Quel type de financement complémentaire privilégier ?

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Publié le 10 mars 2018
Par Francois Pouzaud
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Les banques imposent à l’acquéreur de disposer d’un apport personnel minimum de l’ordre de 20 % du prix d’acquisition. Elles ne financent pas la partie « apport » car ce type d’investissement est plus risqué. Heureusement, il existe d’autres modes de financement comme les OCA, les boosters d’apport ou encore les investisseurs en SEL.

L’apport peut être complété ou remplacé par d’autres sources de financement », rassure Jean-Christophe Chanjou, créateur et directeur du site Achat de pharmacie. « D’autres acteurs savent le faire, mais le prix étant le reflet du risque, ils demandent une rémunération plus élevée que celle de la banque. En effet, celle-ci est nantie au premier rang sur le fonds, alors que les créanciers du complément d’apport et le pharmacien sont les derniers servis en cas de vente de l’offi cine. »

Aujourd’hui, il existe plusieurs moyens de financer un complément d’apport, chaque solution ayant ses avantages et ses inconvénients.

1. L’apport personnel

Le modèle classique est l’apport personnel de 20 %, sans aucun financement complémentaire en relais. Ainsi, si le coût global de l’opération d’achat (fonds de commerce et frais d’installation) est de 1,2 M€, financé par la banque à hauteur de 1 M€ et par l’apport personnel à hauteur de 200 000 €, le levier financier sera faible (1 M€/200 k€ = 5) car la somme empruntée est directement liée à l’apport du futur titulaire. Il est donc obligé de mobiliser beaucoup d’apport pour une belle affaire. En revanche, le pharmacien capitalise sur 100 % de l’entreprise.

2. Le recours à un pharmacien investisseur

En faisant appel à la SEL et à un pharmacien investisseur apportant la même mise, le levier financier sera quasiment multiplié par deux par rapport au modèle précédent, ce qui permet à l’acquéreur, sans mobiliser plus d’apport, d’acquérir une officine environ deux fois plus importante. Mais l’investisseur détient 50 % des parts qu’il faudra lui racheter par la suite.

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3. Le booster d’apport

Les boosters d’apport des groupements et des répartiteurs sont très en vogue et remportent un certain succès. En effet, l’acquéreur mobilise peu d’apport grâce à cette levée de fonds obtenue via un organisme de financement partenaire, et pour laquelle le groupement ou le répartiteur peut se porter garant. A la différence près, par rapport à la SEL, qu’il détient ici 100 % des parts ou du fonds. « Par contre, le pharmacien sera dépendant par rapport à ses fournisseurs prêteurs, ce qui peut se traduire par moins de remises sur les achats », avertit Jean-Christophe Chanjou. De même, le pharmacien devra porter une attention particulière aux contreparties exigées par les groupements.

4. Le crédit-vendeur

Le crédit-vendeur est une formule intéressante à plusieurs égards. Elle permet de diminuer la quotité empruntée, donc de donner plus de chances au financement, et en même temps de rassurer la banque. « En consentant un crédit à son acquéreur, le vendeur prend un risque, pour la banque, c’est un gage de qualité et de confiance, démontrant que le risque de reprise est faible, minoré et partagé », explique-t-il. La plupart du temps, ce crédit est rémunéré et accordé par le vendeur, faute de repreneur parce que son affaire ne réalise que 500 k€ de chiffre d’affaires. « L’acquéreur doit bien avoir à l’esprit qu’il achète un outil de travail sur lequel il n’y aura pas de capitalisation, sauf regroupement ou transfert », prévient encore Jean-Christophe Chanjou. Mais le crédit-vendeur peut se rencontrer dans tous types de transactions, quelle que soit l’importance de la pharmacie.

5. Les OCA

Les financements dits « mezzanine » par obligations convertibles en actions (OCA), s’ils font parler d’eux davantage en mal qu’en bien, offrent un levier financier très supérieur aux autres modèles de financement. Réclamant un coût de déploiement qui n’est pas à la portée de l’individu mais d’un groupe, d’une grande complexité sur le plan juridique et faisant appel à des modes de fonctionnement spécifiques nécessitant d’être bien conseillé, les montages des OCA restent un épiphénomène (40 à 50 transactions par an). 