Vente en ligne de médicaments : Edouard Philippe veut lever certaines interdictions

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Vente en ligne de médicaments : Edouard Philippe veut lever certaines interdictions

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Publié le 6 mars 2019
Par Francois Pouzaud
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Invité par l’Autorité de la concurrence dans le cadre de la célébration ce mardi 5 mars de ses dix ans d’existence, le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé à cette institution ses intentions de libéraliser certains secteurs de la santé, et pour la pharmacie d’officine, les ventes de médicaments en ligne. Afin de les faire décoller (elles ne représentent que 1% des ventes totales de médicaments, contre 15 % en Allemagne), il souhaite lever certaines conditions qu’il juge « trop restrictives », établies  par l’arrêté du 28 novembre 2016 relatif aux règles techniques applicables aux sites internet de commerce électronique de médicaments. 

Dans son discours, il a pointé du doigt des restrictions telles que l’interdiction faite aux pharmacies de se regrouper ou la nécessité de stocker les médicaments dans l’officine et non dans un entrepôt séparé. « Qui dit vente en ligne dit plus grande transparence sur les prix. Des prix qui, pour des médicaments courants, varient du simple au triple », a justifié sur le plan économique le Premier ministre.
A quelques semaines de la remise par l’Autorité de la concurrence de son rapport sur la distribution des médicaments aux pouvoirs publics, faut-il voir en filigrane de cette annonce un « non » anticipé du gouvernement aux propositions d’un rapport qui sera certainement dans la lignée du précédent, concernant notamment l’ouverture du monopole que l’Autorité appelle de ses vœux ? 

En attendant, l’annonce n’a pas laissé la profession sans réaction. « C’est clairement une demande du chef du gouvernement à Agnès Buzyn de se pencher sur ce dossier. Bien entendu, nous nous tenons à la disposition du ministre de la Santé pour l’étudier dans un souci de préserver la sécurité des patients », se borne à déclarer à ce stade, Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

La protection de la santé publique est également la ligne de conduite brandie par Alain Delgutte, président du conseil central A de l’Ordre des pharmaciens. « Ne tirons pas sur le pianiste, car on peut avoir une lecture très différente des annonces du Premier ministre, attendons de voir comment elles seront étudiées par le gouvernement, et notamment le ministère de la Santé », tempère-t-il pour le moment.

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Pour Laurent Filoche, président de l’Union des groupements des pharmaciens d’officine (UDGPO), « la possibilité laissée aux groupements de favoriser les ventes en ligne de pharmacies adhérentes est un point positif », déclare-t-il, lui qui mène depuis plusieurs années un combat contre les plateformes de vente en ligne de prestataires extérieurs à la pharmacie.