Les compléments alimentaires articulaires en prennent un coup

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Publié le 6 avril 2019 | modifié le 24 septembre 2025
Par Anne-Hélène Collin
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Entre 2009 et 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a reçu 74 déclarations d’effets indésirables susceptibles d’être liés à des compléments alimentaires à visée articulaire comprenant de la glucosamine ou de la chondroïtine sulfate. Sur les 23 cas qui ont pu être étudiés, 9 sont vraisemblablement imputables et 2 très vraisemblablement imputables à l’un et/ou à l’autre de ces deux ingrédients majoritairement extraits de carapaces de crustacés ou de cartilages de poissons. Soit « environ 1 cas pour 1,8 million de boîtes vendues », veut pondérer le Syndicat national des compléments alimentaires (Synadiet).

Il n’empêche, les effets indésirables relevés par l’Anses ne sont pas anodins : purpura thrombopénique, perturbation de l’INR, hépatites (dont l’une a nécessité une hospitalisation) ou encore troubles digestifs sont les plus fréquents. Un cas d’hyperglycémie a été rapporté chez un diabétique de type 2. Même si elle reconnaît ne pouvoir imputer ces effets indésirables qu’« au complément alimentaire dans sa globalité et non pour un ingrédient », l’Anses n’a pas hésité à publier un avis le 29 mars : la glucosamine et la chondroïtine sulfate sont déconseillées chez les patients diabétiques ou prédiabétiques, les patients asthmatiques, les personnes présentant une allergie alimentaire aux crustacés ou aux insectes et chez les patients sous AVK. Ces compléments alimentaires ne sont pas conseillés non plus chez les patients devant suivre un régime restrictif en sodium, potassium ou calcium en raison de leur teneur significative en ces éléments, chez les femmes enceintes ou allaitantes et chez les enfants, faute de données de sécurité suffisantes. « Ces compléments alimentaires ont toute leur place dans la stratégie de prise en charge de populations pour lesquelles une pathologie n’est pas déclarée mais dont l’inconfort est suffisamment important pour envisager le recours à des anti-inflammatoires aux effets indésirables connus », se défend le Synadiet. Dommage, alors, qu’aucune allégation dans le « maintien d’une articulation normale » n’ait été autorisée par la Commission européenne pour la glucosamine et la chondroïtine sulfate.

Entre prévention et traitement, la place que tendent à prendre les compléments alimentaires est décidément de plus en plus floue. L’expertise de l’Anses vient de démontrer que, même s’ils sont réglementairement moins dosés que les médicaments, les compléments alimentaires à visée articulaire en partagent les précautions d’emploi. §

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