 % des personnes interrogées souhaitent que les pharmaciens puissent prendre en charge davantage de maux du quotidien, en particulier dans les zones sous-dotées en médecins. Cette aspiration populaire s’inscrit dans un climat de défiance croissante : 49 % des Français se déclarent exclus du système de santé, un chiffre en hausse selon NèreS, bien que les données antérieures ne soient pas publiées.
L’enquête menée fin avril auprès d’un échantillon représentatif de 2027 adultes fait apparaître une dégradation nette des délais d’accès. 82 % des personnes attendent plus de trois jours pour obtenir un rendez-vous médical. Dans ce contexte, 26 % des répondants ont eu recours aux urgences pour un problème bénin au cours des 12 derniers mois, faute d’alternative identifiable ou disponible en ville.
Les pharmaciens, vers un rôle élargi
87 % des Français déclarent avoir souffert d’au moins un mal du quotidien en 2024, avec une moyenne de 4,5 pathologies citées par personne. Parmi les plus fréquentes : le rhume, la toux, les douleurs musculaires, les troubles du sommeil et les maux de tête.
Face à ces affections, 57 % des personnes interrogées ont pris un médicament en vente libre, 50 % ont demandé conseil à leur pharmacien, et 46 % ont consulté un médecin. Les chiffres traduisent une modification profonde des pratiques de recours.
La confiance envers l’officine est consolidée et stable dans le temps. 90 % des répondants font confiance à leur pharmacien pour les soins du quotidien, 89 % pour la prévention, et 88 % pour l’orientation vers un autre professionnel de santé. En parallèle, 93 % estiment que la pharmacie reste facile d’accès, tant en termes de proximité que de disponibilité.
Vers une stratégie nationale du recours pharmaceutique
L’organisation professionnelle NèreS, qui regroupe les industriels des produits de santé de premier recours, défend un recentrage sur l’officine. Elle propose de structurer des parcours spécifiques pour les maux du quotidien, fondés sur une meilleure articulation entre médecins et pharmaciens, et sur un élargissement raisonné de l’offre de soins officinale.
L’une des mesures phares consiste à autoriser la délivrance sans ordonnance de nouveaux médicaments, sans pour autant les dérembourser lorsqu’ils sont prescrits par un médecin. Objectif : maintenir la liberté de choix du patient tout en favorisant une prise en charge rapide. 83 % des répondants y sont favorables, contre 64 % qui s’opposent à un déremboursement des médicaments pour des raisons budgétaires.
Selon NèreS, cette approche permettrait à la fois de désengorger les cabinets médicaux, d’alléger la charge sur les urgences hospitalières, et de générer des économies pour l’Assurance maladie.
Fracture sociale et renoncement aux soins
La crise de l’accès aux soins frappe d’abord les plus vulnérables. Selon NèreS, 34 % des Français ont renoncé à se soigner au moins une fois en 2024, un chiffre qui grimpe à 40 % chez les foyers percevant moins de 15 000 euros par an, et à 75 % chez ceux qui se sentent exclus du système de santé.
Les jeunes adultes sont également exposés : 18 % des 18-24 ans ne disposent pas de médecin traitant, limitant de fait tout accès à un suivi médical régulier.
Enfin, 55 % des personnes interrogées estiment vivre dans un désert médical, un ressenti majoritaire dans les zones rurales mais aussi dans les villes moyennes. Ces données confirment que la crise de l’accès n’est pas uniquement territoriale : elle est aussi sociale.
La santé : un enjeu électoral ?
À moins de deux ans de la présidentielle, la santé s’impose comme une priorité politique pour les Français. Selon le Bulletin de santé des Français 2025, 42 % des électeurs placent la santé parmi les thèmes majeurs qui guideront leur vote en 2027, juste derrière le pouvoir d’achat (46 %).
Ce poids croissant s’explique par un sentiment généralisé de décrochage du système : 66 % estiment que les réformes menées pour améliorer l’accès aux soins sont insuffisantes, et 49 % se sentent exclus du système. En miroir, 83 % des Français soutiennent l’idée d’un élargissement des compétences des pharmaciens dans les zones médicalement fragiles, traduisant une attente forte d’initiatives concrètes, visibles et territorialisées.
Les professionnels de santé, et notamment les pharmaciens, pourraient donc se retrouver au cœur des débats de campagne, à condition que les propositions dépassent les discours incantatoires. Dans un paysage où l’accès prévaut sur l’idéologie, l’officine apparaît comme une réponse pragmatique aux fractures du système.
- Pharma espagnole : 9 milliards d’investissements et une réforme en vue
- Réforme de la facture électronique, mode d’emploi
- Mon espace santé : un guide pour maîtriser l’accès et la consultation
- Fraude à la e-CPS : l’alerte discrète mais ferme de l’Agence du numérique en santé
- Pharmacie de Trémuson : une officine bretonne pionnière en RSE et qualité
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis