Les stratégies médicamenteuses anti-Covid-19 à l’étude

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Publié le 3 mars 2020
Par Yolande Gauthier
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L e SARS-CoV-2, à l’origine de l’épidémie de Covid-19, gagne du terrain en Europe. L’Italie est touchée de plein fouet et la France fait face à de nouveaux cas. Le gouvernement a mobilisé 70 hôpitaux supplémentaires pour prendre en charge des patients touchés par le coronavirus. Les stocks de masques de type FFP2 vont être augmentés pour assurer la protection des professionnels de santé, et les capacités de diagnostic du virus vont être renforcées.

Aucun traitement spécifique de l’infection n’est pour l’instant disponible. « Certaines études in vivo ou in vitro suggèrent une potentielle activité thérapeutique de composés contre les coronavirus apparentés, mais il n’existe pas actuellement de données disponibles d’études observationnelles ou d’essais randomisés contrôlés chez l’homme pour étayer la recommandation d’une thérapeutique expérimentale chez des patients avec une infection confirmée ou suspectée », indiquent les centers for disease control and prevention américains.

Plusieurs dizaines d’essais cliniques sont en cours ou vont débuter. Nombre d’entre eux concernent des antiviraux développés dans d’autres indications. Le redemsivir, déjà utilisé expérimentalement contre le virus Ebola, a été injecté à quelques patients chinois. Cet inhibiteur de l’ARN polymérase va maintenant être étudié en double aveugle versus placebo. Un essai implique la combinaison d’inhibiteurs de protéase lopinavir-ritonavir (Kaletra), associée ou non à l’umifenovir (Arbidol), un antiviral grippal. L’association Kaletra + ribavirine + interféron bêta-1b fait l’objet d’un autre essai clinique. Parmi les antiviraux testés figure également le darunavir (Prezista), boosté par le cobicistat. D’autres voies sont par ailleurs explorées comme, par exemple, l’hydroxychloroquine, le modulateur immunitaire fingolimod, l’anti-VEGF bevacizumab, la transplantation de microbiote fécal ou même le thalidomide anti-inflammatoire en traitement adjuvant.

La médecine traditionnelle chinoise est aussi mise à contribution. Une équipe associe ainsi au lopinavir ou au ritonavir une nébulisation d’interféron alpha et une injection de Xiyanping, une préparation à base de plantes chinoises à activité antivirale et anti-inflammatoire. La décoction dite de Yinhu Qingwen, composée de douze « médicaments » antiviraux (Polygonum cuspidatum, Schizonepeta, Longspur epimedium, etc.), fait également l’objet d’une étude. Les recherches sur les vaccins se poursuivent mais les essais cliniques prendront au moins 18 mois. D’où l’intérêt de tester des molécules ou composés déjà connus, pour avancer plus vite dans la mise à disposition de traitements contre le coronavirus. §

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