Antiépileptiques pendant la grossesse : vers un renforcement des règles de prescription et de délivrance

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Antiépileptiques pendant la grossesse : vers un renforcement des règles de prescription et de délivrance

Publié le 15 mai 2019
Par Anne-Hélène Collin
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Réduire les risques des antiépileptiques pendant la grossesse (malformations, troubles neuro-développementaux) est une priorité de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) depuis la publication de son rapport. Parmi les pistes explorées : un renforcement des règles de prescription et de délivrance des antiépileptiques.

Interrogé mardi 14 mai par un groupe d’experts de l’ANSM sur ce sujet, l’Ordre des pharmaciens recommande avant tout une harmonisation de la réglementation, les règles étant déjà suffisamment nombreuses et différentes pour les médicaments sous programme de prévention de la grossesses, quelle que soit leur classe thérapeutique (isotrétinoïne, mycophénolate, valproate…), « ce qui peut entrainer une confusion chez les prescripteurs, les pharmaciens et les patients », indique Eric Housieaux du Conseil national de l’ordre des pharmaciens.

« Les actions vont aller de pair avec l’importance du risque », précise-t-il ensuite. Si les mesures proposées pour la délivrance des antiépileptiques à risque potentiel ou à risque non avéré semblent simples (carte patiente, brochure d’information remise par le médecin ou le pharmacien et restriction de la prescription initiale à certains spécialistes dans le premier cas ; règles de délivrance des substances vénéneuses des listes I et II dans le second), c’est une autre paire de manches pour les antiépileptiques à risque avéré. Il faut choisir, dit l’Ordre, entre les règles des rétinoïdes oraux (avec le carnet patiente qui a l’avantage de centraliser et de tracer toutes les informations nécessaires à la délivrance) et les règles édictées pour le valproate, avec accord de soin. Tout en tenant compte des difficultés rencontrées actuellement sur le terrain avec la dispensation du valproate : absence de prescription initiale par un spécialiste (jamais réalisée, faite la première année uniquement, oubliée), absence d’accord de soin (non signé par le prescripteur, non signé par la patiente, non présenté à la pharmacie), prescripteur injoignable, difficulté de savoir si la femme est susceptible d’être enceinte au moment de la pré-ménopause.

Pour éviter la rupture de traitement, l’Ordre propose quelques solutions : apposer une mention sur l’ordonnance précisant que l’accord de soin a bien été signé, intégrer l’accord de soin signé dans le DMP, prévoir la possibilité pour le pharmacien de télécharger et de faire signer un document à la patiente affirmant que l’accord de soin est bien signé.

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Autre action proposée par l’Ordre : renforcer l’information. Auprès des professionnels de santé tout d’abord, par le biais de lettres, de documents d’information et d’un guide de prise en charge, notamment. Auprès du grand public également : presse féminine et familiale, réseaux sociaux, sites à forte audience, porte-paroles influents (médecins, bloggeurs…) sont quelques unes des pistes abordées.